MARXISME ET THEORIE REVOLUTIONAIRE DEUXIEME PARTIE: SUR UNE IDEOLOGIE "NOUVELLE" La theorie presentee par l a Tendance sera caracterisse cor.ime une ideoloeie au sens strict du mot , c$'d co.~:JJe un E-nne ble de representations exprfoant cGrtains aspects de la real:. t.5 en :r,"-!q•.ii llc:'.nt d I a.utres et debouuhant sur uhe pratique non-rJvolutionnaire . r1.ais avant de passer a l ' F.11e.lys e qui justifiera cette apreciation en meme temps que notre opposition a la Tend~nce , une remarque doit e tre faite : Ln r ompant avec l e m~rxisme , la nouvelle ideoloeie, si elle etait ' coherente, devrait rompre avec le t heme central du marxisme, a savoir que la seule critique virtuellement ~adica' e et par consequent virtuellement revolutionnaire que la societe capitaliste fait d ' elle- ~ene s'effectue dans et par l a lutte des classes; elle devrait chercher cette critique ailleur$ . Or cette rupture n ' est pas actuellement conso.'.!1.!:ee . Certains t extes indiquent tL"l deplace" ent complet de l'axe theor ique a partir de la lutte de classes en direction de la 11 l utte pcur le socialisme"(J§ 8 , 9-IO) ou en direction de h 1.dte "interieure " Pdre la volonte de tr.cinsf oner l a socic~te et 1 1 eci-,ec de c~tte volo~1te t!a se CC>!".Sti. tt.e r et ~ se de:inir" (~-:.1, n ). J,:cis ces i r.di~c-:tic·ns C'J. C' iE'n ne FC,Ji.t :;::;;..s n;;-t1 ~ · cc:lt , :.-:,;· !es P'!r 1. 7 .. fance OU bien , ~~and elles le sor,t , cwir.Je c I est le C'-~ , pE!r -::~firi ticn, de cc.de.ir..~ p::, : nts de la Pl ate-.: ~ ~a lFF, 19; 21 in fine, 23 i n fine , L3) , e~lt.s ,·0:.2 .. ,,.E'!:t £.\'EC des foy •0 -1ls.tio.s qui cont~r . ..: .::~ a placer la lutte des exploites au c.,ntre de fa '.i~d,;ctic 1~,e hisic-1·'ique (i'E. 22) v:.r E:X ;:r,Je . Cette incertitude ou cette cor,fu'.'ion qni 1,0..;11•£:.it d~sc.1:~e r la criti,~,:e r,c f\:Ut c ... pendant pas masquer l' essenU el: le seul i.:pport . \~,-;,c.·0. de la 7,r.+::.,.c(; deyuis sa ccrasti tution, si l ' on compare l'ideolcF.:ie qui prend f cr.ne dans ses tf-xtcs .s.vec l'elf.l,ord~on tbeorique pre- sentee par Cardan dans SB 31 - 33, consiste dans l'.elimim,tion ou la mise en maree des not'.: .• s (et des realites correspgndantes) qui donnent a la lutte des classes son importance et .,a substance . Le conflit entre l 1 absurdite de l'existence dans la societe capitaliste et la · volonte de lui donn6run sens est presente (IT 21 in fine , 23 ~u bas de l a P. 13, 23 in :'~,) CC.:!:5e 11j:out aussi important" que le conflit autour de l a production. La11ncuveautt 11de l ' r.• ~ :-.- ,.c.ticn que preconise la Tendance r epose t out entiere sur ce depl 2.cement de la liene th~:··. ,, ; on ebt done legitime a circonscr ire la critique au contenu de ce deplace~ent et a envif .-~ ce derr,ier co:r_rne 1 1 embryon de la "nouve lle" i'3.6c-lrkie . Le contenu fondamental de cellc-ci, c ' est le crfol ece:.,ent de la realHe elle-rr:~r 2.• D':.;n cote le ca:pitalisme est derealise en t ant -:_ue syster.e spr,tio- fomporel, la cl2.ss~ ~=. i - ,:~~~te est presq~ecomplet ement supprirr.~e comrr.e ~-rcupe social mu par des int6rets propr· s , l ' n~loitation n ' est plus la principale fin du systeme en vue de l aquelle toute les f er. ,2s .."})Grience concrete du travsilleur, et on cor.::ont la rei::ca~i~~ avec l ' al:en~tion en ~en~r~l, de ru~e qu 1 on sera 8llene 'a confondre la nec~ssite pour le t.r~vailleur. c.e p9.rticiJ'9r qum,d :neme a l 'ef::"ec"'.:uati~n des tecnes (necessi te oui rJsul-te in11eaiate;:;ent de la ccntrainte qu 'il subi~ sous quc.ntite de f or.nes, a co::rrneice:- ra:- le salaire) avec un desir P.eneral et diffus de socialisation, de construction de :-epports bu.mains dans l e s activites non- proc~ctives. Entre les arti cles de SB 22 et 23 e~ i~ Fl~te-fome , i l ya continuite dans le vcc~- buiaire, m~is l'accent e ete peu a peu depla~e , les ~e~es nots ne veulent plus dire la.:=~ ctose . Dar.s ~ 22.:.23 la contradiction etait di te fondamentale parce que le travail etai t lu:- =ece pris cor::.ce 1€ ra.port fondan;ental : ~•est sur lui que s ' eff ectue l'operation for~~- .;:iente:i.e d·.:. ce:;;italisme, l'extraction de la p1'.1s- value , la possibilite de l'expansion. !'.a.is deja da...'1.S ~B 31- 33 le sens du terroe 11fonda11en-tal" etait completement <ere : il si:;1rifin.it que le ";:-:>jet" fv?'lcame?'lt al du capitalisI:Je es;; en eeneral la r eification cias !!O::ses en :<:tr.e- ~al d~r-s :oute le~rs activites, cad en fait leur alienation . Orce pro~et n ' 8st pas fondu;.. l!~nta::.; : 1 ali,foation en tant que domination des hommes par leurs oeuvres (prod'.li ts et "i!ls- ~itutio!"_s 11 ) est la fome :::ystifiee que prend le rapport de l'r..omrne e lui-r.,a::ie et aux chcses, =ais s: ~e rappcrt a besoin d'etre mystifie c 'est parce q~e l'~lienation est le complement LE~es~a:~e de l 1 exploi tation et pas seulcment une rnauvaise t&bitutle ou une pernicieuse stn~c- -:t..r e de :.a parsJnr.&lite (q_ui denC:rait a'ou?) . I1 &st bfan ~;~i.dn-t sa '~ur.:,ar vers les probleme:s veri tables de la vi.:: sou.s la socis-te ::•:,fo_'"J1e 11 (?F 23) . Le"probleme "economique" etroit11 est celui du nivr~a.u eo vie , ced du s~laire . La ~tr~se si,;nifie que le pr obleme du salaire n 1 est pas un probl~ne ,.Sr::.table da.11s la sccie-';e !:.O:ierne . De..'1S le w~.::ie S\.-r.S: "I.es r evendications economiq_U(;S {n1 c-r.t :pl1 ..1.s)11 ir:pcrtuce c.:rtrde q_u ' on leur a.ccordait autrefois" (.ff 35) . . - . Qu'est-ce que tout cela veut dire? Que les travailleurs d 1a~ourd'hui ne souffrent plus de la faim? Qu'ils souffrent des conditions de leur travail (voir]~ 36)? ~ais y a-til jarnais eu l:D1 proletariat industriel qui se revol tat pour le pain seulement? La l utte cor.tre les conditions de travail· est contemporaine de la l utte pour les salaires, elles vont de pair, elles apparaissent en m&ie t emps que le proletariat; elles durcront autant que lui, cad que -le capitalisme.Rie~ n'indique que dans la periode actuelle, lee travailleurs se desinteressent des salaires ou s 1en desinteresseront; l~s reven.dications pour· l'au~mcntation des salaires·ou la reduction du tomps de travail restent etroitement combinees avec ceiles··qu'i ·concernent les conditions de travail, parce que les luttes ne. cessent pas deviser l'exploitation, qui n'est pas seulement la reification dans l'atelier. o~ le bureau, mais le rapport entre la productivite et le niveau de vie , Est-ce parce que les travailleurs conservent une representation. traditionnelle et perimee de leur propre condi. tion qu'ils ne se desinterressent pas comme il conviendrait du "probleme economique etroit"? Ha.is d'abord la notion d'une"misere economique" (J:! 