industrie assurent une certaine permanence à cette activité ». (5)
Une preuve de la pression patronale est donnée dans le fait, connu
sculement au cours des grèves, que les salaires déjà très bas, n'ont
pas été relevés lors du rendez-vous d'avril.
Les discussions de salaires engagés depuis de longs mois traî-
naient sans résultat. Les syndicats, pour appuyer leurs négociations,
ne trouvaient à proposer que des formes sporadiques d'action :
grèves tournantes, débrayages limités, pétitions, meetings isolés,
etc.; habituellement, cette petite guerre use la combativité du pro-
létariat. Il devait en être tout autrement à Saint-Nazaire.
Les luttes de Saint-Nazaire.
Aux Chantiers de Penhoët, la mise en oeuvre de nouveaux pro-
cédés de soudure entraînait une diminution de salaire par le jeu du
boni d'environ 10 francs par heure. Le lundi 20 juin, les soudeurs
envahissent le bâtiment de la direction du chantier pour forcer
celle-ci à recevoir une délégation ; le mardi 21, à 10 h. 30, ils
parcourent le chantier, font débrayer tous les ateliers, entraînent
à nouveau tous les ouvriers à la direction; celle-ci refusant de les
recevoir, ils commencent à passer par les fenêtres bureaux, maté-
riel, plans, tables à dessin et à brûler le tout dans la cour de l'usine;
le drapeau rouge est hissé sur les bâtiments. Les dirigeants syndi-
caux, surpris par le déclenchement de cette action, n'en connais-
sent les détails qu'au cours d'une réunion des délégués de l'usine
au début de l'après-midi; au cours d'un meeting qui suit et qui
(5) Journal Officiel, Avis et rapports du Conseil économique, 1955, n°
16,
p. 473.
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groupe 4 à 5.000 ouvriers, ces mêmes dirigeants désapprouvent le
< excès commis » : ils essaient, contre la volonté des ouvriers, d
limiter le conflit à l'usine et d'empêcher son extension à l'ensembl
de la métallurgie nazairienne pour un soutien collectif des soudeur
La seule consigne donnée est l'occupation des chantiers, tout
temporaire d'ailleurs puisqu'ils sont évacués le soir même, aloi
que le Préfet masse des C.R.S. pour « protéger les patrons ». L
mercredi, alors que les délégués discutent en commission paritaire
l'action propre des soudeurs devient l'action de tous pour les sala
res. Les ouvriers de toutes les entreprises métallurgiques de Saint
Nazaire sont en grève et attaquent les C.R.S. qui, eux, occupen
les chantiers; de violentes bagarres se déroulent alors. Dans l'après
midi, sur l'intervention des délégués et du maire socialiste, les C.R.S
sont retirés et leur départ salué par l'« Internationale ». Le jeud:
arguant de cette « victoire », de 5 francs d'augmentation horaire e
de 5 jours fériés payés les syndicats poussent les ouvriers à rentre
pendant que les discussions se poursuivent. Le lundi 27, pou
appuyer ces mêmes discussions, ils entraînent à nouveau les métallo
de Saint-Nazaire dans la tactique habituelle des grèves tournantes
mais, fait significatif de la combativité et de l'unanimité des tra
vailleurs, aucun syndicat ou même les trois ensemble ne peut prer
dre l'initiative de signer avec les patrons sur les bases d'une aug
mentation horaire de 7 à 17 francs, dernières propositions patronale
qui sont rejetées le 28 par un meeting des ouvriers.
Peut-être pour des raisons différentes, patrons et syndicat
avaient-il misé sur les vacances pour que tout « rentre dans l'or