Cent cinquante ans, de « progrès » et de « démocratie » ont fourni la preuve que toutes les réformes qu'on pourra appliquer au régime capitaliste ne changeront pas la situation réelle du travailleur. L'amélioration du pouvoir d'achat ouvrier, obtenue par des luttes incessantes, est compensée par laugmentation continue des besoins, et surtout elle est durement payée par l'accélération et l'intensification permanente du travail, par la transformation de l'ouvrier ou de l'employé en automate. Les droits politiques et autres conquis par les ouvriers n'empêchent pas que la société continue à être dominée par une classe privilégiée de capitalistes et de grands bureaucrates, qui la dirigent dans leurs propres intérêts. La bureaucratie inamovible qui dirige les partis et syndicats réformistes fait partie du régime, elle utilise les luttes ouvrières. pour se tailler une place dans sa gestion. La bureaueratie « communiste » veut utiliser les luttes ouvrières pour établir un régime de type russe, trompeusement intitulé « socialiste », où les dirigeants de l'Etat et de l'économie prennent la place des patrons privés cependant que la situation réelle du travailleur reste inchangée. Les travailleurs ne seront libérés de l'oppression et de l'exploitation que lorsque leurs luttes aboutiront à instaurer une société véritablement socialiste, où les Conseils de travailleurs auront tout le pouvoir, où la production et l'économie seront soumises à la gestion ouvrière. La seule voie conduisant à une société socialiste, c'est l'action autonome et consciente des masses travailleuses, non pas le coup d'Etat d'un parti bureaucratique et militarisé qui instaure sa propre dictature. Pour défendre ces idées et les, diffuser dans la classe ouvrière, une nouvelle organisation révolutionnaire est nécessaire, qui sera basée sur la démocratie prolétarienne. Les militants n'y seront plus des simples exécutants au s·ervice d'une bureaucratie dirigeante, mais détermineront eux-mêmes l'orientation et l'activité de l'organisation sous, tous ses aspects. L'organisation ne visera pas à diriger la classe et à s'imposer à elle, mais sera un instrument de sa lutté. Ces idées, exprimées depuis 1949 dans la revue Socialisme ou Barbarie, et dans son supplément mensuel Pouvoir Ouvrier, forment la base de l'organisation Pouvoir Ouvrier en France. Des groupes fondés sur les mêmes conceptions existent en Angleterre (Agitator for Worker's Power) et en Italie (Unità Proletara). Supplément au N° 32 de Socialisme ou Barbarie Prix : 1 N:F. : Belgique, 5 Frs belges - Le Gérant : G. ROUSSEAU 0 • 4 LES GREVES BELGES La signification des grèves belges Témoignages et le déroulement Les leçons des grèves belges La "Loi unique " et les de structure PUBLIÉ SOCIALISME * reportages sur des grèves PAR ou réformes BARBARIESOCIALISME ou BARBARIE Paraît tous les trois mois La signification des grèves belges 42, rue René-Boulanger, PARIS-X" Règlements au C.C.P. Paris Il 987-19 Comité de Rédaction : Ph. GUILLAUME F. LABORDE D. MOTHE Gérant: P. ROUSSEAU Le numéro Abonnement un an (4 numéros) . Abonnement de soutien . Abonnement étranger . 3 N.F. 10 N.F. 20 N.F. 15 N.F Volumes djà parus (I, n" 1-6, 608 pages; II, n" 7-12, 464 pages ; III, nos 13-18, 472 pages ; 5 N.F. le volume. IV, n" 19-24, 1 112 pages ; V, nos 25-30, 648 pages : 10 N.F. le volume). L'insurrection hongroise (Déc. 56), brochure. . 1,00 N.F. Comment lutter ? (Déc. 57), brochure . . . . . . . . 0,50 N.F. La vague de grèves qui, du 20 décembre au l8 janvier, a couvert la Belgique et étonné le monde est sans doute, après les événements de Pologne et de Hongrie en 1956, l'événement le plus marquant du mouvement ouvrier depuis la guerre. Pour la première fois depuis de longues années, le prolétariat d'un pays industrialisé et riche descend par centaines de milliers dans un combat qui le met directement aux prises avec le gouvernement capitaliste. Comme toujours dans ces cas, la classe ouvrière rassemble immédiatement autour d'elle tout ce qui n'est· pas pourri dans fa population c'est-à-dire l'immense majorité. Les petits commerçants de Wallonie participent aux manifestations ; les femmes, plus combatives encore que les hommes, renforcent les piquets de grève ; comme à Budapest, la jeunesse presqu'entière se mobilise contre l'Etat et des garçons de· quinze ou dix-sept ans forcent les cordons qu'opposent aux manifestants flics et dirigeants syndicaux ; les barrières entre les ouvriers et les intellectuels qui se rangent de leur côté fondent au feu de bois des piquets de grève. Le soldat de métier qui monte la garde sur un pont dit : « Je ne tirerai jamais sur pareil à moi », et les curés déclarent que la cause des ouvriers est juste. Dans· toute la Vallonie, le signe d'une situation révolutionnaire est présent pendant trente jours dans l'extraordinaire unification de la population, la solidarité totale entre ceux qui luttent, l'abolition des distances entre les individus, les professions et les âges. Le signe d'une situation révolutionnaire on le trouve aussi dans l'origine du mouvement. Depuis de longs mois, le Gouvernement prépare la cuiller destinée à _vider rocéan de la pagaille capitaliste ; depuis de longs mois, la bureaucratie syndicale et politique bavarde et brandit îles menaces symboliques de grève d'une ou de vingt-quatre heures. Mais lorsque la Loi unique vient devant le Parlement, les ouvriers sans plus attendre des ordres, prennent l'affaire entre leurs mains et: déclenchent la grève. C'est parmi les plus exploités que le mouvement a, encore une fois, trouvé son origine : les ouvriers communaux. Et l'extension de la grève dans la sidérurgie est marquée, dans plusieurs cas, par de violentes bagarres entre les ouvriers et les délégués syndicaux. 1, des Comités de du rang ayant joué un rôle dans 1e a° vement. Mais dès que les syndicats ont rati le mouvement auquel ils ne pouvaient plus s'opposer, ils- o pu facilement imposer partout leurs Comités de grève, en f nommés par les sommets. Nulle part, par la suite, on discerne une tentative des travailleurs de former leur prop direction autonome. 