36) n'a aucun sens dans le capitalisme: c&r ou bien toute misere est economique puisqu'il est essentiel au systeme de subordonner a l'areent ln satisfaction et l'elevation de tousles besoins;ou bien aucunc ne l'est sinrplement, parce que co n'est jamais seulement le ventre ou la santo qui souffrc, mais le cerveau, le sexe , tous ·1es sens aussibien. Faut-il comprendre que l'elevation du niveau de vie des salaries devrait les soulage~ du souci de satisfaire les besoins elementaires, comme le vivre et le couvert, et l es inciter a se tourner vers des besoin.s superieurs? Mais meme si dans le budjet des travailleurs la part consacree a l'achat de biens de consommation courante diminue , cela ne si:c;nifie pas que co budjet soi t plus facile a equilibrar; l es besoins nouyeaux qui portent sur Ies biens de consonmation durable et l es services ne sont pas plus compressibles que l es besoins elementaircs, c' est le propre d 'un besoin que d I exi~er satisfaction; on ne s ' endette plus chez le bouchcr mais on m:ie du credit a la con- eor-illlation ou a la construction , L'alienation dans la vie non-productive a chanee de contanu (et ce chaneoment de cot,tenu est tres important parce qu ' il.exprime d 'un cOte un elarP.iesement de l 1horizon social, m~me side l ' autre cet elargissement reste qualitativcment ali8nant, par d8fjnition) , mais elle n•a pas disparu et ne peut pas disparai tre parce qulelle est et reste l'opium dont le travailleur a bssoin Dou:i· oublier n;i reifica ti on d,ms le travai 1. Bien plu.o · d.s.ns la me sure ou cette derniere s ' e;t aer1:r avee avec la. "rati onn.c'1lisat.ion" de la prodl cti '1 , l I exi,'!ence d'une compensation s'est faito plus pressante . Il ~st tout a fait vain d'esperer que la "consomm:J.tion" finira par Elt re satureo et qu'alors le probl eme du sens de la vie se pose!'a en clair pour les salaries; encore une fois la vie non- productive ne contient en elle-m~~e nulle contradiction au sens stricte et fort du mot . c 1 est seulement son rapport avec la vie _productive (le trcivdl) qui est contradictoire, et qui le devient davanta.~e a. mesure que l'elevation des bcsoins et de leurssatisfaction, tout alienes qu'ils soient, rend plus sansible et intolerc:ble la reification dans le travail. C' est l'ecarte .. l ement des deux tcrmes ce l'exploitation tels ou' i l s sont vecus en fait. forcat a la fois consentant et revolte dans le trav~il, homme ~ux desirs plus lar~es, m~is n;n mains mutiles dans la vie non-productive, qui empcche le travailleur de neP.;li.~er le "probleme economique" et de ne plus ressem- tir 1 1 exploitation. ?\eis les.rcvendications economiques (auementation de salaire~, reduction du temps de travail) pcuvent , . dit-on, ~tre satisfaites par le systel!ie "sans difficul te majeure 11 (PF 35) ; "le capitalisme ne peut vivre qu' en accordant· des au.,ir,:nr-nte.tio~s de salE:ire" (ibid) . Pn.r consequent les luttes axees sur un pro~rarrunc de ce t)•PG cnt une si~nification strictement reformiste , et pour autar1t que le reformisme est· lui-r.;t;-;ie intii'.:-rre au fondionnement du capitalisme moderne , une si?.;nification simplomcnt 11 i nstitu:i ",::nelle", 2n luttant pour les sal e.ires et la re::iuction du tem1:s de tra\•;,il, les s&la:-ie(s .r;::: ,rcc:t, pit la Tendance , qu' offrir au capitalisme l'occasion de stabiliser sa domination. Ils s'id:ntifient completement aux syndicats, l esq_,..;.els sont11 inte,irres dnns la societe d 1ex::;loitation" (PF 31). Par rapport a cette situation, la Tendance propose deux apr,2·eciaticr.s contrairas: l ' une affi:rme que 11 ~cn a assiste , _ . · on assiste e t on assistera a la nais:::c.nce , la renaissance ou la reprise de forr.ies nouvelles (de lutte) ( ••• ) Les f:rcvr:;s s:.rnva,::_;es on ~letcrre et nux Etats-Unis, - :.s revcndications concerm,nt les conch tions de tri::.vail au sens le plus s;eneral et colles ~ ··_rieees contre la hierarchie , que des ca tJ,:ori.es de travuilleurs mettent en avant: pre~q\te i. O'l.j 01_;,rs contre les syndica ts dR.ns plus ieurs p.ys, doivent ttre les points certai!c.s et · posit~rs de depart dans notre effort de recorstr uc tion d'un m~uve~ent revolutic-r•~- -:-e{_-;.[ ::9) ; l' •:.... tre soutient que 11 les gre·:es sauv ... leS qui se produisirent a l ' e · rj_- le ~.,e,u_,-,·Ale (at.t:x Etats Unis) en I955 ne r:.arqllaient pas le c.ebut d ' une nc-uvelle p~r 01e :'exteLsion des greves sauvages , n ~is la fin d 1 une periode de victoires 11 (RSI5) £t que pl•lS generaler.ient 11 1es greves sauvages a longueur d ' annee" n ' ont eu (ct,,.z. c·- ;;·sler par exemple) "d ' autre resultat qu ' une tyrannie toujours accrue de la c -~r ection" (RS I4) . Qlle croire ? Le rapport de Ria Stone contient en fai t la refuati or-, j~ste ~t~e si les i.rplications qu'elle en tire ne le sont pas , de l ' idee '- .1e les t ~·ava:.lle urs vont p oser d ' une fagon de plus en plus exclusive le probler .. e ce - urs c onditions de travail et par consequent celui de l' eEsence d u c apitalisme en .nt qu~ projet contradictoire de reification. Ria Stone ~~r.tre (1§. I6) q ue les avail" eu.rs " s'">nt parfai t,-ment consciellts" que "les relatio:-is i.o.~aediates de tra- , a il ( •.• ) sont liees a tou.s les autres aspects de la proauc~ion, au produit fir.al , e ux conditions r.e.tionales et interr.ationeles, a-:x buts de la production et a ceux -· a uxq 1els les produi ts sont des tines" . Elle dei:'.ande aue la theorie revolutionneire nquitte l'usine (ou le vol ume I du Capits.l , le r-oya~1:e de !'essence) et· affronte le pr ?blerra de la distribution ou celui des besoins sociaux" (!.bid . ) C'est en effet parce que le point de vue de la theorie s ' est enfer.ne dans le c~- dre de 1 'atelier et dans 1' _ssir.ula tion du c&p.i tslis.:::1e avec l~s "relations i.r:n.edie.- i;es de tr&v ail'1 que l 'idee co.mpletement a rtific ielle d I un de·:elopre,ile':t des luttt. s sauvages axtfas contre les conditions de t:::-evail e. pu $tre el1:bcree . i i.s mcntror c;l!e le travailleur n 'est pas s eul ement l ' honme reifie dens la prcduction, eis U9Si l e consc nteu.r aliene et frustre , :::1ontrer que le ca_pitalis~,e n ' c:st ? ... S Se ... t. .• e •. t 1 a hi.f .. s:r-chie dans l ' atelier, tnais aussi la competition i:r.ter-tru.sts ou i--:tr:::.•-:::: ~s e t fir Lil' que ,1:0 • ...r l a cl.::-~""e diri.:;e<'-~,te ), c 'est remettre la reification a sa place ~ui est dans le tre.,Pil, et r 1lle part ailleurs, et la situer coJ.ili!'.e un asoect d ' une si tu.,tion fc2.:i.a.r ..... 1t2le du s::.larie , 1•ii ~st l ' exploitation . - Les rever1nicc.tioc1s ec-:,no,niques rLe sero:it je ~ais "depa:-rnies" p~::·ce qu 1el2 es PL :-:t 1 n e face c.e la resistance a l' exploitation (l ' eu .re et,mt la lutte cont re l es cc .. - i ti -r1.s -3. e tra·u,.il) et qu 'il n ' existe pas .: e Ct" pitalis.:e de:r.s lequel la resists.ca ~ l ' e:xploitat::.on est devenue inutile . Que de tell es ::.•cve1:dicatior.s pclissent ~t:!'.'e a_tisfaj_tes n I est pas nouveau ; ce qtli 1 1 est , c I est seule,Je,.:.t ~ue c e ref o r .. .is ... e tPi.:.:: ' devenir la politique sociale d'une partie a.e- la c2.Fsse ch:.gear.te . J!..ais le ,02.:.- ::.c;_ue sociale de la classe dirig8ante n' es"t :;,,~ S t0ute s e. poli t i.qt1e , et il est ~ -.. ::: - ant que l a satisfaction des revendicatio!s e~o.~nniques_ se he,xtc c. Y ict~r~ts ·e e l le ou t elle fraction de cette clesse . Il f au~ enfin ajou:er que ? i la lutte c ontr e les conditi ons de tre.vail revet a "',.._ste titre du -ooi:,t de ,. ue c.e le -1• >!':.e ..,..evolutionnaire t:r.e sig;rification tout e.u. ::;e que l e s reYe~dications econon:ic;,~es e n ce qu'elle vise direr. ·,ement la r~ification, elle e. d:o..r.s le fcnct::..o-rr-e:..ent du s:::::- ttc:ne et elle a eu drr.:s ~on developvcment historiq_..le a peu prf'S le 1re.;,e effet ._.ie les revendications econo:niqlleS : elle a cc1.traint la cle.sse ci:!'.'i_s1;.EJ.te a .. :cdi "::..1;:r contir"uellement la "ratior...s.lisetion11 de l :: pror~uction , cad les p1·oc ◄ es de re~:..·:.- cation du travailleur, eJ.le a done ete e l le aussi , bi en que ce soit d ' ime a-.itre 'lc.nie:'e I r,oins officielle , incorp0ree 8. SC!'l f onctionnef.lent e t 8. son continL,el e::- fc rt de stabilisation. La conclus.;.c,n s'i,11pose d ' elle-r.1e!,11e : ploitation n'est paf:l par elle--._•.'