Dans un deuxième temps, le mouvement, comme nous
allons le voir, va alors changer de nature. De sa phase active,
élargissement, manifestations, contrôle de la base, il va pas-
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ser à sa phase passive, sous le signe du mot d'ordre des direc-
tins syndicales :
« N'écoutez que les directives émanant du Comité Na-
tional de Grève », Comité qui, rappelons-le, n'a en aucune
manière été élu, mais désigné par les directions des trois fédé.
rations, et dont aucun membre n'a joué un rôle quelconque
dans le déclenchement du mouvement.
VENDREDI 12 JUILLET, un meeting se tient à la
Crange-aux-Belles. Près de 10.000 employés de banque y
participent. Les dirigeants syndicaux annoncent une Commis-
'sion Nationale de Conciliation pour le 16 juillet (1).
Mais aucune manifestation n'est prévue pour ce jour-là. Les
« responsables » syndicaux veulent discuter dans le calme,
el redoutent la combativité des employés.
Un tract émanant des camarades qui firent partie plus
tard du Comité de lutte du C.N.E.P. est distribué à l'entrée
de la salle. Les dirigeants syndicaux refusent de donner la
parole à la tribune à un de ces camarades: la leçon du jeudi
de la semaine passée, salle Cadet, leur a servi. Ils ont pris
leurs précautions, et la tribune est abondamment garnie par
des militants sûrs. Seuls ont droit à la parole les dirigeants
fédéraux, et un représentant du Syndicat National des Ca-
dres de la Banque, dont, pourtant, les adhérents travaillent.
MARDI 16 JUILLET, la séance de la Commission Na.
tionale de Conciliation est levée après 9 heures de discus-
sion, sur le refus brutal du Ministre des Finances d'accorder
une augmentation des salaires.
MERCREDI 17 JUILLET, à 8 h. 30, meeting à la Gran-
ge-aux-Belles, des employés de la Sécurité Sociale, pendant
un arrêt de travail de deux heures.
A 10 heures, meeting à la Bourse du Travail des em-
ployés de banque. A 17 h. 30, meeting salle des Ingénieurs
Civils, des employés d'Assurances.
JEUDI 18 JUILLET, les Cadres C.F.T.C. et S.N.C.B.
ont rejoint le mouvement pour 48 heures. 80.000 employés
de banque sont en grève. Les Echos s'inquiètent des consé-
quences désastreuses du conflit des banques, et soulignent la
menace qu'il représente pour l'économie française.
VENDREDI 19 JUILLET, la solidarité financière est
organisée dans toutes les corporations pour soutenir la grève
des banques. L'accueil chaleureux rencontré par les grévistes
dans les usines montre la popularité de la grève des banques
et les possibilités d'extension qu'elle renferme.
LUNDI 22 JUILLET, au meeting de la Bourse du Tra.
vail, Charréron, secrétaire fédéral de Force-Ouvrière, demande
aux employés de banque de venir manifester le soir à 17 h. 30
(1) Commission prévue par la loi, lorsque l'accord direct ne se fait
pas entre patrons et employés, et où le gouvernement est représenté.
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