'Tout en se méfiant de la bureaucrat syndicale et politique, la méprisant, parfois la huant, le prol tariat belge ne parvient pas en faità se dégager de son empris à s'affirmer comme direction de soi-même et de la société, créér un em.bryo~ quelconque de nouvelles institutions comme l'ont été en d'autres circonstanèes les Comités de grèv vraiment représentatifs, les Comités d'usine, les Conseil ouvriers ou les Soviets. Malgré certaines diffi-cultés,_ la bureau cratie syndicale parvient à conserver d'un bout à' l'autre l contrôle du mouvement. , On retrouve ce manque d'autonomie du prolétariat lors- . qu'on regarde les objectifs du mouvement. La "disproportion >'. entre l'ampleur et l'acharnement de la lutte ouvrière, d'un côté, et le but formulé et apparent de cette lutte le retrait de la Loi unique de l'autre côté, est telle qu'on serait tenté de dire que le mouvement n'avait pas d'objecti{, en tout cas -·: pas d'objectif méritant qu'on en parle. Que fa bureaucratie n'ait ni pu ni voulu donner au mouvement d'autres buts, cela se comprend trop facilement : quels pourraient-ils être ? Pour la bureaucratie, l'immense lutte populaire n'était qu'une immense cause d'embarras, car, avec les proportions qu'elle a prises, elle n'était pas utilisable. Elle aurait pu tout au plus être utilisée pour f<;>rcer Ja formation d'un gouvernement à participation socialiste ; . il est devenu rapidement clair que la bourgeoisie n'en voulait à aucun prix. Pour l'y obliger, la ' bureaucratie aurait dû radicaliser la lutte, chercher les combats de rue, s'attaquer à l'apparéil d'Etat bref, faire ce 2et qu'une bureaucratie réformiste_ à. toujours été organ,_iquement -- ' incapable de faire. D'un bout à l'aütre· de la lutte, la bureaucratie a été prise dans cette contradiction insurmontable. Radicaliser le mouvement, c'était se tourner contre cet appareil d'Etatqu'elle a dirigé hier, qu'elle se prépare à diriger à nouveau demain, dont elle fait de toute façon partie. S'opposer de front aux travailleurs c'était se couper définitivement d'eux, démolir le fondement de sa propre existence, sans grande chance. de maîtriser Jes événem~nts. De là sa tactique exclusiyement dilatoire, l'attente de l'usure- de'la grève, son refus de l'ordre de grève générale, son refus de la marche. s:ur ' "' Bruxelles, sa menace d'abandon de l'outil destinée à calmer , consenti des sacrifices énormes, d'autre et de plus important que le retrait. d'une réfor étaire à tout prendre plus bénigne que les mesures pris e Gaulle et Pinay en décembre 1958. Ce que les travai en lutte voulaient, transparaît dans 'le choix qu'ils fo urs ennemis, des immeubles qu'ils attaquent, dans, l ns qui sortent de la foule « Les banquiers doivei_ r », dans ceux qu'elle reprend le plus volontiers - es usines aux ouvriers ». Les travailleurs· voulaient lutter ntrele régime capitaliste. Mais cette volonté ils n'ont pas la formuler explicitement, ni lui donner la forme d'objecfs déterminés, d'un programme au sens le plus large de ce rme. Le prolétariat belge n'a pas pu se donner une perspecve positive, et, pour cette raison, même le côté « négatif », urement défensif de sa lutte, n'a pas pu aboutir. On se trouve donc .devant une contradiction frappante ntre la combativité de fa classe ouvrière, sa solidarité, sa onscience de son opposition en tant que classe à la classe· t. à l'Etat capitalistes, sa méfiance de la bureaucratie, d'un ôté ; et, d'un autre côté, la difficulté pour l'instanf insurmonable qu'elle rencontre pour se dégager de l'emprise de cette ureaucratie, assumer positivement la direction de ses affaires, réer ses propres institutions, formuler explicitement ses objectifs. Quelle est l'origine de cette contradiction, et comment pourra-t-elle être surmontée ? Disons tout de suite que les. grèves, belges traduisent d'une façon typique la situation du prolétariat dans une société capitaliste moderne. Tout d'abord, elles relèguent à leur juste place le Musée des monstruosités théoriques les conceptions qui proclamaient la disparition du prolétariat, la fin de la lutte des classes, etc. Dans un pays fortement industrialisé, à niveau de vie supérieur à la moyenne européenne, le prolé- tariat s'est battu comme classe contre les capîtalis_tes ; et il s'est battu contre le régime, non pas pour sa modernisation. Tout autant, elles montrent le ~aractère caduc d'un certain nombre de schémas d'un pseudo-marxisme conservateur. Ce ne sont pas les « mécanismes inexorables de l'économie- cap,i.., taliste », mais la tentative d'Eyskens d'éliminer la pagaille d'un secteur- de l'fconomie ëapitaliste, qui~ a, déclenché les luttes et failli mettre par terre la bourgeoisie belge. Mais ce que l',on constate surtout, c'est que dès qu'il lui faut passer au plan de l'action politique qui vise l'ensemble a la société -, le prolétariat rencontre des difficult I és pour 3nent cette si rière belge et avec elle du prolétariat européen ciale de la bureaucratie, et condition d'un changement ine face au problème gén elle toute seule cette expé isante et conduire simpleme n .a J ama1s nen appns a personn as fait pour en ·dégager, avec les ouvr es· leçons, pour les formuler clairement, ecti_ye positive de lutte pour la transf été. Ce travail, seule une organisation révol ire ; une organisation qui ne vise pas à lasse, ni à la diriger, mais à êtreun des i -ci utilise pour sa libération. Déjà lors de organisation, si elle avait existé, aurait pu j apital : des idées comme l'élection des Comités d édération sur le plan national, des objectifs ocialiste auraient pu être prése_ntés à la classe 'fendues devant celle-ci, et cela aurait pu nt l'allure et l'évolution des luttes. ous sommes heureux de pouvo camarades belges, avec la co Pouvoir Oùvrier de France ents à la èonstitution d'une Belgique. ,, extes qui sui vriers et intellectu Mons, de Charler . participé acti veme1 a l'autre et dont certains o tant dans leur déclenchemeLe 10 décembre, Renard vière. RENARD : II égratigne constamment les parlementaires en narquantCollard assis à sa gauche. Renard rit, rit. C'est extrêmement - gênant. On dirait qu'il parle uniquement pour Collard; qu'ils sont là tous deu pour vider une querelle à laquelle personne ne comprend goutte. : . - y A Renard aime les métallurgistes, « ses » métallurgistes, comme il dit. Il aime les wallons aussi. Pasun mot de la Flandre. Il est venu nous dire ce qu'il aime ; il s'en excuse. Il rit to'zzjozzrs, et il aime toujours les métallurgistes et les wallons. Soit. - Loi unique, enfin. Veillée d'armes, carr;arades, mais... il ne pas se presser. Nous avons tout le temps. Il faut s'organiser. COLLARD : Ton· de confidences. Comme Renard. Il ne faut plus fa-ire de la démagogie, dit-il, parlons entre nous, vous écoutez avec trop de sérieux. (C'est nouveau, ça) ... On écoute. La situation est catastrophique. Nous sommes contre la loi miique. Nous _avons. un programme : les réformes de structure. Jusque là: parfait. Analyse cibjective, pro-Jet. Entre les deua, la volonté des travailleurs. Mais il manque quelque chose au schéma : les moyensd'action. Serait-ce un détail ? _ , On écoute très attentivement les modalités de ce saut-historique. La tension monte, monte. Plus vite, Collard. Nous sommes d'accord avec vous : dites-nous ce qu'on va faire. Répoiise vague, molle. La Dolonté reste suspendue quelque part au plafond dans les banderolles. Une Internationa_le soupirée. Un type, azz fond, chante très fort, crie presque. ,Ça fait un peu mal. Après cette réunion, les ouvriers ne sont pas satisfaits. L'attitude du parti, des syryjicats n'est pas nette. Que veulent-ns ? -T•âter le terrain ? Laisser passer la loi unique : taètique électoraliste. Les f travailleurs s'énervent, s'impatientent. , a LIC· r Finalement, on se metd'accord. 