.:c revol·, te conti·e l ' e:;:ploi tation, et non c oEtre : c'est qu, d 1 un cote la lutte c orti·e l' c)~- ~~nv,ire pierce c:u ' e~le n'est qu ' .r:e ::. .... ~- s_y..: t 2,-:-,e d «Y:s son t.1.seJJ.ble ; et de 1 • ~ t,.: 1•:; . ,. r -: - q1e cette l1tte , qui est aussi bien resistance a la rationalisation de la J r?•luction que press ion pour elever le niveau de vie , cons ti tue a son nivee.u u..':.e unite indissociable , laquelle ccr:c~spond a l ' experience eociale cou.plete du salerie. En dissociant cette exp~rirnce C:e l'exploitatton, en isolent la reification, puis en la confondant &vec l ' alienation, en "negligeant " le probleme ·economique • •la Tendance neglige sinplement la realite. La realite est toute .differente : en liant plus etroite..uent qu 'autrefois la productivite et la remuneration , ~e capitalisfile moderne a te~dance bu.reaucratique de.wesque aux yeux des travailleu.rs 1tunite organique de la production et de la repartition du produi t ; sa poli tique des se.laires apparaft corn:t.1e un ele,nent de sa politique generale ; attaquer celle-la, c 1 est s'attaquer a celle- ci. Le capitalisme trace ainsi aux exploites le chemin vers une ccmprenension unitaire du systeille ; 11 les contraint a presenter d&s revendications qui ?Ortent a la fois sur les differents aspects de l'exploitation: productivite , temps de tre-vail, duree du travail, niveau de vie , hierarchie , cad a poser indirectement le probleme de la decision economique . III- DEREALISATION DE LA SITUATION HIST~EI..Q.TJE DES CLASSES DIRIGEANTES. En effectuant cette sorte de perfWJivri c~e la c ontra.d le tion "fondam.entale 11 a travers toutes les activites sociales, la ~endance est conduite a derealiser la classe dirigeante . Partant du principe que le seul probleme reellement essentiel pour celleci, c'est que "la production soit pleine d 1 hommes" (SB 33 , 62) , la Tendance croit aller au fond des choses en considerant corrune negligeables les antagoni3~es et les difficultes qui surgissent au sein des classes diri~eantes. ·Les confl its entre ihonopoles, entre Eta ts et monopoles , entre Ztets, les difficult es r-ees de la =igidite des structures iillperialistes dans la periode actuelle , le poids que fai t i:eser sur le cepi taiisme occidental la coj1peti tion avec la bureaucratie de l'Est , las pecificite des probleJ,1es rencontres par le capi- . talisn1e a tendance bure£..icratiq_ue et par la bu_reaucr-atie , tout c et as;iect de la realite p~sse ?Our ini~teressant et superficiel SOt.lS pretexte qu 'il n ' a pas d'incidence o.irecte sur la situation du proletariat des pays modernes , d' une part , et que d ' autre part rien de tout cela n' est insur.;1ontable par le capi talism.e . r.1ais il. est d 'abord evident que cgacun de ces fai ts a une incidence directe ou indirecte sur la situation des travailleurs : licenciements, fer.netures d' entreprises, blocage D10f.1entane des salaires, hausse du coO.t de la vie, sont autant de faQons pour la classe dirigeante de faire payer aux travailleurs les repercussions sur tel ou tel secteur de 1 1 economie de ses propres difficultes. C1 est le r8le d'une organisation revolution.Daire qui entend entrer ou rester en etroit contact avec les travailleurs (a moins q,-ie cette idee naive releve aussi de la nythologie ? ) de leur do~ner les moyens de comprendre ce qui leur arrive . Si on leur dit que -ce sont la des "accidents" necessaires" du systeme , d 1 abord on ne· leur donne aucune explication concrete de l 1accident concret dont ils sont victi.raes et par consequent aucu.n ~~yen de lutter contra lui , en.suite on leur donne une vision fausse de la realite t si tant est que la cause des "accidents"da!ls· la nouvelle ideologie est i :r;lUtable exclusive£frent a la contradiction •;fondamentale" , au fai t c,ue le cc.~porte:-.ent reel des ex~cutHnts ne cor~cide pas avec la prevision qu ' en font lcs dirie;eants (voir SB .33, E.6-6'7) : pour ne prend.re qu ' un r:xc;;.ple p.1..oche de nous, i l est clair que la crise de la societe fra~Qaise lors de la guerre d'Algerie n'avait aucun r& pgrt&v2c la contradict; on "fond2..:·,cntsle r au Jloins en France , cad co.ncerne.nt le proletariat du pays developpe , et que cet 11accident" n ' etai t -:,as le mains du inonde un &ccident, fo~me nec€ssai;t•e quant a son existence i!l.ais qu 'il etait (co.:..1.e la reYue et P.O . l ' expl:i..quaient alors) l'cxpression singuliere de l'inadequation des institutions politiques a la realite econolilique du pays et la tentative , bourree de conflits et de confusion, que la bourgeoisie ,. -7- faisait pour resorber ce problw dans le sens exige par la dynar.tique genera- le du capitalisme modern~ . · l~ais 1 'inf.i f::erence aux evenements sous prete::te qu' ils sont ceux de J ' histoireofffr.inl]e et n 1 interessent qlle J.& cJ.ei;:1··~ dil'i,;e :rnte te1iloigne d 'une erreur plus ~J!',: . • n:;1e . La politique du capi:.a:d<:•.'.fl-=: e1...jo..c:d 1 nui est presentee comme "la lo:c;i~ue exr,lici tee de ses nollveJ.lcs s1,ructur·es et . . • , ~e3 5.:n.'c~1."1-,nanta mi.e r en oeuvre pour assurer sa doIT.ination sur la sr-ciei.i" ( ::s 32,S9) .. L1 hypothese de base de le nouvelle ideologie est que la classe d~r:ge~nts est en possession de ses · pr.,pres st rue tures d ' exploitation et de do:,iim,tion , CiUe la direction de la societe est transparente pour elle-~~ne , a l ' exclusicn bien entendu de son rapp• rt a.vec les executcnts qu I elle ne peut parvenir a dci",liner. Cela signifie que la seule objectivite que subisse le dirigeant consiste dans l'opacite que lui oppose l ' executant , et inverseraent , et que si l'histoire qu 'ils font ensemble et l'un c ontre l'alltre n 'appartient a aucun des deux , et done est en ce sens "objective", c'est exactement de la m.eme maniere que le deroule~er.t de le partie d 'echecs echappe a UY. deu.x adverscires, bien qu 'elle ne s0it rien de plus que la SLccession des attaques e t , des ripcstes aussi conscientes et voulues que possible que cbacun d'eux a lancees pour tranB~ormer la situ~tion a son avantage (voir SB 33 , 75-?9) . . Il est ainsi admis que le seul obstaclP. que la classe dirigennte puisse rencoutrer dans le maintien de sa doul.ination est la resistcnce des travaillf rs , et ,:,~.":le des ''gens" en gen~ral , a leux condition de· simples executants . Or s 'i.l n ' est pas niable que la classe dirigeante a dens les dcrnieres cec~ ~accumule les ::-c)yens subje~tifs ~t objectifs de· maftriser le p::0bleme c.e 12 repartition du :;.•roduit social entre les salaires , les in,rc-stif?3•·:tonts, l't:nt1-1tien de l ' .4.p~:,&reil d'Etat e t 12 cor:sonL·lation dE-s class es ;.,1·iv-·1Sc icas, i '.. ne s ' ensuit f.,c.S :.le l& ::-::.::t r ~spe _L_-,,e~,e1.t e.tb·itu ·e ;:;ux c:i.i:·f.§r,-r: :.s _:'CEtes soit exclusive::s .. r. ..f,:;;r;ct:i.•')n de la lutte des ex)l,i~e.s c ohtr:: lc:::i B:x:plcij_i.eurs . Le. planete n I est :r--as unifiee SOll.S 18. do,;..ir.atio~'1 d I L:11.B c2.e.2se 1: J::·eaucrat..i.que mondiale , si:>u:!.e a seul a-.-ec son Edver.saire de classe , et 00s c;dte seuleJ.,ent rar les initiatives de r,e_ dernier - ~u ' on les con9oive, cornrne a l ' epoq[ie "joh.s0nienne" 1 comme contestation proletarienr..e per..:.o.anente ou , co.::::-;-;& a l ' epoque "st•.:-.ie:::ne" com.,~e aspiration hw.1a.niste chron~que . Si la classe dirigeante ici nu lane ple.i::!.El de la d ~Drin&tion mondiale unique n ' est pas resol u, il est au contraire present en filigranne dans toutes les decisions :i;rises par les Etats a l'Ouest et a l 1Est, et l ' on sai t que ceux-ci ne le . ,·sent pas et n ' entendent pas le resoudre de l a m~me fat;;"' ; le iMintien de le:. co .. ipeti tion enh·e le s Blocs., s.sns parler des '.!'