l'automne 1948, étaient destitués le général Yovanovitch -- un
des chefs les plus importants de l'armée --, les ambassadeurs
yougoslaves à Bucarest, à Téhéran, au Caire, des hauts fonc.
tionnaires des ambassades de Sofia et de Budapest, cinq mi-
nistres de Monténégro et trois ministres de Bosnie et Herzé-
govine, (41) Pendant l'hiver 1948-1949, une vague d'épura-
tions était signalée à Monténégro; le 14 janvier 1949, cinq
membres du gouvernement croate étaient destitués; au mois
de mars, une épuration du gouvernement serbe avait lieu, et
Jacob Loutzati, ministre adjoint de l'industrie et du bois, était
condamné à huit ans de travaux forcés pour « sabotage ». (42)
Au mois de mai 1949, on apprenait un deuxième remaniement
du cabinet croate, avec élimination de deux nouveaux minis
tres. (43) Cette liste n'est évidemment pas limitative. Il va sans
dire qu'aucune explication n'est d'habitude donnée sur les
raisons de ces éliminations.
Mais le plus instructif, ce sont les dépêches triomphales de
l'agence Tanyug sur les repentirs spontanés et spectaculaires
des adversaires du régime. Nous ne pouvons pas résister à la
tentation de donner un spécimen du genre :
« Belgrade, 5 octobre 1949. Par un décret du ministre de
l'Intérieur, 713 anciens détenus que les pouvoirs compétents
avaient envoyés au travail social pour leur activité kominfor-
miste ont été amnistiés, étant donné que par leur travail et
(40) Les membres du Comité Central furent élus au V° Congrès (juillat
1918) avec des votes de 2.318, 2.319, 2.316, 2.314, 2.322 voix sur 2.323
votants !
(A.F.P., n° 199, 7 août 1948, p. 20-21.)
(41) A.F.P., n° 217, 11 décembre 1948, p. 28-29.
(42) A.F.P., n° 235, 16 avril 1949, p. 3.
(43) A.F.P., n° 239, 14 mai 1949, p. 26.
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leur attitude ils ont prouvé que les mesures coërcitives qui
leur ont été appliquées ont été efficaces (!). Toutes les per-
sonnes visées par le décret ont expliqué le désir unanime de
travailler bénévolement à l'autostrade Belgrade-Zagreb jusqu'à
l'achèvement de cet important objectif du plan quinquennal...
Les amnistiés ont fait des discours exprimant leur dévouement
à Tito, au Parti et au peuple et remerciant le parti communiste
qui leur a permis de comprendre, etc., etc. ) (44)
La conversion « spontanée » des opposants politiques est
une vieille méthode des régimes policiers. Quant à l' « effica-
cité » des camps de travail forcé de M. Rankovitch, nous n'en
avions jamais douté.
LA POLITIQUE ETRANGERE
Avant la rupture avec le bloc russe, la politique extérieure
de la bureaucratie yougoslave présente peu de particularités.
Les délégués yougoslaves sont les brillants seconds des délé-
gués russes à l'O.N.U., l'aide accordée par la Yougoslavie aux
partisans staliniens en Grèce est la principale base matérielle
de la résistance de ceux-ci. La seule question particulière qui
se pose pendant cette période est la « Fédération des Slaves du
Sud », projet par lequel les dirigeants titistes essaient d'an-
nexer à leur Etat la Macédoine grecque et la Bulgarie. (45) A