'Le 14 décemôre, la veille -au mariage du roi, une manifestation réunit près de 50.000 participants en plein cour de Liége. Surpris de , la réussite de cette « journée d'àction », le camarade Renal'd hazzss'a , lè ton et harangua les ouvriers qui désiraient, tous, la grève générale. : « Grève générale au finish ? D'accord, déèréta Renard, je prends la paternité diu mozwement (sic). Mais nos camarades flamands ne sont pas prêts. Il leur faudra un certain temps. Lissez-les donc se mettre dans le bain ». Tel était le langage le-14 décembre. Pas un mot- sur lé fédéralisme. Rien que les critiques habilllelles contre la loi unique, critiques qui, à elles seules, ne pôzwaient sérieusement alimenter un mouvement aussi gén,éral. Un ollvrie1 des ACEC (filiale de Herstal) , tenta bien d'obtenir zzn durcissement cle Renard, mais il fut rapidement « canalisé » dans la manifestation. Dès cet après-midi, i.l était évident qu'on n'échapperait pas à la grève générale. En bon manager syndicaliste, Renard l'avait compris et c'est pollrquoi, au comité national FGTB dll 16 décembre, il « présenta » une motion en ce sens. Celle-ci fut reJetée. à' une faible majorité (pas plus de 16.000 mandats .,,. • sur 800.000 environ !) . Rien n'est plus faux que dire que la majorité , '- tontre la grève se trouvait exclusivement en pays /lamand. Les régio- " _nales de Gand èt d'Anvers, des sections du Rupel et d'ailleurs, avaient voté avec les mandataires wallons. 1 ,Le 12 décembre, à La Louvière, par A. Deux jours plus tard, les délégués syndicaux d,c la du Centre se réunissent. Le ton change. Une salle comble. Un orateur parle de la loi unique. On ne· comprend rien. Des délégués somnalent. ·- « Oui, chers camarades, voilà le gouvernement que nous Ces hommes qui prétendent nous diriger ne font que sang », etc., etc. \ Les délégués attendent visiblemeil.t la fin. !.'orateur est brièvement. Un membre du bureau bondit à la tribune, s'ecuse de ne pas respecter la procédure tant il est emport-é par la passion... - « Camarades, c'est des actes qu'il nous faut. Des paroles, on en a marre ». Le second a pris la parole pour ridiculiser le premier. en patois, la main à la hanche. On l'applaudit. Le président veut conclure. Remous dans la salle. Des, types i·igolent tout haut. - - « Camarades, Je pense qu'on peut lever la séance », dit le président. (Un idélégué s'esclaffe). « Le burea,zz_ propose dcmc à chaque sectezzf · de se· défendre, d'o-rganiser des grèves partielles, des meetings » ... « Des grèves d'une heure, couille !» crie un délégué. Le président semble étonné. Une lame de protestations balaie 'l'estrade. Un type se lève daps la salle, demande la parole. Il monte_ à la tribune : - - « C,amarades, Jamais dans le mouvement ouvrier, on \ 6 -- décembre, par un ouvrier de Cockerill-Ougrée. Les syndicats ont d'abord appelé à une manifestatïon nationale pour le 15 décembre. C'était le jour du mariage royal et jour de congé bfficiel. Sous la pression de la masse, la manifestation a été ramenée au 14 décembre. L'après-midi 50.000 ozwtiers se sont réunis à la place Saint-Lambert à Liége. Plusieurs pancartes réclament une grève générale. Renard a pris la parole et a conclu avec la phrase ambiguë : « Considérez-vous comme mobilisés sur, lin pied de guerre... et attendez les instructions de vos dirigeants ». La réunion s'était déroulée dans le bruit et l'agitation. Un membre des JGS était monté sur {'estrade et avait tenté de prendre la parole. Il en avait été empêché par les membres dzz parti. Le député socialiste Simon Pàque lzzî avait arraché le micro des mains et s'était adressé à la foule en ces termes: « Restez prêts à agir. La manifestation est terminée ». Liége, 20 décembre, par C. Le mardi 20 décembre des employés commun partent en grève: Les ouvriers décident de les épauler malgré l'opposition de la FGTB. Le 20, les ouvriers de Cockerill-Ougrée abandonnent le travail, un délégué syndical qui avait voulu s'opposeî- à leur mouvement· est hospitalisé. lis se rendent en groupe à l'Espêrance de Seraing et obligent les ouvriers de cette usine à débrayer malgré -l'opposition des délégués syndicaux. Puis ils obligent tes tramways cle LiégeSeraing à rentrer au dépôt. Le même phénomène se passe à Jemappe et à Flémalle - ,3 grosses usines métallm:giques : l'Es,pérance de Jemappe, Les tubes de la Meuse et Fhénix Works sont en grève encore • une fois malgré l'opposition des syndicats. Des comités de grève orqanisés par les ouvriers eu-mêmes se forment. 7-a s-eulement e n'est que le jeudi ait officiellement à faire grève. i 20 décembre, dans la région du Cent La Louvière. , _,,,, Le mardi 20 décembre, la lutte a débuté, les servi u parole. Les premiers rassemblements s'organise tèges parcourent les rues des grosses communes. Les de Bruxelles sont bloqués. Dans la région du Centre, les seuls services pu e, mais la tension était forte partout dans les en La presse de l'opposition signale, « que les mots partiellement suivis », Précisons que les ouvriers ucun mot d'ordre, ils avaient compris l'importance ple se fachait ! •• Le mardi 20 décembre, par B., de Liége. C'est le mardi 20 décembre que la loi unique vint à la Chambre. Malgré-le vote négatif du 16 décembre (1) de base des secteurs publics déclenchèrent le mouve même. Le rôle de pointe des secteurs publics s'expliq, que les dispositions prévues par la loi unique prévoyaie es mesures d'austérité concernant les retenues sur· le :,_ces agents, surtout en matière de pensions, Il ne sig s agents eurent, à priori, le rôle le plus combattif car, ertains secteurs de l'enseignement, nclamment à Liége-vz a reprise du travail dès le 11 janvier. Ce qui est rema contre, c'est que les ouvriers du secteur privé se joigni lendemain 21 décembre, dans toute la région, à ce mouv uniquement lancé par les secteurs d'employés commun ciaua, enseignants, etc. En trois jours, la paralysie fut co le bassin liégeois. Elle l'était également au port d'Anv les secteurs publics de Gand. 01L utiendra aussi que le cheminots · jcua un rôle déterminant dans le déclen grève. C'est du Namurois (des ateliers et remises Ronel) q'ùe partit le mouvement, dès le 20 décembr ucun train ne circulait dans la partie sud du pays ' confondante èombativité de la classe ouvriè et 23 décembre, à La Louvière, par D . ' décembre la grève se généralisait. Les ie, les mineurs suivaient et le préa colère des travailleurs leur avait f lus êfficace, l'arme qu'ils paient du mais l'arme décisive des qra s se battent pour leur pain, désertent les charbonn J vallonie avait croisé les I mbre, à Liége, par C. in, environ 200 ouvriers son maison syndicale. Ils huent les che econnaissance de la grève, ils jettent des. p et tentent d'entrer de force dans le bâtiment. Qu icat essayent successivement mais en pain de nt c'est un ouvrier de Cockerill qui ramène le c s la grève est reconnue par la FGTB. ns, par E. une action concertée seneuse avant le 23 décemb1 iquet fort de 150 hommes de toute tendance politiq des syndiqués chrétiens seront dans le mouveme 1 - va faire fermer les bureaux du tri p'::;stal à fermée depuis la_veille et gardée par la gendarmer ' fermer la banque