."u.ptures St .)'.q. daires a l ' interieLU• de cbo.cun d'eux (Etats-Unis, Europe, Russic/Chine) , f?jt 0~stacle a la reduction des depenses L~roductives , n0ta.m.nent ,ll.ili t~ires, a la planific&ti.on ,.10ndiale de l' econom.ie (bureaucrc:.- tique ou ccapiteli2te-llurPt:.1.l<:'ratique) , done au contr6le co,!.l.plet des d.irie;ee.r.ts sur les structures et les ~ r,strn•,1er,ts de do1:un2tion. · Il e,:;t futile d ' er:jaxoer ce rn:-oblero.e sous pretexte que rien ne s ' oppose a cette unification sauf la lutte revolutionnaire . Car : 1° ce problPme existe presente,oent I avec oil:,..e - e - ~n' .:·0 s tur la c ondition des dits t:::-availleurs, et requiert d'un-B organis aticn .!'8' -- ,.,-.:.orn:aire qu 'elle aide les t ravailleu.rs a s'orienter par rapport a l ui. ; 2) · "" ':"c:-r.d.ence n'a rie:nor.tr e nulle part que oe probleme etait soluble sans guerr6 : a - -ell€ co:nnaissance d 1 une auh:e solution, ou bien la guerre n I est-e lle qu 1 un ac - ci c-:,Jt qui laissera incha.ngee la position du proble:ne du soci alislle ? 11 ne s ' agit pas d' echafauder la d ynamique detaillee de l ' hist oire a venir, ais d I Ha.borer correctement le probleme de l ' \mification m.c-ndif.-: e , de s a poesi bili te u de E•n in:possibilite dans le c adre du systeme capitaliste-bur,aucratique ; ce rro- .:ilk,e n 1 est pas un probleme de specialiste, c'est celui que se po::: 2r.t tous " les g,-r_a" . , 4.- Evap~ration de la cl a ss e dirigeante dans les ttr.cuvell es 0cuches " 1fais la deree.lisati on de la classe dirigeante Jr end , dans la Plateforne de la Tend.ance , un a,;-;;re aspect pas moins inquietant . "La societe s ' est transfonnee ( ••• ) en pyra::nide , ou plut8t en un ensemble c olf..Plexe de pyr arnides , au fur e t a mes~re qu' elle se bureaucratisait, et ce en accord avec la lcgique profonde de la bureeucratisation" (PF 16) ; 11les concepts de dirigeants et d 1 executants ( ••• ) restent valables pour eclairer la situation du capitalisme conte~pcrain, :meis on ne peut l es appliq~~r de f e. gcn rc.ecanique ; concr eternent ils ne s'appli c:: lent dans leur purete qu'aux deux ext:r hni t es d e la pyramide e t laissent done en de:!~ t outes les co-..1che s intermedia ires, c'est- a-dire presque la moitie de la ropulation, qui ont des ~tches a la f oi3 d ' .- :cution (a 1 1 egc.rd des s uperieurs) et de direction (,·ers le "b2,.s 11 ) 11 (FF 19 ; s ou- .., .; _.,.. , ..... .... .,.... , 'I C'!I ) .1.~-:c:··e ... -:::.r .uc""" • Si l ' c,n a 1 1intention d :.. prendre.un cliche psycho-s ·,ci0J.0g' -:._:e d8 la hier":rc:!:'!ie des "statuts" dans la societe rr..oderne , il n 1y a rien a redire a tte rep:::-eBent tion pyra.,:id.ale . On peut toujours decrire Ui l e societ e co:rr..ce ur. sy&t~=-- · ie "s t at-:..i.ts " • Le contE-nu d'un statut 6St 1 1 ensemble des ~oles qne c"lit j ct:.::r celui ,:·i l 'occ1pe re.r t t · a· ·- t t - , · · · · · , - - rc.ppc r c.ux au ::-es 1r: ;1-vio.us , :ri0 a.,:..'tl.en : s1..irerieurs , _riE-: .~~2 , s;.1::o:-c1 c-:rl!'l.es. 1.·-ns _e trs.vail moderne I la plur:;art des i n dividus occupent un sts-;- ..:t ir"ter.riediaire: ils cnt des superieurs, rr,ais il y a aussi des travailleurs qui l E-c.:.r sont, sifam su1 :::-dc:me2 , ::lu r,oi ns :forlli.ell~rn.ent inferieurs (manuels , hor2.ires, m2noeuvres I etra11gers, femmes , appr entis, "nouveaux0 ). Un statut interr:1ediaire est c ontradictoir e : un ino..ividu r.e peu ps.s jC'uer en n:err.e temps s on r8le de subordon.11e et son rclle de superieur, de r::.s .. e ~u e ~0~rigue ne peut pa s etre a la foi s le fils de sen p~~e e t l'rs~nt ce C~imene . Le c cnf1it peut resulter d' u.11e contradiction entre le· role de .s l e. hierarclie et le role pc:r rapport a l a finalit e du systeme , la p~oduction ; ainsi l'ouvr ier est a la fois le subordonne du chef d'atelier e t l e resporis2ble de l ' usi ne.ge de telle piece. ~uc.nd les deux r6les aont telescopes dans le rr..eme mon:,ent , la si tue.tion est iT.solu·clE'. De _m€:r,e pour 1 1 i ngenieur :. a la fois r esponsable de la r · cherc he et de la 1ds e a u point d 1u.n proj et , subcrdon.11e a un chef qui fa-i. t peser sur son tr2:vail des exi c;e.ce s ext:frieures a celui-ci, et superieur de ses propres subo:rdo::-,nes sur lesc;·uels il :. ·_: 2:.·- cute a son tour des_ contraintes. Ces c 0ni'li t s de r 8].es peuvent creer une -:3i tuuti 0n de tr:::.gedie ( quel r8le choisir, dans le cad'.!'.'e du systeme ?) 0u une ccnccier.:- e d 1 2.'c - surdit e (qu 1 est-ce que ce systeme ~ui oblige a des attitudes i~cc~p~tibies ? ) cu _e ncore une ~evros e •• • Re,·enons maintene..nt a r 10s "coucbes i;1terrr,edi air.:s 11 • F:::·acis ement elles s_ont ''peupl,&es_ de g,ms qui c c11bi r ~r~t 1-:.r.e c:ualif5 cat~ on p rcfer.-s:;..crmelle (voila le role p er .r 8.pport a la production) et l ' ex, rcice de fonctior:s c: e gestion (le r5le du .s-.:- r,eriE>ur) , et pour une p&rtie des q..;.els Je froblr;;1r.e de le. <:::e::tior_ ,-ue autrement que ,-o:i:;-.. ":lB ::::~nipul ation e t CCP.!Ir.e contra:i.nte (corifli t er,tre l es deux :-(Hes) se pc-:-ae quoi;idier.:.ne;--cent11 (PP ! 9 ). De ce point d e -,;ue ''il e,st fe.u:x: de presenter :..a hier'.:~·ctie - 9 - c ' ~.me un simple voile mystificateu.r qui rec·'.)uvrir~j\ ~e .reali te dans laquelle tous lE s, r8les seraient ident.iques· sauf ceux de le. pontrainte" (PF 37) • Que peuvent signifier ces formules ambi gues sinon que lEe cadres jouent un r8le positif dans la production et que leur experience socj_2Je '~ ' f-Gt --,as eGsentiellement differente de .celle des trava~lleurs ••• IJe _4ui peroet t' e c"nclure qua " l a grande µiaj "'rite des in:iividus, quelles que soient lour qm,,litic& tlo!'. JU ] eur remuneration, _sont inte-- gr es dans l'orga.nisation bure?.ucratique ·u~ 1D prc-ducticn: eI,rouvent l'aliEbation dc..ns le trave.il et 1 1absurdite du systeme e-t tendent a se r evolter contre celui-ci" (Et 43 ). Il est alors legitim.e et m~ i ndispensable d'orienter l a propaganda revo-- lutiormaire en direction de ces couches. On c~mprend mieux a present pourquoi le"prohleme econoraique strict" , celui de la re~uneration, a ete elim.ine comma inessentiel, tourqusi l& reification elle-mtne a cesse d'~t:re correlative a l ' exploitaticn pour dev,mir 1 1 expression d ' l'n "projet" capita.liste. Il faut bien que gagne:r 50 , 000 0 1.1 300 , 000· Fr par mi::is soit dcvcmu Bans i~1portance et que 11 les gens" soient las du nivea1 .! de vie , il _:faut bien que le projet du capitalisme ne soit pas d ' exploiter la ftrce de travail, m.ai s de transformer ave'.1- gl~ment en choses tousles hommes , quelle que soit leur activit~ , pour que 1 1 oriPn- . tati~n en direction des nouvelles couches puisse encore pass er pour revolutionnaire . ?:.:~is il faut encore une degenerescence methodologique consternante q_ui permette de r{r:uire les confli ts l::1tents qui opposent les classes de fagon structun.le 1::.ux confli ts individuals et inter-individuels entre statute socio.ux, le prn"clfme de la so- · ciete au probleme de 1 1 individu dans la societe 1 le questiond es r cprcrts de prr"duc-- ti "n a la question des rapports dans le travail. Personne ne nie qu ' un incenieur f ess e aatre chose qui opprirrler des ouvriers, ni qu 1il renccntre dons l'exercice fe S£. : rofession des. obstacles qui resul tent