montrant le P.C. dans son objectivité, celles du communiste
en lui renvoyant sa subjectivité au visage. » (T.M. n° 130-31 :
Le Communisme à l'heure de la vérité, p. 144. Je souligne).
Texte remarquable, à nos yeux parce qu'il formule en
clair la théorie du jésuitisme progressiste, ce qui est rare.
A vrai dire son seul défaut, qui nous réjouit, vient de ce
que le jésuitisme politique est un comportement et qu'il ne
souffre pas d'être mis en théorie. Sartre sait ça mieux que
porsonne, il aurait dû l'enseigner à Péju. Résumons donc à
notre manière: 1) le mouvement communiste qui porte la
vérité de l'histoire se confond avec le mouvement des partis
communistes. Entendons celui des partis communistes quels
qi'ils soient, celui de Staline et celui de Khrouchtchev, celui
de Thorez bien sûr, celui de Gomulka et celui de Kadar.
2) Ces partis, partis de la vérité, en tant qu'ils participent
du mouvement communiste total, sont simultanément en
tant qu'on les envisage dans leur singularité, dans le concret
de leur action, les partis de la stupidité. 3) Point de salut
pour l'intellectuel communiste : s'il pense, il trahit, s'il ne
pense point, le voici stupide. Point de statut même, son
existence est « impossible », une hésitation entre la stupi.
dité et la trahison, un néant (pauvre Lefebvre!). 4) C'est
du dehors qu'on peut énoncer la vérité du Parti: son objec-
tivité. Et sa stupidité : sa subjectivité.
Sans doute pourrait-on demander quelle est la différence
entre celui qui est sorti et celui qui n'est pas entré, le per-
sonnage de la trahison et le personnage de la lucidité. Le
premier est-il perdu pour avoir cru un moment, très vul-
gairement, qu'il pouvait en être, ce dernier est-il sauvé pour
avoir su de toute éternité que comprendre ce que c'est qu'en
être, cela est réservé à qui n'en est pas? Peu importe: l'iti.
néraire des âmes a son mystère. Ne nous attardons même pas
sur le caractère de la théorie, sur le jeu subtil qu'elle pro-
pose d'un engagement à distance. L'essentiel c'est sa portée.
Que signifie-t-elle? Ceci: les appareils communistes, quels
qu'ils soient, quoi qu'ils fassent, sont toujours dans la vérité;
dans la vérité, alors même qu'ils se trompent, alors même
qu'ils sont critiquables, 'alors même qu'ils sont haïssables.
Prenez Staline, il a commis des erreurs tragiques, il était hor-
rible sous certains aspects, il était même tout à fait stupide,
mais il était dans la vérité, il incarnait l'Histoire. Prenez
Khrouthchev, il a pu paraître revenir aux principes du léni-
nisme (Temps Modernes n° 124), toutefois, il s'est arrêté
à mi-chemin de la déstalinisation; en ceci il a tort, il s'y est
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mal pris, il s'embarrasse dans la contradiction d'un mouve-
ment mi-bureaucratique, mi-démocratique, d'ailleurs il est
aussi un peu stupide, niais il représente « l'entreprise com-
muniste ». Prenez Gomulka... celui-ci pour le moment est
très satisfaisant. Quant à Kadar, c'est un cas à part.
Caricature? Nullement. Qu'on lise Le Communisme à
l'heure de la vérité de Péju, qu'on lise Sartre, et qu'on inter-
roge les progressistes de ses connaissances. Dépouillée de
son attirail pseudo dialectique, prosaïquement, réalistement,