la limite, la guerre totale peut être déclenchée par « accident», il
n'est nullement vrai d'un autre côté qu'il est dans le pouvoir de
de Gaulle ou d'Enver Hoxha de la déclencher. « On ne fait pas cuire
les puddings avec des pets » est un proverbe anglo-albanais que
malheureusement de Gaulle n'a jamais médité.
N'y a-t-il donc dans toute l'affaire de la force de frappe que le
délire de de Gaulle ? Pas exclusivement, bien qu'essentiellement.
Le quelque chose de réel qu'il y a c'est que, avec la restauration rela-
tive de la puissance économique de l'Europe d'un côté, avec l'éloi-
gnement de la menace immédiate de la guerre, d'un autre côté, il
devient plus difficile aux Américains d'assurer leur hégémonie face
à lleurs satellites, Abstraitement, pour les pays européens les plus
importants, avoir ce que les Anglais appellent avec la respectabilité
qui les caractérise « leur part des responsabilités nucléaires », signi.
fie tenter de s'assurer, par la possession d'armes atomiques et devant
le caractère total de la guerre contemporaine et sa dialectique in-
terne, d'un moyen de chantage à l'égard des Etats-Unis, Abstraite-
ment encore, si l'Europe existait, et si le temps lui était donné,
elle aurait la base économique pour se constituer en < troisième
force » entre les deux grands. Mais abstraitement seulement, Car
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lorsqu'on parle d'Europe actuellement, on escamote les mille oppo-
sitions pratiquement irréductibles qui opposent chacun des vingt
pays qui la composent aux dix-neuf autres, les conflits, les diver-
gences d'intérêts, les, viscosités, les inerties qui font que dans les
structures sociales actuelles et pour très longtemps encore, aucune
véritable unification, capitaliste s'entend, n'en sera possible. C'est
une plaisanterie de penser à une Europe. de 320 millions d'habitants
et de 350 milliards de dollars de revenu national. Dans la politique
réelle, il y a la France et l'Allemagne et l'Angleterre... et même le
Luxembourg. Et la marge d'indépendance que les bourgeoisies euro-
péennes y compris la bourgeoisie française veulent s'assurer
à l'égard des Américains, elles savent très bien qu'elles ne peuvent
plus se l'assurer sur le plan militaire ; la distance est trop grande,
l'avance prise par les Américains et les Russes trop importante pour
que, même au prix de « sacrifices » énormes, elle puisse être effacée.
Alors la bourgeoisie européenne s'en fait une raison d'autant plus
qu'elle fait de très bonnes affaires, que les Américains dépensent
50 milliards de dollars par an pour la défendre des convoitises
d'Ivan tandis qu'elle aligne généreusement une vingtaine de divi-
sions sous-équipées, et que les économies qu'elle fait sur son arme-
ment lui permettent d'investir aussi bien chez elle qu'outre-mer et
lui redonnent par là un poids politique. C'est pourquoi ni Fanfani,
ni Adenauer, ni même MacMillan n'ont aucune envie d'entrer dans
le jeu de de Gaulle, et c'est pourquoi même la bourgeoisie française,
qui accepte aujourd'hui de payer à son grand homme son joujou
coûteux et dérisoire. (d'autant plus qu'il n'est pas coûteux pour tout
le monde), s'empressera de le reléguer dans une vieille armoire lors-
que celui-ci entrera au Panthéon.
POUR UNE AMELIORATION DE LA RACE HUMAINE
« Témoignant devant le Comité des Appropriations Budgétaires de
la Chambre des Représentants, l'Amiral Rickover... a raconté cette
histoire :
« Un jour, un de mes supérieurs m'a demandé de réduire, dans nos