de la rigidi te de la hierc.rchie . ··:r:,-'._fl cucun d~s sociolcgues ou des psycho-sociolc 1es qui o~t utilise.le concept de st:t~t ~ 1e. r,se affirmer qa e 1 1 experiPnce sociale i e 1 1ing6.nieur est essentiellr-:i·~nt 1::i. :·;'>.e .:;_~e CPlle d t un ouvrier OU d ' un peti t e:nplcye . k,1cun n ' n pretendu decel6r ln contrn<.!iCticn 11 for.damentale " ni la dyns.mique r6volutio:mail.'6 de la societe en d ecrivnnt celle--ci en term.es de statute et de r6les. Tout soci~lcgues bourgeois qu 1ils sont , ils ont plus de respect pour la realite et plus de lucidite quant aux limites de leur l!i.ethode , q~e i 1 en temoignent les f antaisies "theoriques " que la Tendance v eut fnire passer pour de la recherche. Qouique 1 1 idee qu 1 elle a d'elle-m@~e la porte a se voir pillee partout , il n' est pas necessaire de s 1 inspirer de 1 1 ideclogie "nouvelle" pour enr~gistrer lea transfor- ~a7ic~s profondes des donnee s techniques, econorrdques , sociales, politiques, ideolo- ?;iques depuis vingt- cina_ ans. Pibur le point qui nous interesse ici ; que devons-nous ~n rete:nir? a) 1 1 essor ·des techniques e t la concentration capitaliste ont tra~sforme l a Jt:::-ucture d e la claese dir igeant.e ; a la bourgeoisie tradi tiom1elle I dont la n..enta- ~i te ·eat en train de subir une veritable transformation, s 1 est associee une rouvelle :oucpe de bureau.crates gerant l'Etat, la production , la distribution et certaines Lctivit6s non-productives ; cette. couche E:S t cr-5,misee hierarchiq_ue.:JJ.ent , elle est ·or 0 lle•nent salariee i elle assume des for,cticr.s c:;estionnaires par .rapport au travail it 3.·-1 perso~11el, c I est-a-dire p oss ede a la fois cc:r..petence technique . et fonctions de .or 1:.: '.r,r:.er. et de repression. Sa fusion r:.vec la bcu:::·geoisie propri etaire s ' effectue ,bj ;;c"" .'..verr.t,1t ·sous forme .de "hauts salaires" •u de participations au capital, subj eoi ·>' !!..;-nt i:,ar son idthlcgie. Les antagonis::...es qui ~euvent se manifester entre les a~- es comma couche distincte et la bourgeoisie , ne aignifient pas que les p~emiers e1: ,r:t jE.!r.e:ts port es a conte:ster 1 1 orgar isation capi taliste de. la societe; au contrai- ~ , ils y adherent beaucoup plus c ~ffipletement qu.e ne pouvaient le f aire l es enciennes ,,. ' - 10 - classes moyennes s les sommets de la hierarchie participent e.ux decisions fondc.r,~ .• - tales ; les cadres moyens sent penetres lie l ' ideologie de leur responsabilite t e,:-·.,1- que, economique, sociale, et ils sent impregnes p&r la volonte de promotion; l es cadres inferieurs - qu 'il ne faut pas conf"ondre avec l es techniciens proletari~es - sont ceux dent lea repports avgc l~s executants sont les plus etroits et leB plus tend us I mais en periode 11 ncrmHle 1 ' 2.eur ma.intien en place depe?}d de l eur "aut1.~ri te" , c 1 est-a- dire de leur capacite de faire accepter l'organisation du travail par les travailleurs (pou.r nous en tenir a la production), Quant nux con£1its interieurs a la hierarchie elle·-rr.&ie , ils sont specifiques de la bureaucratie : inertie du syate.:.e , blocege des infonnations et des o:rdres , lutte de cliques pour le pouvoir, Ce ~ui rcz- te vrai, c ' est seulerr~nt qu 1 au cas ~u une lutte cuverte des tr~vailleurs viendrait a ebr~nler serieusement le systeMe , une parlie des cadres aurait tendance a se r ~llier au plus fort . b) L 1 elevation de la froductivite dans lessectetUS agricole et industrial, l'accroissement de la demande e.n " services", engendrent un developpement important du secteur dit 11t ertiair611 et la reduction des "ouvriers manuels" relativement a l' ex:-- semble de la population active. Il faut nganmoins s e garder d 1 extrapoler ce tte tendance : l' elevation de la productivite dans le secteur dit " secondaire" souleve des problorr.es (emploi , rentabilite des investissements , ecoulement des produits); en r evanche, la r ationalisation c ::r~'!l.ence seulement a @tre introduite ·a une grande echelle dBns les " services" et sa ge~eralisation peut limiter a la longue l'cffre d 1 emploi dans ce secteur. r:;ais surtout la croissance du " tertiaire" ne doi t pas ~tre confondue avec la ~ultiplication des "nouvelles couches", re.~e ai les deux phenomenes sont correlatifs. Non seulement certains travailleurs c~mptes dans lea .services sont purement et sim.ple~ent des ouvriers (transports de toutes sortea , par exemple), rr~ia la croiesance des unites de production, la u.ecanisation, la rationa lisation du travail tendent a impcser aux employee Jes condi ticns de travail ccmparables , toutr--s chC"Ses l::;,a-: l es d ' ailleurs, a celles qui regr.er,t dans lfE ateliers. Pour l es dac:yJ0s et ~ec~~c- graphes des services postau:x. , bancaires ou cor.J11Eirciaux , pour les caissieres des ,;. c:',:'is ~agasins, pour les star.dard~stes, etc., la rpjfication n'a pas mcins de consista~ce et pas d'autre ffiotil q'.le pour u_r1 05 . La hie1·Rrchie dans lee bureaux n 'a pas une a-...tre essence que celle de 1 1 usine , m€me sises mcnalites sont autres. La promoti0n, pcur autant qu'elle est subordonnee non seulement a une scuplesse particuliere de l ' ec:i"~, ,ais a l ' acquisiticn de co~aissances ncuvelles, n 1 est ouverte , ici comm.e la, qu'a ·me minorite insignifiante de travailleurs. Nous n ' avon~ pas a faire la critique de la prc!llotic.n en nor1trant que le nouveau prcJL.11 ~ura un metier aussi ininteressant q_u I avant (voir PF 37) , ce ,:;_ui est faux, mais en disant que "le besoin des gens de trouver u.n int:r~t dans le t~avail" (ibid) ne yeut @tre satisfait que collective~ent et que s 'il 1 1 st pour quelques individus, c ' est pour aut-ant qu 1ils sont bel et bien 11 i:,asses de l ' autre c8te de la barriere de classe" (ibid) , contraireroent ace que dit la Ter-de.nca. Le capitalisme moderne n ' a nullement dilue ou supprioe le proletariat , si l'on comprend par ce concept non une categorie socio-professionnelle ("lea ouvriers manuels" C'U 11 l es ouvriers payes a l'heu· e" , dit la Platefo"ll'.e ,16) , ni m@me une catetzcrie sociologique , mais cette fraction de la societe qui subiD l'ex-ploitation eccnr~i~ 0 que, la reification dans le trav~il et l'aliena tion au dehors ; e t n ' existe pour e l1e - ~ @me (et accessoirement pou.::'.' les sociologues ufduses) que quand la dynamique de sa lutte la conduit a s 1 attaquer a t outes les for~.e~ de la domination et par consequent a contester l'organisation capitaliste , l es n~~~elles couches ne sont pas le nouve~u i:,roletariat, Me.is si 1 1 on desigr.e par ce te~ "!:e 1 1 ensemble des emplois nc-uveau.x creia - 11 - a la f ois p~r l'essor de l a technique et de l a rationalisation et par l' augmentatic~ du 11 tertiaire 11 , elles sont elles-m@mea divisees- en dirigeants organises hiere.rchiquement (mais t out le monde ne dirige pas au sein de la classe dirigeante !) et en execut ents. La clssse dirieeante n'est po.s reduite a quelques capitalistes et l-..uc · .... - crP-tes ( "la petite minori"te11 di t la. Plr-.teforme) surplombruit une pyramide que seco•Je de h'.rnt en bus la m~e contrcdiction "fondnrr.entale" -; la cle..sse dirigea nte est 1 1 0:'-- goni sation hierarchique elle-m.~me .qui vit de 1 1 exploitation en m~~e temps qu'elle remplit la. fonction fondamenta.le de .repart:i,.tion du produit social. "La bure~ucr.:t::.e n 1 est pes qu 1un nppareil charge de transmettre et l ils font face immedi a tement , incarne dans l es cadres suba l7-•£~S et suoerieurs •~£.! exemnle , comme un s:Lrnple " organisme de trangmission et ·d 1 executi onn qui ser ait neut.re ; •ils identifient ces cadres avec l eur exploitaticn, parce que ces -cadr es n:t cc!lll!ience par s 1 ider.tif"ier eux-m~mes a 1 1 exploita tion( •• • )" (Delvaux(Barjot),g 27 , pp 46- 47 et 45 ; rouligne par nous). On n e saurcit mieux dire . - l2 - I I .