m'explique. Des conseils (comités, soviets, etc.), ne peuvent qu'exister
sporadiquement, à la faveur de batailles de courte durée. C'est seule-
ment en période révolutionnaire qu'ils surgissent pour de bon. Alors
pour les révolutionnaires de toutes tendances, il ne doit plus y avoir
que ces Conseils, expression de la classe en bagarre. C'est au sein
des Conseils que tout doit se régler, y compris les divergences entre
révolutionnaires.
Dans cet édito, encore un peu d'ambiguité concernant théorie et
action. En fait, la théorie ne peut et ne pourra jamais être au mieux
que les enseignements des luttes passées ou actuelles. Elle est utile,
nécessaire même. Mais l'action crée de nouvelles situations, de nou-
veaux problèmes et des réponses y sont données par la lutte et l'acti-
vité créatrice. La théorie se remet à jour ensuite.
D'autre part, pour tous ceux qui ont participé activement à de
grandes ou petites luttes ouvrières, il est évident qu'on n'agit pas,
qu'on ne rédige pas tracts, résolutions, manifestes, qu'on ne discute
pas de décisions, etc..., en pensant à être de bons marxistes, ou de
bons anarchistes, ou de bons « cardanistes », mais on fait ce qu'il
faut, au mieux, en fonction des problèmes sans cesse renouvelés
d'une situation que le rapport des forces modifié sans cesse. Ce qui
ne veut pas dire qu'on peut tout ce qu'on a appris en réfléchissant
sur le passé dans sa poche avec le mouchoir par-dessus. Non, mais
on ne l'utilise que d'une façon vivante, c'est-à-dire que nous nous
servons de ce que nous avons assimilé et qui fait alors corps avec
notre pensée, avec nous-mêmes dans notre activité.
En tout cas, en tant que pionnier du mouvement pré-syndical
estudiantin, pionnier et ex-responsable des syndicats de techniciens,
je ne peux qu’approuver tout ce qui est dit au sujet des nouvelles
couches prolétarisées. Cette question n'est pas nouvelle. Elle est née
avec la « rationalisation » des années 1920-30. Le syndicalisme des
techniciens, ingénieurs compris, est né avec l'apparition des nouvelles
branches d'industrie très modernes : téléphonie, électricité (grosses
entreprises, installées immédiatement au niveau américain c'était
d'ailleurs des firmes américaines ou contrôlées par elles), avec aussi
comme base numérique importante les dessinateurs industriels dont
toutes les branches d'industrie, même les plus vieilles, avaient un
pressant besoin pour se moderniser. Nous avions eu plus de mal,
en 1936, à organiser les couches inférieures, c'est-à-dire les employés
de l'industrie que les deux centrales ouvrières n'avaient pu toucher.
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Mais où est la frontière élastique d'ailleurs entre exécu-
tants et dirigeants ?. La couche intermédiaire, c'est les cadres dits
moyens, mélange de vieux au plus haut de ce qu'ils peuvent espérer
et de jeune, généralement diplômés, qui en sont aux premiers échelons.
Dans une grande foule, on pourrait dire : il y a ceux qui poin-
tent et les autres. Ça correspond à un saut dans les coefficients de
la hiérarchie des salaires... ! !
A propos de l’Opposition Ouvrière, d'Alexandra Kollontaï (S. ou
B., nº 35), un syndicaliste algérien nous écrit :
« J'ai été particulièrement heureux de voir que vous publiez un
texte de Kollontaï : L’Opposition Ouvrière. Actuellement en Algérie
nous pouvons aussi dire, avec Chliapnikov : « Il y a deux pouvoirs,
celui des ouvriers et celui des bureaucrates. Et cela paralyse la
production. La seule issue est dans une décision radicale : le pouvoir