nationale, les bureau des cont te centrale. Dès ce jour la vie est paralysée, les se le s voitures particulières piquets en déplaceme . La SNCB essaye de faire rouler quelques trains ezzx-ci mettent six heures pour joindre Brucelles .). Les voies sont coupées ou cbstruées à Mo e. Les piquets contrôlent t<011tes les issues de l nal. Le25 la gendarmerie est remplacée par l' trains de prestige ont disparu, on ne, les verra syndicat des cheminots aura décidé la reprise près que l'armée ait quitté les lieux et bala, s posées pour la reprise dzz travail par le sy la direction de la SNCB. , - réel d'organisation au départ a eu des répercu x tiers de la grève-: Les bonnes volontés et l'e tels que certains piquets montaient la garde24 ait énormément de non syndiqués des classes m commerçants participer aua piquets. Les ' gré des sympathies et les discussions la n issaient manuels et intellectuels dans un m Les femmes divisées en équipes se -char jour casse-crotte, café et potage. Le feu s e fit plus dure un piquet d' pl'ison était rempl-I Beaucoup partent en qrève sans attendre les mots d'ordre. Bien vite, on se rend compte que quelque chose ne tourne pas rond en Flandre. A part Anvers et Gand où les travailleurs se battent dans des conditions difficiles'. le reste du Nord ne bouge pas. Le bureau natfona'l d.e la FGTB s'est réuni à Bruelles : le mot d'ordre de grève générale a été rejeté. Par qui ? Par les Flamands. Une fédération walloné a voté aussi contre la grève générale. Les travailleurs wallons apprendront cette décision de la FGTB comme une insulte. Flamand signifie désormais droite, Haute Finance, Eglis"e. PourqiÎoi les travailleurs flamands n'ont-ils pas déclenché seuls le mouvement ? D'abord, il est coutume de dire que les flamands sont cinquante ans en arrière au point de vue prise de conscience. En Flandre, les socialistes snt minoritaires, la majorité des flamands' étant inscrits à la Centrale chrétienne (CSC) .. Mais tout en étant minoritaires en Flandre, au sein de la FGTB ils sont. majoritaires, étant donné que les flamands soll'l- . ., beaucoup plus nombreux que lès wallons. Etant donné que le mol _-',; d'ordre de 'grève générale n'est pas encore venu il ne viendra ; , jamais les régionales, ne pouvant résister à la pression de la base - en lVallonie, ont lancé le mot d'ordre : « feu vert ». Chacun se débrouille. Gancl et Anvers tiennent bon. Le 24 décembre, « La Gauche » écrit , « l'absence d'une propagande systémqtique en faveur des réformes de structure en Flandre, la passivité impardonnable de certains dirigeants syndicaux et le crétinisme parlementaire de certains autres ; le poids majeur de la CSC dans les régions fi'atiwndes et sun rôle plus oûvertement diviseur sinon traître dans ces régions ; tout cela fait qne de nombreux secteurs u débrayent plus 'lentement qu'en ·wallonie. Mais ils débrq.yent ! » Commentaires, par B. 1 ·\ La première manœuvre des dirigeants syndicau, dépassés par une grève dont ils n'avaient ni l'itl,ée, ni la direction, fut la temporisation à l'échelon national. Pendant que le 23, toute la région liégeoise organisait (?) des comités de grève dont étaient radicalement exclus. ceux-là mêmes gui avaient été à l'origine du mouvement (1wtamment à l'Espérancé-Longdoz et aizx ACEC), les responsablesnationaux ne décrétèrent pas la grève générale, saizf ceux de la CGSP (centrale cles services publics), forcés et contraints par l'allure au mouvement, tant en Flandre qu'en lVallonie. Dès ce 23 décembre, il était évident que la grève devait être gagnée le plus rapidement possible sans quoi, elle risquait de s'enliser dans les « tactiques syndicales ». Alors qu'en 1950, l'abandon de l'outil avait été décidé clans les trois jours, 'en 1961, sa' simple menace ne sera utilisée par Renard qu'au 15° jour de la grève, le 3 janvier, à Ivoz-Ramet, c'o1i1.me. une diversion à un autre mot d'ordre également dépàssé, · la marche sui Bruxelles. Celle-ci demeurait possible au soir du 23 décembre et même entre Noël et le Nouvel An. Après l.es incidents de'• Bruxelles clu 30 déceinbre devant la SA BENA, la marche sur Bruxelles devenait une folie pour la simple .raison qne les forces de répression jusque-là concentrées en Flandr_e et clans la capitale furent dirigées vers les provinces wallonnes. 'Si l'abandon ife l'outil avait été ·effectif dès le 23 décembre, si des occupations d'usines et de gares avaient été rendues pôssibles entre Noël et le Nouvel An, le gouvernement eût été contraint de disperser les « forces de l'ordre », rendant du même coup possible la marche sur Bruxelles. _En réalité, concentrées dans la capitale. et en· Flandre, 'd'abord, les forces de la répression n'eurent pratiquement pas à intervenir ailleurs avait le Nouvel An. C'est ce qui rendit vulnérables les manifestations ultérieures en Wallonie, du 2 fait qu'on avail laissé le gouvernement prendre les dz'spos_itions les "" ,.,,r, plus dures en Flandre et à Bruzelles. Si la direction syndicale avait «3 A partir du 22 décembre la grève devient générale dans tout le secteur privé et les services publics de Wallonie. Les magasins ~- d'alimentation peuvent seuls ouvri·r de 10 li. à 13 h. Les autres son/ 'fermés. Le port d'Anvers est en grève ainsi que les _services publics de Gand. " Dans chaque Maison du p.euple socialiste un comité de qrève organisé par la FGTB fonction{le .. tl distribue le trnvail à une centaine de grévistes : sabotage la nuit,, piquets de grève le Jour. Ces ir? hommes mangent et d'arment à la Maison du peuple. Le comité de, "t,,.; gTève organisé à Flémalle par. les ouvriers n'a pas été reconnu par les syndicalistes. Ces derniers recherchent même activement les memhres afin de les eclure du syndicat (ils ne les ont pas encore découverts). Les femmes préparent les repas et distribuént des. colis aux enfants ae grévistes. Elles organisent un· piquet de- grève toiirnant, tous les matins, devant la grande poste de Liége. '· · ie mouvement de grève est à son apogée le 26 décembre bien que M. Eyskens a mis le Parlement èn vacances Jusqu'au 3 janvier. Les. miliciens ont été mppelés d'Allemagne et occupent les édifices publics (gare, posté, télégraphe, etc.). Ils gro;dent les ponts, les voies , ferrées, les dépôts d'armes et d'essence. Chaque jour des manifestations et des meetings se déroulent dans le calme. \. Mais dès les premiers jours de janvier, les grévistes se montrent mécontents : on se promène pour rien (manifestations), on ne fait rien, on piétine. Les magasins . Dès -le lundi 26 décembre, les assemblées offraient à l cipants un climat de fraternité qui ne fut jamais pris en ouvriers assistaient aux réunions des commun.aux, où-ils· i 'a illeurs fréquemment. La classe ouvrière du Centre é aire entendre sa voix à Bruxelles; Bientôt, les assemblé 'evinrent des assemblées de grévistes, tous secteurs co iscussions et interventions ne furent phzs _ judicieu avec son bon sens apportait une note fraîche dans le m ·objectifs : le retrait pur et simple de la loi de nialheur des