- L' EXISTENTIALISME Dans la "nouvelle" ideologie , le capitalisme manque de realite et il menque la realite . I l manque de reali te : l ' exploitation n ' est plus le motif de la reificaticn , l es dirigeants sont p~sseoces par un projet maniaque de transformer les h6IIDD.es en <'hoses , le probleme economique perd de eon importance , les "frontieres de c lasse" ne S/"\nt pratiquement plus repera bles et s·e determinent dans la pratique par le chl'>ix c;,ue font les individus d ' accepter ou de refuser le system.e , l e "proletariat" lui-m~me , prin~ipal personnP..ge de iba s oci e te capitaliste (et accessoirem.ent 11 seule class e revolui;ionnaire", comm.a disait Ca:i;-dan naguere , g .3.3 , 7? ), est devenu "un tenne que personne n'utilise en dehors des sectes d 1 extreme- gauche" (IT_ 28) - t andis ~u'il etait sur toutes les levres avant la guerre ••• Mais le capitalisree manque la realite ellen:We , car le projet de reification generalisee est un perpetual echec , nous dit-~n (voir SB .33 , 60 sq) , pu.isque les gsns ne sont pas dRS choses. C' est meoe nu :t:ait qu ' ils n e sont pas des choses que le capitalis~....e tire son peu de r ealite: si les traTailleura etaient de simpl es executants sans initiative , le capitalisme resterai~ irre~l , et s 111 est reel , c 1 est que les travailleurs l e font fonctionner en d epit de lui-m&ie , sous et contre l'organisation qu1 il leur impose . 5.- Premiere version : le prl)letariat comma 11 contestation permanente" ~uelle ~st done cette r ealite que le capitalisme pretend ignorer et dont il se : Ju.rrit ? C' est la ,apacite d 1 i nitia tive ou creativite. Celle- ci ~ d 1abord ~te theo- - :.see ('.oir SB 17) v~mm.e dormant au socialisme son contenu essentiel : la c.,..,1rdnati0n ~,mplete et pern:.a~~nte par les hommes de leur activite , par consequent la gestinn ae "'"oute la societe par tocte la societe . Le probleme -de la possibilite du s<'eiaJis ..e , si on ,eut la defi:ur p~sitivement , est le probleme de la capacite ~e?ti~a ~&ire du i:,rclet~riat. Qr la hureaucratisati on signifie que les travai.lleurs SM1t de plus Pn plus rejfies, C I est-a-dire prives de toute ectivi te gsstin ·:aire . Ici C'A.::.-d~n (__§~ J:> 33) cr oit faire voler en eclats cette representation ffi,caniste de l a 5nci.dte carttc- ::.ste ::.c,~..,, .:.~r:.e c-:-r_:·ue cor-:!".e pure b~rbarie en .c,:-.ntr2._:t q1e la 1::-· .... rev.t.."-,,tis ... ti'ln a ·r-.. a11tre SE:Y'..S , contra..:.i~toirE-:n.ent lie au prpru.:i.er, Qui est preci.stf .. 8nt de SJ.SCitE:r ::. 0 s i~tia-tives de la :;:2.rt dPs executants. S1 a.pr.;u.yant sur :i..e :fa.it ~1.1e d.a::-:s le pr0d·c1..:c:."Y'1 ~cs travailleurs ir.ventent des procedes, s 1arrangent entre eux , se condui~~~t de T~- gcn inforrr:..elle (= c_on recor,..:-.ue .i:JF.:.r l ' org;;.;-.isa.tion off·'. ci.elle de 1 1 entrepriEa) et posant que ces initiatives se developpent en fcnction d_recte de la bu.rcaucratisaiirP-, .: l conclut a la f-:>is que les germes de la gestion ouvriere !jlOcialiste sont conte,111s ·"-n.S 1 1 entreprise 11r eelle" et que la bureaucratisation , en plagant les travailleurs ·;v~~t des situations impossibles, les oblige a invent.er des solutions, done accroft ( .mtradictr,ire:r:i.Bnt le-;.u- creativi te et leur capacite gcsti_onnaire . Sc..n.s aller plt:.s loin, enrestant sur le plan des rapports dar.s la production, cdte r~re.cteris& tion de la crea t ivi te comm.a capaci te ,;estion!1ai:::·e en puissance doi t ~tr~ c0rrigfe. Si:~ travailleur doit rc.anifester des i niti&tives , c ' est pour realiser :ss te~ps ~u les Lcr~es, et s 1il doit realiser l es tF'~~s ou 1€8 ne ~~es , c 1 est pour !c..ire sa r,aye , pr,-....r Tie pas etre lici:,ncie , OU :r:etrogr;;de , pour :tenir le coup. Ces ::ritiatives Le sont pas l 1 eApressir,n d 'Wl projet s0cieJistP., qui t 1 eY.iSte pas et ne ;,.;_ut r,as "'7.ister ,:.,_ • e tel chez les t r&v/3.illeurs. Ellf-s sont les reponses que ceux-ci :.,:,nra'=Lt a u::.e sit-..:.:::.ti'm dont le c2.1·act;..re c0ntrc..-iict-:'.'ire 1: 1 est pas t out entier con- -:;~r.,.1. 'i'a..ns l 1 atelie:::- : d 1 urie part il f aut cor.server et ameliorer le salaire et l ' err.- , . l' , ;loi, ~arce qu1 ~1s sont la conditi~n de la Yie ; le participation du salarie a exe~ ~-~t:i.on dE1 les 1..=.1..;.E>s c.e eocialisetion qui epparei ssent dans la vie quoti di~~ine de l'ctelier ou du bureGu sont des ai gnes surtout negetifs : ils si6!~fier.t q·.;.a les co~r.itio~s ce l'exr1oiLction sent en contradiction non seulement evec un travail significetif du point e e vue de ewe qui t ravaillent, ma.is m@me avec le modele capitaliste de la producti~n, qlj.1 requiert la productivite maxi.mun. ; et que l'impossi~ilite de fonctionner qui r~- aulte de cette contradiction est su_'T'IIlontee neure apres heure par les trevaill e~s. Qu,est-ce qul on a demontre? Que la creativite du trevailleur fait fonctionner le system.a narce oue _celui-ci l'Y contraint. · .. Qu' est-ce qu• on voulait demontrer? Le oontraire , que cette oreetivite ooptie~t une eontestation du systeme , le projet socialiste en genne . La con.fusion de la capacite ~estionnaire qui est le contenu du socialisms et des i?l.iti&tives "gestionn.aires" au sein de l'atelier ou du bureau capits.listes conduit a ~"'le r epresentation ? ro~c.mdement erronee du proletariat comma classe ~onste.mm.ent agressive, alors ·que c ' es~ le oontraire qui est vrai s le proletariat subit de la cl asse dirigeante une egresai on per::?12.nente J d epuis l'organisation du trcvail j u.squ1 a la vision du monde qui lui est offerte par la culture capitaliste , il est l'objet d ' une contestation systemati que qui vi s e a lui i nterdire de :r"'----:.s:;er son expe.r.i.e:c:ce et de la. transi'oru er en consci&nce et en activite. Quant a s a cepacite gestior..naire , c ' est-a-dire a la condition positive du socialis~e, elle ne fait pas prcble~e en taLt ~ue cBpacite humaine de perticiper collectiveme~t a 1 10:-ganisation de la p:i•o.:~ction et de la societe et d'inventer des .. 14 - . solutions aux problemes que la societe socialiste rencontrere.. Cette pui~sapce-la se devel oppe contradictoirem.ent en m&le temps que l'acquisition des tec~ques, la diffusion de la culture, les bespins de t outes sortes ; c•est le capitallsme luim~me qui rea,lise ce developpement et produ.it toujour'S ses propres fossoyeurs , en m~ temps qu•il impose une technolog1e , un contenu de la culture et des besoins profondement alienateu.rs-alienes. Maia le·probleme de la capa.cite gestiontl,aire du proletariat est cel'trl de demystifier 1'heritage capitaliste qui pese ~ur lui, c•esta-d.ire celui de sa conscience politique, sociale, ideologique , essentiel'tement de la comprehension par lea tra.vailleurs du fait qu' ils ne doivent leisser· a :·personne ~ ·techniciens, bureaucra.tee des parti.a ou des syndicats - le soin de decider a leur flace ce qui. dolt ~tre fait par rapport a la production et a la repartition du pro1uit, par rapport a toute la vie aociale. Cette conscience apparatt et s•6leve dans . la periode revolutio~ire, p'U.is~u'alors les travailleurs gerent effectivement leur offensive contra la classe dirigeante ; mais elle ne peut t!tre maintenue·;apres la prise du pouvoir que ei une avant-garde organisee pou.rsuit la denonciation de toutes l ea fo:rn".eS de 1 1heritage capitaliste depose dans les habitudes de comportement et de pensee des travailleurs. · En definitive , ce n ' est pas l'existence de la creativite qui. est la reponse a~ probleme du socialisme, c•est son plein affranchissenent~ Or , celui-ci cc~etitue la question politigue_ revolutionnaire au meilleur sens du mot . · 6.