échelle des armes nouvelles (bombes atomiques, fusées, engins
téléguidés, etc...), suscitant ainsi sans profit décisif des progrès
parallèles de la défense. Dans ce sens, les guerres locales seront
doublement catastrophiques pour les Américains, tant qu'ils
seront incapables de les mener, comme le font les Russes, par
personnes interposées et tant que, faute d'un appui populaire
quelconque, ils seront obligés d'y entrer avec un rapport de
forces qui leur est au départ défavorable.
(8) Les progrès techniques ne font qu'aggraver la chose, ainsi que nous
l'avons déjà noté. Les gros bombardiers modernes russes comme améri-
cains sont dotés d'un viseur électronique, qui, à lui seul, coate ce que
coûtait un chasseur bombardier. Ils n'en demeurent pas moins vulnérables
dans la défense, bien que plus efficaces dans l'attaque. Par contre leur
perte, et partant leur remplacement, représente sur le plan productif une
charge d'autant plus lourde.
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L'impasse à laquelle avait abouti la stratégie américaine était
véritablement tragique. C'est dans ces conditions que fut déci-
dée la fabrication de la bombe H, alors qu'une partie des
savants nucléaires américains s'y opposaient avec toute la fer-
meté gratuite dont ils disposaient. Ils ne purent l'empêcher,
mais ainsi se trouvait ouverte la grande crise des savants amé-
ricains, qui n'est pas près de se clore.
En fait, en agissant ainsi, on ne faisait que reposer le pro-
blème sous un angle nouveau. Et cet angle nouveau semble se
situer à un niveau tel que, plus que jamais, il dépasse les som-
mités pensantes des classes dominantes. Des faits récents le
prouvent déjà partiellement. Le nouveau monopole américain
H dura ce que durent les roses. Bien mieux, les Russes mirent
au point une bombe H transportable par avion avant les Amé-
ricains (la première bombe H américaine était grande comme
un immeuble). En réponse, les efforts de ces derniers devin-
rent frénétiques. Les récentes expériences du Pacifique — d'ai).
leurs pleinement couronnées de succès - en font foi. Par ur
coup tragique du destin, les pêcheurs japonais ont de nou-
veau joué le rôle de cobayes.
Cette évolution éclaire la politique américaine d'un jour
nouveau. Celle-ci reflète les contradictions immenses que ren-
contre de nos jours la détermination d'une stratégie cohérente.
On a parlé récemment, et à nouveau lors des événements d'In-
dochine, du problème de la généralisation de la guerre en
Asie. Ce dilemme ne pose pas uniquement le risque d'une
guerre universelle. Il pose celui, plus grave encore au point
de vue des classes dominantes, de la détermination d'une stra-
tégie cohérente dans laquelle les cercles dirigeants puissent
avoir une confiance suffisante. Ce n'est pas d'aujourd'hui que
dans leur propagande ces messieurs disent que dans une guerre
moderne il ne peut y avoir de vainqueur, Hitler le disait en
1939 (9). En parlant ainsi, ils jouent sur les mots. Au vrai, il
leur suffit pour déclencher le massacre qu'ils aient confiance
dans leur capacité de battre l'adversaire éventuel. Pour cela il
leur faut une stratégie dans laquelle ils aient confiance et qui
leur paraît supérieure à celle supposée de l'adversaire. On peut
être sûr que le camp interventionniste américain, dit clan Rad-