chistes. Les cheminots britanniques savent maintenant que le syndicat
est, contre eux, un rouage de l'Etat chargé de les soumettre sans
récriminations possibles, à l'exploitation bureaucratique.
La déclaration précédente a une résonance vraiment stalinienne.
Aussi, lorsque nous voyons les bureaucrates staliniens soutenir une
grève en Angleterre ou aux Etats-Unis, demandons-leur comment ils
se comportent chez eux...
!
A Berlin, les chemins de fer fonctionnent sous la direction stali-
nienne. Le 21 mai, l'ensemble des cheminots de Berlin-Ouest, affiliés
au syndicat U.G.O., anti-communiste, débrayent. Leur revendication
est le payement des salaires en marks occidentaux, le mark oriental'
ayant à Berlin-Ouest un pouvoir d'achat très diminué. Il est certain
que cette grève a bien choisi son heure, à la veille des négociations
de Paris, au moment où le trafic avec l'Ouest est rétabli. Est-ce suffi-
sant pour la croire déclanchée par les puissances occidentales ? La
suite des événements démontrera le caractère essentiellement auto-
nome de ce mouvement.
En tout cas, pour les staliniens, pas de question : il s'agit d'écraser
cette grève, un des rares sursauts que leur oppression n'a pas séussi
à étouffer dans l'oeuf. Pendant plusieurs jours des batailles sanglantes
se déroulent entre les cheminots et les briseurs de grève, équipes de
choc, policiers staliniens armés jusqu'aux dents. Toutes les armes
sont employées : dénonciation des grévistes comme agents de la
réaction, tracts sur les inconvénients de la grève pour la population
(pas de trains pour la Pentecôte !...), arrêté des autorités soviétiques
instaurant la peine de mort contre les actes de « sabotage »...
L'attitude des Occidentaux est d'abord favorable à la grève. Les
policiers occidentaux, sans intervenir dans la bagarre, protègent les
cheminots en grève. Le général Howley, commandant américain,
déclare : « La cause des grévistes est la plus légitime que j'ai jamais
vue. » Mais rapidement, les Occidentaux s'aperçoivent que ce n'est
pas le seul trafic intérieur à Berlin qui est bloqué : les Russes, par
représailles, bloquent les trains venant de l'Allemagne de l'Ouest.
Revirement des commandants occidentaux qui désavouent maintenont
la grève, sous prétexte qu'une partie des revendications (60 % des
salaires payés en marks “occidentaux) a été acceptée par les Russes.
C'est maintenant le commandant anglais qui accuse les Russes de
prolonger la grève « pour des motifs politiques ».
Désormais et jusqu'au 27 juin, les cheminots sont seuls, et pres-
97
qu'unanimes, dans la lutte. Leurs revendications se sont étendues à
la réintégration des 1.200 cheminots licenciés par les Russes, pour
raisons politiques, et des garanties contre les représailles. Les Occi-.
dentaux et la Municipalité de Berlin-Ouest ont en vain essayé de leur
faire accepter les conditions de la direction des chemins de fer. Le
14 juin, 83 % des cheminots se prononçaient pour la poursuite de la
grève, Il est certain que cette lutte avait peu de chances de réussir;
du reste, sa plate-forme de revendications était presque désespérée :
quelles garanties espérer contre la toute puissance de la police sta-
linienne ? Néanmoins, jusqu'aux derniers jours, les cheminots rés-
t'èrent sourds aux menaces venues des Occidentaux comme des Russes.
Le 26 juin, la Municipalité de Berlin-Ouest menaçait de ne pas payer
les jours de grève. Le 27, la direction de l’U.G.O. qui, le jour du