- Deuxiem.e varsion t "l'effort des hommes pour vivre leur vie" Mais la critique de l'equation "organisation inform.elle des travailleu.rs • projet eocialiste" paratt aujourd 1hu.i inutile puisque la Tendance semble l'avoir abandonnee. Ne contrc-signe-t-elle pas le nRapport" de Ria Stone ou il est dit 1 " Ifoi:.s avons au tendance a penser c.ue la lutte de n'importe quel gr6upe de,~travailleu...--s au sein de la p:roduction contenai t en elle-~ tous les elements _ de la revolution. Encore une fois nous avons refuse de passer du dornaine de 1 1 essence a c~lui de ;tar ealite'' {RS l?) 7 · Et ceci qui cpere un veritable retournement p~r .rapport fJ-UX posi~iofl..J;! anterieurea : 11Parce que la vie des travailleurs a l 'usine , contrai- :rement a ce;Lle de. toute autre categorie sociale , est si intimement liee au synd:.cet en jant que partie tntegrante de la structure sociale du capitelis~e, et parce qae l a: bourgeoisie s 'est employee consciencieusement a l 'apaisement et a la'. ·e~rru.ption des tr~veilleurs, les travailleurs en tant oue classe sociale sont mc::..ns libres !i' agir que n'importe quelle~autre categorie sociale. Leur activite en t~~Y que el~ss e d~pend encore davantage que celle de tout~ autre classe d'un boulever~~ent revolutibnnaire total" (B:§. 8). Ce retournament trouve sa fonn.ule un peu plus loin : ''Notre t~che est d I integrer le lutte des travailleurs dans la lutte eociaie dans son e~semble, de montrer qu'elle fait corps avec cette lutte sociale totale ( •• • ) C'est en tant que citcyen des Etats Unis et du monde moderne que le travailleur oent sa deg;r:adation le plus intenser:i..ent , de m~ q~e c 1est en tant que citoyen des EtetsUnis et du l'!lOnde m.ode~ne que le noir sent la sieru:ie . Ce dont 11 est question ici, c test d'une loyaut e envers soi-m&n.e en tent gue partie de l'humanite et non sim eresnt en tant gu' ouvrier ou membre d 1une classe sociale ( ••• C'est ce qu 1 on entend par. "conscience socialiste 11 plut6t que "conscience de classe" (RS, souligne par nous1. La Plateform.e de la Tendance est a peine moins nette que le "Rapport11 de Ria. Stone a cet egard : "L' effort per;:nanent des homm.es de vivre leur vie en lui donnant un s ens dans une phase ou rien n'est plus certain et ou en tout cas rien venant de l ' ext erieur n'est accepte cor::m.e tel, effort dans lequel tend a se realiser, pour la premiere fois dans 1 1histoire de l'humanite , l'aspiration des ho:mmee vere l'auto- - 15 - nomie At qui est , de ce fait, t out aussi important pour la preparat ion de la revc:~- tion s0ciFliste que le s ont l es 1nanifestations analogues dans le domai ne de l a production" (PF 21). Ou encore : "Les hommee m.anifestent leur t endance vers 1 1a.utonomie , m.ais. en :n@me temps tende11t a iz:icarne~ cette auton.,.mie ddans l eur .c("lmportement e t da~. leurs rapports avec _ l~s a.utres , qui s~nt de plus en plus ~egles s ur 1 'idee qu ' '..lll rapport entr~ ~tre humains ne peut ~tre f onde que sur la reconnai ~sance par .chacun de la liberte et de la responsabilite de l 1autre dans la conduite de sa viA( ••• ) ~ett"e t'endance est t out e.ussi impl'lrtante' ·comme ind ice revolutionnai re que· la t endance ~Pa ~uvrier $ a c~mha~tre la gestion bureaucr a tique de l 1entrepri s e 11 (P~ 23,' voir ·auasi PF 6.34; . aouligne pA.r nou.s )., N~us dison.g : les traveilleurs ~n ta.nt qu'~bj et de 1 1 exploitation et de l ' op- ~~B93~on At ·que 3ujet c ~li~ctii ~~t~ntiel d~ l a pr ~duction pl ace au cr,eur du sys~t~e c-api taListe , sont pour ces raisons seula capab].es de J.e detruire e-t de construire lE: socialisme. Cet te idee, qui n 1 es pa . ., une "idea", mais lo sen3 des petites et _des gr-a.r .. d,es luttes der, tra.vail leurs pendant plus d tun _siecle , e st auj ourd ' hui "depasse.," par la T&ndanc~. Ce qui -eu mieux reste du pr~let ariat dans cette ide"'logi~, ce r.•~~ t nullsment s"'n exploitati0n corr.me salarie., of-n opp:i:·01:H-;:i.,m cnmme producteur, l ' une et l ' autre reliees a son ali~nation CC>IIl.'!l.8 Cl")HSOTTlIDl'lteur , etc., C t est s a "creativi ten ~ r.-ais cetta crP,:;_tivite r .. e lui est !'lUS pr"'pre ; t "'lutes les belle·s raisnns qu ' cn a ;-u ~0t!.l1.er Lagu~r~ ~e s0n nar~ctere srecifiquerr-ent proletariP-n se snnt e.annu...~os ; ce:te ~rfati~i te te:r.d a se IDP.Lif ster dF.ns tout es les couches s~niales, pr,w.~ toutes hs &.ctivite1 . AirtSi li;. :prF- .iF-re eqt~At~on· "~tiative s des trava:ilJ au-:-s => proj&t r~.--- lu.tionna:i rau est abar~ti.onnee (avec chez Ria St0ne une ce.rt,qine -cn!,S C' .... e:r,ce de sa :-= __ sete , q_ui r...'ose pas s'a.ffir.:..Ar 6.a:-:.B la Platefonne ), me is au pr ofit d'ur.e deuxi.;.7_; eq~tion : "j_r:i.tiatives des ger,s "' p:cojet i~evolutir>nnAire 11 q_ui est er.cnre pl:.:s faussa , _si 1 1 on peut dirE. On la justi.fi~ e n disant q_ue la crise des i.:1l::ltituti,.,rR , c.es .valeurs q_ui resulte de la bur ::;ucratisation generalisee s ,.1.scite 1-:;.e :e: ~?...:.~ e generali see a l ' aut .,nmie . . :Mais d ' abora.·, -on l'a dit, la bureaur.ratlsation des activites.non prndur-tives n 1 eat pe.s la reificati on. Les travaiJ.leurs sont contraints de recister a l eur <--:.._t -~- ti~n en pr~n~nt des initiatives parce qu1i l s sont c oi nces entre la ~ecessite ~et.~- yailler et l ' ~-np".>ssibilite de le faire dans les conditions im.posees par la C"l:. .... ;e -'i irigea:n.te . Les lu"vtes ·:revenii;0aUves em.i:tnen.t pa1:ejJ_J.P.1n.ent de la situation d 1 EX1~_,..,tt9:tirm et ·vl'lnt de.ns le ~~e sESns : denserrer son etrei.ri.tP. . Mais l_a crise qui at'""'.:. .. t lea '3.~tivi t ~s n,;n-productives ne p lace :pas lo ci toyen , le J.ecteur, 1 1-aud~te:u..r c:·.1 :e telespP~ta~eur, le prnprietaire de l'auto~obile , le ri..ari ou la m~re dans l'alt~r~:- ·a ve dP, faire ce qu' •n f>rig0 d ' eux ( qu('li., au j uste ·? ) ou de i:,erdre leur place (c 1 est-a--'l.ir~ j uste:n.ent tout _ce qu lils sent en dehors de la production). Il ya. sar.s doute un eppel d'initiatives ~eaucoup plus sc~sible dans la s ociete ~oder~ que na~~ere , ma.is i l vient beaucoup P.~US de ~1 acceleration de son_devenir _ que de la bu.reauc~atisati~n elJ.e-:-r..