et la quantité du travail.
Sans vouloir donner une « solution » ou même une analyse du
problème de la rémunération du travail productit dans l'économie de
transition, nous pouvons cependant constater que cette société tendra
dès le départ vers une égalisation aussi grande que possible. Car,
tandis que les inconvénients qui résultent d'une inégalité des taux
de rémunération du travail sont importants et clairs (distorsion de
la demande sociale, satisfaction de besoins secondaires par les uns
là où les autres ne peuvent pas encore satisfaire des besoins élémen-
taires, effets psychologiques et politiques qui en résultent), les avan-
tages en sont tous contestables et secondaires.
Ainsi, la justification d'une rémunération plus élevée du travail
qualifié par les « coûts de production » (frais de formation et années
non productives) de ce travail, plus grands, tombe à partir du mo-
ment où c'est la société elle-même qui supporte ces frais. On peut
tout au plus dans ce cas, accepter que le « prix » de ce travail soit
plus grand (correspondant à sa « valeur » ou à son « coût de pro-
duction »), mais non pas que le revenu personnel de ce travailleur
reflète cette différence. L'idée selon laquelle une rémunération plus
élevée est nécessaire pour attirer les individus vers les occupations
plus qualifiées est simplement ridicule : l'attrait de ces activités se
trouve dans la nature de l'activité elle-même, et le problème prin.
cipal, une fois l'oppression sociale supprimée, sera plutôt de pourvoir
aux activités «intérieures ». Deux autres problèmes sont moins sim-
ples: pour obtenir dans une période de pénurie le maximum d'effort
productif de la part des individus, il serait possible que la société
lie la rémunération du travail à la quantité de travail fourni (mesu-
rée par le temps de travail), et peut être même à son intensité
(mesuré par le nombre d'objets ou d'actes produits). Mais l'impor-
tance de ce problème diminue au fur et à mesure que l'industriali-
sation et la production de masse suppriment toute indépendance
technique du travail individuel, en l'intégrant dans l'activité produc-
tive d'un ensemble qui a son rythme propre que le rythme de l'indi-
vidu ne peut utilement dépasser (production en chaîne etc., opposée
au travail par pièces). Dans ce cadre, l'essentiel est que l'ensemble
concret de producteurs détermine son rythme total optimum, et:
non pas que chacun augmente son effort productif d'une manière
incohérente. C'est donc à l'échelle du groupe d'ouvriers formant unité
technicoproductive que le problème peut se poser. Un autre problème
consiste en ce qu'il peut être essentiel d'obtenir à court terme des
déplacements géographiques ou professionnels de la main-d'oeuvre ;
si la persuasion ne suffit pas pour les provoquer, il peut devenir
indispensable d'opérer par des différenciations des taux de salaire.
Mais l'importance de ces différenciations sera minime, comme l'exem-
ple de la société capitaliste le prouve abondamment.
Le problème du développement rapide des richesses sociales se
présente d'un côté comme un problème de l'organisation rationnelle
des forces productivos existantes, d'un autre côté comme l'accroisse-
ment de ces forces productives. L'organisation rationnelle des forces
productives présente elle-même une infinité d'aspects, mais le plus
essentiel en est la gestion ouvrière. C'est par ce que seuls les pro-
ducteurs, dans leur ensemble organique, ont une vue et une cons-
cience complète du problème de la production, y compris son aspect
le plus essentiel qui est l'exécution concrète des actes productifs, que