travailleurs. Les piquets de grève étaient formés d'ouvrier d'enseignants. Le rôle de ces piquets ? Sûrement travail, celui-ci avait cessé partout-depuis longte; voulaient participer activement au mouvement qu' é. C'était leur grève,! Les piquets de grève vivuie1 mais autre part, je crois, on ne pourra retrouve solidarité, de chaude fraternité. Les heures s'é scussions apportant chaque_ fois une note ·nouv s grands problèmes du moment. L'ouvrier ét ce; l'optimisme le plus complet planait au ies peut-être pour la première fois. La uai( pas la bonne humeur. Les pique tants de 'l'endroit, de décembre, iche de la FGTB, Cu lafion, certains responsables esi dre dépassé et, en fait,. il l'avaz , à la reprise du débat de la loi unique, n des députés socialistes wallons, fait ,ementaires ? Simplement parce que la FG oin- de prendre laresponsabilité d'une diversi 'putés _sc,cialistes s'étaient opposés bruyamment du débat, le 23 décembre, au soir, on fut ainsi ar une opposition « légale » qui, le- 3 janvier ne f question de la loi unique dans la rue. Au co la voie de garage oz'z · loger désespérément la t . Ce-tte voie fut le fédéralisme. Violents, phr s, le 23 décembre ; '- les socialistes redevinrent, osition « respectueuse » de Sa Majesté Eyskens, la mort d'un gré.piste, d'arrestations sans nombre, nvier, le féd_érglisme était devenu un- moyen d'ente s sur les Comités de grève, par D., de La Louvi nent des grèves était coor.donné par des comit eut-on dire que les menÎbres ont été choisis par ndrons-nous qu'ils ont été nommés par les organisas ? L'installation des comités de grève ne fut pas le 'lection. Personnellement, je crois qu'il eût été difficile t. Ayant pris l'lwbitud_e cle nous réunir tous ensemble_, e l'on retrouve à la table du bureau les délégués s les corporations. Ce fut en q1Zelque .sorte l'instals ayant reçu l'investiture avant. que la grè,ve ne soit es travailleurs était crislallisée autour de leurs ci ont-ils fait. l'objet de critiques? Oui. ? Les ouvriers réclamaient la marche sur Bru grève n'ont jamais pu leur offrir cette manifest ernns au crédit des comités· de grève,· l'-organ·i Ils journalières; de réunions anim'ées où chacun e la situation,_ dresser l'éventail des nouvelles d t de la g'rève à « L'Espérance » : réci liégeois. une des grandes entreprises de s 'Fspérance » qui est un pe · y Aouvriers. En fait, nous avions commencé depuis plusieurs mois un travail d'eaplication et de critiquedu réformisme deschefs syndicaua FGTB. Les employés communaua groupés dans la CGSP avazenl déclenché leur grèvele mardi 20 décembre. D'autre part, un arrêt de trnvail de 24 heures dans la métallui'gie était étudié par les syndicats pour le début janvier. Dès que les communaua furent en grève, l'agitation fut extrême dans notre boite. Des réunions spontanées se produisaient, tout le monde parlait de s'arrêter, c'ëtait une véritable anarchie. On était gonflé à bloc, personne n'aurait pu nous arrêter. Nous avons ainsi pu organiser une Assemblée Générale de l'usine le mercredi matin, nous c'est-à-dire quelques copains JGS et communistes qui peuvent se compter sur les doigts d'une seule main. Cette assemblée a voté la grève · malgré l'opposition des délégués syndicaux. Ces délégués ont même essayé à la fin de l'assemblée générale de rester avec quelques types pollr faire une contre-réunion condamnant la grève mais la chose s'est sue et nous les avons pour- ± suivis dans l'usine pour leur casser la gueule. Je crois qu'il y en a , un qui est encqre à l'hôpital car les gars étaient mauvais. Un comité -de grève dont je fis partie fut élu au cours de cette assemblée. Nous étions donc 3 camarades (2 communistes et moi) pour diriger la grève « dans cette usine. C'est le jeudi, à 10 heures, donc 2 jours après le début de notre mouvement, que la FGTB reconnut la grève. Une réunion eut lieu avec les délégués des syndicats. Le mouvement entrait dans, sa phase officielle. Le jour suivant (vendredi 23) des bonzes de la FGTB descendirent à l'usine el organisèrent iw grand meeting au cours duquel ils firent éliI'e le comité de g1:ève officiel. No,tre action des jours précédents fut tout simplement ignorée. Quelques copains firent bien des prises de parole en notre faveur mais nous ne sommes pas très orateurs et les chefs syndicaux se tirèrent très bien de l'affaire. Au' surplus, il faut dire que peu d'ouvriers se levèrent pour nous soutenir. Après cette réunion, nous' n'étions plus rien. Nous sommes donc allés nous intégrer dans les piquets de grève qui sont organisés sur une base locale par les Maisons du Peuple de chaque commune. Ces Maisons du Peuple sont chapeautées 'par la Grande Maisqn du Peuple de Liége. è'est là qué des comités régionaua organisent la grève (tour de roulement pour les piquets, organisation des concentrations, etc.). De A., de La Louvière. Vans la région du Centre, les comités de grève firent leur ppaF-ition vers· les 24 et· 25 décembre, soit quatre ou cinq jours àprèsle 20 décembre, au moment où la' région était complètement paralysée. Un peu partout, des groupes de délégués syndicaux s'iiistituè- rent en comités de grève. Les grévistes, dès le début, se méfièrent. Certes, ils reconnaissaient la néc_essité de coordonner l'action des piquets de grève, de centraliser les renseignements, de prendre des mesures d'intérêt général (faire respecter les restrictions de corant, surveiller. les heures de fermeture des magasins, etc.) en un mot la nécessité d'assurer la bonne marche de la grève, mais ils doutaient des hommes qui en prenaient la responsabilité. L'avant-jarde des grévistes, connaissant la culbute de la FGTB, craignait une emprise de la bureaucratie sr le mouvement, sous quelque forme que· ce soit-. Ce comité se faisait auprès de là base l'interprète des décisions d'une FGTB dont l'efficacité devenait de plus en plus problématique. En 'plus, les destinées de la grève étaient près d'être ·plongées dans les ténèbres quand ce comité déclarait : << Il y a parmi nous des espions. Nous ne pcuvons pas- tout vous dire ». Quoi qu'il en soit. les grévistes entérinèrent la création de ce comité. L'av_ant-garde n'avait pas pris les devants en prévoyant l'érection de délégués de la - base. Le sentiment général fut : « Soit. Nous vous faisons confiance quelques jours. Mais nous vous tenons à l'œil ». Les membres de ces comités de grève n'étaient pas des jaunes déclarés mais, la plupart du temps, des délégués dévoués, courageua, soumis .....,... très souvent 14 ns u e-deua guerres, n'aient pas eu le 111.es-â eux. Diti_ons tout de même que dans cert e d'élection tacite a eu lieu: les grévistes ont en 'e des éléments, manuels et intellectuels, qui leur se s ap-tes- à défenai;_e la grève.