~e t. l~s·. bolD:-~v~rse,µs.ent~ qu,e nous c-,:nnaissons ~ . e~ qui sec~uent perticuliere~ent une .societe cpdne la sqciete franqais~ ; ·creent 'une . s erte de Yidc d 1 insti tuti•na et de veleurs, dans le quel pe:uvent r.aftre la. . q_uestiim cu sens de ce ~~ ~n fait et de ce qu1i l y _a a f aire , ure e!lXiete prcpre a une sc- ~iete sans trea.::.tions et ou chacun doit conquerir sa place . Il ne faut certaine~ent pas s ous-estimer l'importance du nouveau cli.me.t histor iQue ; il est un facteur d'affra:nchissen:ent par rapport au model e tradition...'1el de l'hcmme, fcrge des l ' enfe.nce par l ' educati~n autoritaire qui le preparait a accepter plus tard sa subordinction ~ans la production et dans la societe. Mais c 1 est tre.vestir crw.plete:m.ent l a realite ,;, . - 16 - ,, t reco~r.::..encer a l'echelle de la societe l'erreur deja faite a celle de 1 1 ateli er, •~'~e de ~ca:rfcteriser cette crise·e~'-les initiatives qu'elle peut susciter comme 1 1 elei i?nt essentie:l,. de la pe·rspective revo~utionnaire. , .: . . . . . ··. .. . . Le capitalisme ne peut pas fonctionner ~'il n 1 y a pas du travail exploite, et ' 1 n'y a pas d 1 exploitation du travail sans reificati on e t Alienation du trav_ailleur, "ai s le cap~ talieme peu.t fonctionner en transfo~:-:r,2 nt ses 1nsti t utiona , et il doi t : ~ e tratsformer see institutions pour pouvbi r fonc tionr.er. La famille patriarcale~ Ja ·repression de la sexualit~ avant le mariage , la s egregation des noirs, Yeducation rutoritaire • rien de cela ne lui est essential. Au contraire , c 1 est la 1 1herlta5e { e le s~oiete precapitaliste. Ce a quoi nous aBsistons, ce· n 1 est pas a la subversion cu c apitalisms par "lea g ens " acharnes a trouver un sens a leur vie , c' est au boule- ', "'rsem.ent par le capitalieme lui-mtlme des institutions, de la culture traditi<'nnell os ,:ont les e.,ncienne·s cl asses avaient besoin pcur s-;.,._b:i.Jiee1~ leu.r d0mination . Les initiatives ·que ce b0uJ.eversement p,eut faire su.rgir n ' on{ pas en soi une signification revolutionnai1•e. Elles peuvent aider la capital1.ame a .stL.,nonter les :rrcblemes crees par sa orise. Le m.ouvement de transfonna·t;ion ~d ::inime la societe ! , derne lui perm.et preoisement de cap ter et de canaliser a son ~~ofit ·1a creativite "1es gens" , C•est seul ~ent dans le travail et dans_le ~apport travail/salaire (~' est a dire dans le tawc· d' exploitation) qu 1il s~ montre intraitable : la lea ap- P ,rences de la societe d e '!bien-~tre" s 'effondrent, la la repression violente r este l ! a rgt::lcent s· .. prtme. La seul emen t 1 1 autonomie des trave.illeurs luttant collecthre:nent c ntre l' exploitation e t toutes l e s form.es de la domination peut ·prendre valeur de · c,ntesta ti~n du systeme et commencer a l 1 ebranler serieusement. Pour le r este; l' aug- ~ -ntation du niveau de vie e t l'app~t de la promotion peuvent t enir lieu de regles da vie. En rnettant en avant l a ''tendance a l 1 e.ut.onomie 11 oue la cr::..se de J. _ ':lociJte ~'~- c-.:.te, 1 .a 11 r."lUVe lle" ideologie fonds la perspe ctiv e rev°€' l utior.!"'aire sur ,;elle df-.:..re prise d e oohscience de la liberte (ou "creativi te 11 ) par elle-::- €:na ; rr2.es e;tr.s'' , ~nt se revolter pour le s ens de la vie . La t§che de l ' organis~ti0n ~erait~d'or~nLi: fr c e tte ~€volte. Or il a e peut bien que l'absence de vale\U'S et r:~ si:::;nifi~di,.,n~ ::-ev')li;3 les ttgens " J mais cette revolte· ne _deyient autre chose <;uo des ges'tes ino.:::.vvuels o~ des rrouvements integrables a la societe capitaliste-bureoucratique que si e::~ s e e-·istallise au tour d •une classe qui a·• organise et lutte ouvertel'!lent en vue de la pr.-:.ze d·.:. -oc-..., cir ; et cette revol te ne peut trouver sen sens que dc.na· 1 1 objectif que ~e n oietariat s'est donne chaque _foie qu 1il a engage cette lutte ; le socialisme.- - I2.- &?e.git d •i;tegrer la. revolte a la lutte de classe , Faire l'i::1,tarse , c ' est se cond = .. 1-e,ir a decrire l ' une apres 1 1 au.tre l es tonnes de "creativi te" qua 1 1 on peut trouver dc..ns l a vie quotidienne , les donner en exem.ple d2..ns l'espoir que"les homm.es" finiro:nt p-.. r 3 e debarrasser du mysterieu.x carcan de 1 1ali enation et pa r acceder a une vie _au- -t: .,:::tique : n:.ais la philosc?hie , existentio.liste pnrticulie:re.n.ent , rem.pli t deja fort b:en cette f onction mystifica.trice. - Nafuere 6n avai~ introduit le contenu du sccialisme a l~int~rieur de l'atelier ; cnjourd 1 hui on 1'3 ,gliss e a l'inter-'eur du foyer, et bien~et ce la cor.:science : la l : ~ert e est pari u t . Par r apport a cette reali t e authentique , le c ~pi talisme n' est p:us qu.'une apparence mystifiee. S ' occuper de ses prcble,rr,es I d&s antagonismes qui · ._ s-u.rgis sent entre fractions des classes dirigeantes, parler de l' exploitation, ~~rler :rr..&-le du proletariat et de l;a bouro=, oisie , voir l es l uttl=is pc-ur le solai!!}e ( qui v en t de pair avec c·elles pour l es condi tioz:s de t n.vail) ~-J.tre:rient que ccmme des greves • t .:..--t't .ti ,'"l "-.li "'E(>S - i l pP:-i:.it ~•;.e tci.;.t ~Ple ..,t depasse ; il faut p:.rler de le C':'"''-e : 9 1a ,ie, <1u 'l ' St la 11 ' i'"! ie" realite. rous c onnaissons ces rcouveautes ; r. 1 .:. i=: ••• t .., · i lles c'"• .:·.e : a :p-...,; l o.:;ophie. ,. a nriouYelle" id eologie n t est pa a la Cl i tique revolutionnaire , elle e , t une c-~tique de la revolution pure . Elle aba.ndonne le point de vue de la tot~ ite dJ,c- ;::i :.Ae; el le introdui t da ns la theorie le ge~e du dualisme : les processu.., ecou,~- ~~ s suivent 1~ur cours d ' un cote , de 1 1 autre la crise de la vie va crois~ent. ~f:.s le ciel au bien- ~tre capitaliste-burea' cratique , il ne se passera ja:.1c.is pl'...LS r::~n q·1e 3% de mieux-~tre·supplr " est , ... -::-~ u ::o:~ e et les "crises e.ccid.entelles" qu 1 elle predi t ne sont que les ni: 0 t. 1 • 3 de "l '~rr .tio:r.Rlite11 du SJStF-, .. 9 . I l est clair f1'18 la cor..',in"iSL•D de ,_,c-s G_{; i.,. r. - , ;3t n ' o..:.vx·e aucune "-p \ce ".le :re:r.:p"-ci::..•;et r i r e\ olutior~aire r i ut:et e t 'l fa i.:.t 1. e dose de su.ffieance E'eor3.ir.~::.re p our se d&clarer seth:i';;it d.'tme L.,:.:e 11 -::- Jorlc" • .!e ,P:sion o,ficiei;..."' e de J.a. nJ '>1 ·;re 1le" idtclc,:-i.e rst p1·op:i.2:n-r.t i:(:;f'.,; :: ,.., . :: : "le. 1 ·1 •e3.1..,.,::r2.-'-i:::&t.;on :.r.e co·1pcrte .(p:;.:'.d ) e-.t.l"'J:.e cm.tradictjc-n ir ~r,· ";<:l:.e Cc- t ft:::_r1•~i.t ~tt.n:!:-e ann ;>r..,rre ;c..1.•0 ~1 1--_.~:r.t" (Il.!:Q. 17) ; il r.!y a r~r2C' ',e 1e::-.s • 1 .. t -=-::.J." 1 ..-.1.'E-au.:.::. ·t:l.qu.e , "le :p: • .-oc~s" qui f1:.it c.e tous l e s t;ens d r:s :eccc·.ises, ce " . -c f':..:.-:-.-~: .... s qui 1 1 instruieent contre e-.~..uc--:Q~s , "la ociete bureeucratisee et ; ti- ea est ·.1ne abstraction qui cache l'existence d' utre ch0~e " (fuE 18) , et cct " E....:tre chCSb" est 1 •~xister" e elle-,..-.&le cc,..:z...a lice te pure . De t oute m.aniere , toute t,ntati v e :pot..r c<>-... pre:::i.dre la ci~ ani.que <1ui opp"se a tr.::.- ::.s le :mo:r ... de les classt diri[.ccnte.3 E.-....X ~rayail'.:..eu.:.·a E:: t pour e:'..abvrer une ;, r::- I e~t::.·,e is-vo::;.utior~:>ire r?e, le pa.e.se c . ..:.x :,·e-.u 1e la Te:-1ance pour ''-rain et syst".::.- c~ts'..:..r" (IF .30) : c 1 est " ch,,rche:r i.:ne ce::uc~ion de la revolution" (ibid). La ':'e •, ::~ c:::- it ;--t-:.e ::r1;;volutionner la thecrle. :'curse .... ct.1..re a l'unisson du t re.gi _..te -:.., :: ! 9 1 c.ufelle d€ ouvrg ct-ro.me celui d e le. cr~tivi-te sc.i.:vcge et du futur vierge , la ':.'"-..:.- ' e:1&11 idi0l03ia a besoin de briser t ~ut ce ".ui po\..X' .. -ait entrc.7t1r "a cree.tivi ... e, def:,-x•r r le f-... ~ur : le m.e.rxisr-;..0 Men s~, ?:.~s plus gfr.c;ralE:- r.t " , ri c:n.s un syste.:.e f e -.:..e d'ou t out d, ,erd.r eat ,vc1u ( ••• ) :,1e 1.X sy_,tr·..:·e e t ~tre clos se corre.,po~- de!!t l ' un a l'e.ut .. :e , r:ct:iS l ' o:>X:i.bt "nce !:,,t j · ,·:.¥.~nt l' opp1'"16 e ( ••• ) L ' t-ristenee c-st e,11£: "-:.e 'ID Sjst:....ne - p ..-ur r~-cu1 !!'r.~s r.e p.,\l.t 1 1 €· ... ·e rour un esprit ..,:xieti;..ntt1• Q·..l. 1 -:n :- r us .r -rccr•,:e : on r~e tr<>uvera. pee ce:a. C Ti.S ]a r1atefc:-:rie de la ~endi:.nce. C1bs1i K:'.1$r·:~,.;a·.1.-d q_ui l'eorivei t en 1E46 , cc.r_t:·e le vieux Hegel, non contre Ua:::-x. Il pretbnd<--it bien d -:,nner une :r uvelle q~.:i.f-:ntation , r. &.is a la philcsophie .