Chine, le conflit armé continuait et paraissait seul capable de décider
de
leur sort.
On aurait pu penser à cette époque que sur la base de ce cloison-
nement, même relatif, une stabilisation des rapports entre les deux blocs
pouvait s'ensuivre et durer. C'est ce qui a apparu superficiellement
arriver
de 1948 à 1950. C'est pourtant dès 1949 que les bases de l'équilibre qui
paraissait péniblement acquis ont été ébranlées par la conquête
stalinienne
de la Chine d'abord, l'explosion de la bombe atomique russe ensuite. Les
deux constituaient une amputation radicale de la puissance américaine; la
première, en ajoutant cinq cent millions d'hommes au bloc russe et en
montrant qu'en cas de guerre, l'ensemble de l'Asie continentale risquait
d'être perdu pour les Etats-Unis. La deuxième, en anéantissant le
monopole
atomique des Etats-Unis, qui s'y étaient jusqu'alors appuyés pour contre-
balancer la supériorité russe en armes « classiques ».
La réponse américaine à la conquête de la Chine a été le pacte dit
de l'Atlantique Nord, signé en avril 1949. Sur le plan formel, celui-ci
n'apportait rien de nouveau : il consacrait l'hégémonie américaine, qui
était
un fait depuis 1942, et définissait une zone « inattaquable » dont on
connais-
sait depuis longtemps les frontières. Le Pacte ne pouvait recevoir un
contenu concret que par le réarmement des pays qui y participaient et
par la définition d'une stratégie cohérente et rationnelle. Si le moindre
doute existait là-dessus au début, il a été dissipé avec l'explosion de
la
bombe atomique russe été 1949. Celle-ci montrait qu'il fallait bien
affronter les Russes le cas échéant sur le plan réel de la guerre totale,
et non pas sur le plan imaginaire de la guerre presse-bouton; les boutons
continuaient à se multiplier, mais on pouvait désormais les presser des
deux côtés du rideau de fer.
Mais une chose était de constater ce fait, et d'en tirer la conclusion de
la nécessité d'un réarmement total, une autre de définir précisément et
concrètement, dans les conditions données de la « coalition » américaine,
une stratégie à la fois réalisable et efficace. Cette tâche était alors
et
reste, comme on le verra, impossible pour le bloc américain. En tout état
de cause, le début d'un réarmement « classique », destiné à compenser la
perte du monopole atomique américain, a été effectivement entrepris dès
le printemps 1950.
Les contradictions et la faiblesse interne de la situation du bloc amé-
ricain ont été démontrées lorsqu'en juin 1950 les Nord-Coréens ont envahi
la Corée du Sud. Encore une fois il était démontré que, tandis que les
Russes pouvaient toujours agir par personnes interposées et utiliser le
potentiel des régions qu'ils contrôlaient, les Américains n'étaient
capables
de mettre sur pied qué des régimes fantoches, s'écroulant à la première
secousse. Les Américains étaient en même temps, sous peine d'un effon-
drement moral complet de leur coalition, obligés d'intervenir par leurs
propres forces et d'accepter la lutte sur le terrain et avec les limites