- Et c'est évidemment ces c ase rJ!:ait représentée, qui se sont montrés les plus luci us dynamiques. Mais, soit composés de délégués syndica eillés » _par la base, soit composés de délégués élus par la ba mités n'ont jamais existé qu'à l'échelle locale: ll faut tirer expérience la règle suivaide : « Des centaines de comités loca caces soient-ils, ne remplacent jamais un comité régional » ( a bureaucratie syndicale a corporatisé la grève, témoignant d'u aigu du compartimentage. Malgré les demandes répétées de l e, il n'y a jamais eu d'assemblées de grévistes_ en tant que tels. n'assista qu'à des assemblées de grévistes par secteurs gardésousement clos. Evidemment, il est impossible de réunir dans une le tous les grévistes. Là aussi le problème des délégués élus et ucables était à poser, délégués dont le rôle eût consisté à défendre ns des assemblées élargies les motions votées clans les réunions cales ou ·dans les. diffêrents seéteurs. Le problème des délégués de' base n'a touché les ouvriers une minorité qu'au cours de la· ·ève. _Comme dès lors, il. devenait extrêniement difficile,. quoi qu'on se, de déloger quelque membre de ces comités arbitrairement 1slaurés, l'avant-garde s'est limitée à exërcer une pression constante, informer, à prévenir les grévistes de toute manuvre. Voici le motif généralement invoqué par les comités po.ur empê- her toute réunion cle grévistes : « Il y a des problèmes techniques ropres à ,chaque secteur, et qui n'intéressent pas les autres. secteurs ». cela on pouvait répondre que des assemblées techniques n'empê- ent nullement des assemblée·s de délégnés-grévistes pour trace1· des · erspectives politiques. On peut dire que ces comités de grève ont fait objet d'une constante préoccupation, car les grévistes se J'endaieni ompte que le jii·oblème en son entier cristallisait les chances d'une éritable action lancée et menée· à son terme par la base. Ques.tion.- - Là où les délégllés d'e la base ont e.xisté, par quel ais les grévistes les ont-ils imposés ? - Réponse. Question de procédure importante. Comme la majo- ·ité des travailleurs n'osent pas encore se déclarer ouvertement contre es responsables syndic, il fallait trouver un prétexté (2). (Signa~ ons tout cle même que, vu la « nonchalance » de la FGTB à lancer e mot d'ordre de grève générale, des grévistes, clans certaines loca-· ités, ne mâchêrent plus leurs mots et n'hésitèrent plns à défjoulonner es délégués i'ncapables ou hésitants). Le prétexte fut simple : le eisonnel syndical est insuffisant quantitativemçnt (lisons qualitavement) ; il faut l'aider, clone envoyons des hommes qui, au cors e la grève, se sont réÛélés les plus décidés, non à organiser un mité de soupe populaire, mais à imposer une ligne politique-gréviste ir- delà la tête des délégués syndicaux . (1) Signalons toutefois que pour pallier ce manque de coordination à l'échelle régionale, les grévistes ont senti le besoin d'envoyer des estafettes d'assemblée en assemblée pour prendre la tempéraluxe cles localités voisines. , (2) Dans certaines régions, à Charleroi, à La Louvière, pal ;_ ~~ exemple, des, responsables syndicaux ont été hués publiquement, mais ' néanmoins, cette démystification, très significative pour l'avenir,, n'a _ pas abouti dans, l'immédiat à unedirection totale du mouvement par les grévistes. " .. .....,, 5% Adécembre. eures du matin. C'est le ·septième jour _ n kiosque j'achète Le Peuple, organe of, une graiide manifestation pour ce 'matin. on m'indique l'endroit où se trouve 1es t d'une heure, je les rattrape alors qu'ils sont s isperser. Encore deux ou trois mille personnes occ our. Un tram a été encerclé et son pare-brise cassé. L un autre tram. Des placards proclament « NON à la « Pourquoi est-ce toujours nous qui payons ? ». « E sion », chante la foule sur l'air des lampions. D' « Eyskens, au poteau ». Il y a un tas de jeunes ici. La foule se met à défiler dans une des grandes c_iales, chantant l'Internationale. La police, de façon i un cordon d'une trentaine d'hommes devant la foule. qu'une seule rangée. Tranquillement, la foule fait le fou ou même le traverse, et continue son chemin tout en ch criant.J'aperçois les banderolles des JGS. Ils ont été très d'apprendre que des gens en Grande-Bretagne _suivaient lem si près. On fraterniseen quelques minutes. « C'est une c d'entre eua me dit, que ni vos dirigeants ni les nôtres ne jamais comprendre ».' y 9 heures du soir. Avec le piquet devant la Poste Central de tri. Des postiers étaient allés au JGS demander douzaine de camarades viennent immédiatement, d'a gnent ensuite. La majorité des 2 000 postiers sont en gJ'ève "dep Les jaunes travaillent, protégés par des paras d mi gendarmes. Tout le courrier de Bruxelles passe maint poste. Une seule entrée est utilisée et elle est bien gard se relaient jour et nuit car les autorités sont consciente sité de maintenir ne fut-ce qu'un personnel très réduit. transportent les jaunes. lls sont copieusement sifflés. Lede 50 hommes ne peut approcher l'entrée du dépôt · 0 mètres, aussi tout contact verbal. ou· physique avec- le mpossible. Il y a donc peu à faire, mais les gars du pique onscients que leurs dirigeants de la nécessité de mainteni mportant. On me répète à chaque instant que c'est un e la grève .à Bruxelles. Il fait_ très froid. Nous arpentons le trottoir entre des camions de jaunes. Un petit nombre seulement sont Les autres des militants des autres 'syndicats, du P Un jeune postier me dit qu'il y avait les pre mmense piquet formé de postiers. « Mais il y a · · "' ous envoyons maintenant un piquet symb 1 vaille ». Je le questionne au sujet de lorg tes. 50 % apan'' lies, àffili 'icale. Le au, l'élection pe chrétiens deu, et les voit trop rarement ». ent des gendarmés passent sur le ternationale. u soir. Assemblée générale aux JGS. Environ ' r des caisses ou des chaises défoncées. Un tiers de fz emble_ avoir plus de trente ans. Sur les murs des a de la révolution algérienne, de leurs propres activi it de Lénine. Ils ont déjà discuté de ce qu'ils alla demain. Certains slogans ont étédécidés : « Eyskens « Grève jusqu'au bout » - « Aux banquiers de paye ldats avec nous » « Les usines aua ouvriers ». D ont été chargés de contacter les Jeunesses Commzzni e action commune jeudi prochain. nesses Communistes ont accepté tous les slogans sauf es usines auz ouvriers ». La délégation a alors décidé gan « offensant ». Mais l'assemblée proteste à l'annon elle. « Mandat dépassé » entend-t-on de toute part. U ion des délégués et soutient le slogqn iÏ1criminé. Le hargés de contacter les J.C. et de leur dire : « nou arément s'il le faut, mais nous passerons les slogan ns ». es sont faites. 'Le lendemain le slogan << Les' sera repris plusieurs fois par la foule. Les jo os des camarades avec cette pancarte. La· Télé l'aura sage aura été porté à des dizaines de milliers de res. 'hui, la grève s'est encore étendue. 