ce point précis, a été enlevée par les postiers unis et non par les
maquignons de F.O. et de C.F.T.C.
Quant à la partie « offensive », le problème du pouvoir d'achat
y est « résolu » par l'attribution d'une indemnité spéciale aux petits
traitements (indices 100 à 160) dégressive de 36.000 à 1.000 francs
par an (pour les zones sans abattement). Pour la prime de fin
d'année, alors que la somme de 20.000 francs avait été votée par
l'Assemblée, le Comité technique des P.T.T., et promise par deux
ministres successifs, les syndicats F.O. et C.F.T.C. lancent l'ordre
de reprise du travail sur la base de 6.000 francs en 1953, 12.000 francs
en 1954 ! Les journées de grève sont retenues : 3 jours en août,
7 en septembre, et 10 en octobre. L'Administration « promet » la
levée des sanctions, mais le 17 septembre décide d'infliger un blâme
aux 35.000 agents qui n'avaient pas répondu aux réquisitions.
L'ordre de reprise était donné le 21 août à 2 heures par F.O.
et la C.F.T.C.; la F.N.S.A. en était informée à 2 h. 45 conime
promis. A la lecture des journaux on s'aperçoit qu'il y a surtout
eu des promesses : « Dans les P.T.T., on ignore toujours quels seront
le montant et les modalités de versement de la prime de produc-
tivité. » « Le ministre des P.T.T. a de nouveau reçu ce matin des
délégations des syndicats de postiers F.O. et C.F.T.C. Aucun accord
n'est encore signé. Les négociations se poursuivent » (« Le Monde »,
23-24 août). De toute façon, pas plus Mouguès, Stoesel, Leprix,
Gatineau, Grimaldi que Durand, Garnesson, Fleury ne viendront
commenter leur victoire devant les 20.000 postiers rassemblés le
21 août à 10 heures à la Bourse du Travail. Mais dans la région
parisienne où personne n'est dupe, le travail ne reprendra pas. Mal
informée, la province ne suivra pas ; la presse, la radio affirment
que les revendications sont satisfaites et que seule la C.G.T. poursuit
la grève. Beaucoup de militants ne veulent pas croire à la trahison.
Le Comité régional parisien se reconstitua avec des minoritaires
F.O. et C.F.T.C. : la minorité chrétienne se déclara représentative de
la C.F.T.C., un conseil fédéral régulier ne s'étant pas réuni pour
autoriser Durand à signer au nom de la C.F.T.C. les accords avec le
gouvernement. Le dimanche 23 août, 650 délégués des comités de
grève parisiens font le point : Paris tient bon mais la plupart des
grands centres de province ont repris le travail (Bordeaux, Lille,
Lyon, Toulouse). Néanmoins le cap du lundi est franchi, on espère
une convocation de l'Assemblée Nationale. Cette illusion une fois
perdue, les responsables du Comité de grève, la F.P. et la F.N.S.A.,
réunies le 25 août à 14 heures, décident la reprise ; celle-ci est
annoncée et diffusée au meeting monstre de 17 heures.
En d'autres circonstances la C.G.T. aurait pu continuer jusqu'au
bout malgré le reflux inévitable de la base. Si cette fois elle a agi
prudemment, c'est à la fois par suite de la nouvelle politique stali-
nienne, et parce qu'elle pouvait déjà largement capitaliser la trahison
ouverte des réformistes et des chrétiens,
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Pour en terminer avec le comportement des directions syndicales
il faut dire que le comportement de la jeune Fédération Autonome
s'est nettement différencié de celui des centrales bureaucratiques.
Ses syndicats qui s'étaient constitués sur la base du corporatisme
avaient tendance à se situer sur le terrain de l'amicalisme ; mais
déjà, avec le mouvement pour la prime, la F.N.S.A. s'était efforcée