35 000 métallurgistes 'e de la Senne ont quitté le travail. La grève s'est 'étendue Raguneau, Métallurgia, Rateau, Acomal et Triumph. Elle pres, Courtraiet Alost ; l'ameublement à Malines et ' la chaussure à Termonde. · l des manifestations massives à Bruges et à Gand où 1 0 aient dans la rue. Il y a eu des bagarres avec la ics ont dit aux grévistes : « Vous pouvez avoir i vous le voulez ». - , nous raconte un camarade, les grévistes ont nt les bureau de poste où quelques jaunes t ar la police. Tout usager est envoyé cm bou patience et s'en va. Un par un les grévistes imbres à· dix centimes en tendant des bil t de la monnaie, disant a jaune : « Dé or ça ». ? décembre. , a; une foulenots, les traminots, les employés des postes, les employés munioipcmx, -ceux de_s bureaux, les vendeuses, les ronds de cuir, des jeunes, des vieua, dès vétérans, et des . gens qui participent à ce ,genre de choses pour la première fois, tous unis dans la lutte contre les récentes décisions du gouvernement, tous bien résolus à dire : « on, ça va pas toujours être sur notre dos qu'ils vont résoudre leurs problèmes ». C'est un spectacle impressionnant. La foule envahit la rue, se répand dans toutes les rues avoisinantes, les vendeurs de journaua distribuent Le- Peuple (journal, du parti socialiste), La _ Wallonie- (.journal des syndicats liégeois), Le Drapeau rouge (journal du parti communiste), et La Gauche (journal .de gauche du parti socialiste). Ils en vendent beaucoup. Les gens sont de bonne huer. lls achètent tous les journaux qu'ils peuvent, car ils sont avides de nouvelles. Ils sont heureua du spectacle de . leur propre nombre. Onfiae des haut-parleurs sur le rebord des fenêtres de la Mais<. 1i-- du Peuplé. Les dirigeants des syndicats et cles partis haranguerît. la foule, assurent qu'ils se battront jusqu'au boui, qu'ils ne feront pas de compromis, que' la loi unique ne sera pas amendée, mais rejetée en bloc, que le mouvement s'étend et que le gouvernement est forcé- ment impressionné par la force numérique et la discipline des milliers de grévistes. La foule est heureuse d'entendre tout cela. Des contingents de quelques grandes villes comme Gand, Anvers, Liéqe, défilent dans les rues et sont bruyamment applaudis. Finalement la procession, déploie des, banderolles cléùonçant la loi unique en français et en flamand. · · Lentement les manifestants progressent jusqu'à la « zone neutre » du Parlement et où il est interdit de pénétrer. La zone est entourée par des barbelés et pleine . de gardes . à cheval, de troupes avec des. Jeeps, de détachements de gendarmerie, de pompes dincendie... Une petite délégation de l'Action Commune est autorisée à 'pénétrer et est reçue par le Premier Ministre. Le défilé se poursuit à travers les rues augmentant sans cesse de volume. En passant devant les grosses. banques le slogan « Les banquiers doivent payer » est repris par les manifestants. Les fenêtres de certadnes banques sont bombardées avec tles boulons dont les manifestants semblent abondamment pourvus.- Les flics qui bordent le trottoir semblent complètement désemparés. A un moment ils tentent d'entourer quelqu'un qui veut jeter une grosse brique. Un grondement de colère de la foule les repousse. Certains projectiles ratent leur but mais retombent sur le frottoir. Rendus confiants par leur nombre, les gens uont les récupérer azzx pieds même des flies. Le rapport des forces n'est plus ce qu'il était hier devant la Poste. " La presse socialiste commente ainsi : « après di jours de 'grève très dure, les manifestants de jeudi n'ont pas montré d'hostilité à i'égard des commerçants du Centre. Si des fenêtres ont été saccagées dans quelques entreprises représentant le grand capital, c'est que les ouvriers se 'rendent bien compte d'où vient l'{lgression menaçant leurs conquêtes sociales ». Quel aveu de la part du porte-parole du parti social-démocrate ! Jll archant à trente de front, occupant toute la largeur du. bozzlevard, la procession s'étend à perte de vue• L'Internationale est reprise à tout instant. Il y a maintenant beaucoup de jeunes dans les tout premiers rangs. Ils chantent de tout leur cour. Je ne puis s m'empêcher de songer que voilà la réponse à ceua qui disent que la jeunesse est. dépolitisée, que le prolétariat n'eaiste plus, qu'il s'est . désintégré avec l'abondance capitaliste ou a été intégré dans la structure capitaliste. Le slogan « les usines au ouvriers » est repris à chaque instant rencontrant un écho de plus en plus grand. Toutefois le plus populaire est sans aucun doute « Eyskens au poteau ». Après une heure de marche nous atteignons la place Fontainas où un grand meeting devait avoir lieu. C'est ici que la dispersion est décidée. La tête du mouvement est prise alors par les JGS et par g petit nombre de militants de Liége et d'Anvers. Ils en ont discuté , t : « A l'ac l'ordre de dispersion venant du hautrdon du service d'ordre est là. Trois cents, quatre ce nts personnes ont maintenant 'brisé le barrage. Les offici des syndicalistes et des parlementaires réussissent à le rétab e vingtaine de camarades du groupe de· tête, coupé du reste so cJés derrière le cordon. A nouveau les slogans reprennent, la fou jette à travers la barrière. Le flot ne peut plus être contenu. D liers de personnes tournent le dos à la place Fontainas et se pré nt vers' la Poste. · Le lendemain la presse socialiste décrira l'incident ainsi : « Le ifestants ayant atteint la place Fontainas ne s'arrêtèrent pas me prévu mais filèrent vers le Midi qui était gardé par d'importes forces de· police ». En fait la pression de la feule avait été si nde que le journal était forcé d'assumer la responsabilité des nements : « ce n'était pas le iait d'agitateurs excités. La mer aine...._qzzi avait surpris les militants de l'Action Commune était la nifestation d'une authentique explosion de colère, qui quoique uvant prendre parfois des formes violentes, n'en est pas moins. itime quant à ses motifs ».- · La procession avance vers la Poste. Un tram est repéré dans une latérale par quelqzzes manifestants qui le prennent en chasse. Le uffeur accélère et échappe de Justesse. Les camarades en tête rrêtent, les rangs se reforment. Une foule peut faire preuve de mcoup de discipline quand elle s'est fixée des objectifs de son oix. La procession regroupée avance. Il est évident que la police se trouve aussi surprise que les dirigeants syndicaux. Seuls une trentaine de gendarmes à cheval et une douzaine à pied sont devant la Poste. Ils sont hués. Les chevaux se cabrent et désarçonnent deux__ cle lenrs cavaliers tandis que la foule jette des boulons clans les rangs de la police. Comme les gendarmes ne tentent pas d'intervenir la· foule les abandom~e. A la Poste toutes les fenêtres du rez-de-chaussée sont brisées et certaines du premier aussi. Les pierres pleuvent sur l'immeuble pour à peu près dix minutes. Sous le regard impuissant d'une cinquantaine de flics terrorisés, les manifestants s'emparent de boîtes à ordures, et les vident dans les bureaux où travaillent les jaunes. Un de ces camions qui servent à amener les jaunes au travail . est renversé. Finalement les renforts de police apparaissent. Mais ce n'est que sous la menace des sabres et des revolvers chargés que la rue est évacuée: La foule se retire vers la place Fontainas .où Gedhof, délégué syndical de; la Sabena, leur parle: Il annonce que 65 % du personnel de la Sabena est erî grève, mais que M. Dieu, le directeur a décidé que les sanctions les plus sévères seraient prises contre les grévistes. « M. Dieu se croit toujours au Congo ; pendant des années il t commandé des noirs ; il pense pouvoir faire pareil avec nous ». Liége, jeudi 29 décembre. La grève est ici bien plus étendue qu'à Bruxelles. Tous les transports publics sont arrêtés depuis plusieurs jouis. Plusieurs grands magasins sont fermés. D'autres obéissent à la requête de la FGTB et n'ouvrent que de dix heures du matin à une heure de l'après-midi. ·Des groupes d'environ✓izne douzaine de policiers parcourent les rues. Des groupes de grévistes se rassemblent pour discuter. Beaucoup de gens se sol].t groupés devant les bureau du journal local de la FGTB la Wallonie. Plusieurs lisent le dernier numéro qui est placardé. 19'' un appel s, emandait de fraterniser avec les fJ-J'évistes ·iseurs -de grève ; de ne pas étre traitres à leur p , le pins dramatique des documents, ,dans lg. gn laborieuse belge, mécontente le gouvernement. rdre de Bruzelles, les officiers de la justice ace et d'un Procurenr du Roi, avaient la vile besog fiches et de forcer les serrures des vitrines d'affic de No~ël les bureaux du journal, les locau syndicau , les maisons des dirigeants et des militants syndic uisitionnées et partout le journal fut saisi. Dans son numéro- suivant, le journal annonça harclime1 allonie n'a pas l'intention de se taire. Elle continuera com ·avant de combattre· pour la bonne callse. Et on ne l'empêc e faire son devoir même si elle est menacée de saisie ». L'article interdit fut repris par deux 'autres journaux so e ]\,[onde du Travail et le Peuple qui furent saisis à leur t groupes de jeunes socialistes et de jeunes syndicalistes plac les murs cle la _ville d'affiches reproduisant l'appel. Je sen:,; qu'à cet état de la lutte, la Maison du Peuple va un point crucial. Le rez-de-chaussée est un énorme restaurant ratif où le café est servi g_f-.atuitement aux grévistes à toute h our et de la nuit. Au-dessus, des groupes d'e camarades syndi t socialistes sont en réunion permanente, dans les burea 'n orme drapeau rouge pend au fenêtres du premier étage. Je leur eaplique ce que je viens de faire. Plusieurs càn1t àcceptent gentiment de me conduire à divers endroits. Tandi j'attends je discute avec plusieurs personnes. D'abord avec un be « Nr;Ùs avons arrêté le travail le prem.ier jour. C'est même Zll nous qui avons commencé tout. Mais ils ne purent le support saleté leur fait peur. Nous avons été réquisitionnés le quatrièm Un gendarme, armé, à vélomotèw•, est venu nous chercher avec l'ordn de réquisition., Le lendemain nous devions n à notre dépôt habituel. Et j'avais dit à ma femme de ne la porte ! Le flic entra et jeta le papier sur la table. S' pas on le mettra au bloc. Ils ont fait une· loi en 1789 qui le de le faire. Nous en avons discuté entre nous, nous ne· vo ,.,re - en tôle des jours comme cela. Mauvaispour la sa nsait, la tôle. On pouvait pas. faire grand'chose der rreua. Alors on est allé travailler le lendemain ... en po il me montra des affiches qu'ils avaient mis par-dessu réquisitionnés de force », « Solidarité avec lesqrévist lni unique » .. Un cheminot me raconte les événements de ce ma re des Guillemins. De très bonne heure un camion des p r des jaunes apportait des tas de _journaux de droite camion devait être déchargé à la gare dans un dépôt irement. Il avait été repéré par le piquet des~che1 voir atteindre le dépôt: Son contenu fitun éno vit ua piquets pour se chauffer. wait fait to , ui se trouvai édiatement et reprirent le vait 100 femmes, minten ets de grève où des femme as de l'immunité pal'lementa nte. Plusieurs centaines de gens se re al du quartier général du FGTB. Là; ils ier de grévistes qui déambulaient sans but retrouve. environ 2 000 à attendre qu'il se il ne se passe rien.· On ressent péniblement rusquement, un groupe de jeunes travaillez A l'action ! A l'action ! »_ La foule reprend ne de jeunes se précipitent vers la porte du n va les secouer ». Un officiel de troisième ordre mon son nez et improvise un discours sur la discipline. P irigeant plus important qui se met à parler brillammen ·tre unis dans l'action. Allons tous à· la gat·e ! » La fo enthousiasme, mais leur conception d'une marche sur nifestement différente de celle des dirigeants. Ils se me « les paras à l'usine ». La température monte. Le cortè ilomètre environ. 11 est alors dépassé par une camio du syndicat munie d'un haut-parleur. Le cortè ancartes et· des calicots sont. distribués aux manife la Loi », « Eyskens, démission », « la Wallonie haut-parleurs diffusent les slogans des dirigeants ·end dç façon mitigée. le cortège atteint la place 1 deux fois le· tour; à bonne distance des gendarme trottoir, et se disperse. de l'après-midi. Un jeune camarade a accepté de raing, la grande banlieue industrielle cle Liége. C'est l ·édilection de Renard, le ceur de la' grève. C'est là qu lliers de 'J:1étallos et de mécaniciens qui travaillent da • industriel de Cokerill-Oqrée. J'appris plus tard q usines dans ce secteur avaient été fermées par les patro dès qu'ils avaient compris que fa grève serait généra minées fument quand même : par un accord mutuel, sécurité ont été maintenues. · ace d'abandonnerl'outil était l'atout de Renard, le som égie. Un certain nombre d'ouvriers n'étaient pas d'acco bien gagnei- la grève et hériter d'un dés'erl. Coc.kerill-Ou us de 25 OOQ hommes . Si on éteint les hauts-fourneaua entre nous seront sans travail pendant des mois ». e à Serning est totale. Seules les épiceries sont oiw t à certains moments permis par. fos syndicats. •nment ca.lme ; pas un policier, pas un piq u d'enfants dans les rues. Cà et l sant rien. uple où il y'a vais-je _pas lu. les journauac ? Tout es que j'espérais ? » ~st-ce qué les méthodes actue suffisantes pour faire capituler le gouvernement ? « nous yréfléchissions. A chaque jour ses tâches cependa marche sur Bruzelles ? « Oui, mais il faudrait une décision na nale ». - 5 heures de l'après-midi. ous retournons pr une autre route, le long de la rivière, et nous entrons à Liége par les faubourgs surpeuplés d'Outre-Meuse. Comme nous atteignons le. quai sur la rivière Ourthe, une vision inoubliable s'offrit à notre regard. A ," 300 mètres de là, un pont traverse la rivière. Un cortège traverse le ' - pont, trois énormes drapeau rouges en tête; on entend les accents de l'Internatio.nale. Nozzs rejoignons rapidement 'le cortège quî est complètement différent de ceux que nous avons vus jusqu'ici ; il es! entièrement composé de jeunes gens. Il s'est formé spontanément aussitôt que la nouvelle s'est répandue qu'un jeune peintre avait été tué le matin dans une manifestation ·à Bruxelles. A la tête du cortège une grande pancarte : « \Eyskens assassin. A Brucelles aujourd'hui un mort, dia blessés ». En vingt minutes le cortège est doublé de grosseur. ·Tout le monde chantait l'Internationalè avec passion. Un très jeune homme harangua alol'S la foule : « Voilà leur vrai visage, voici ce qui nous attend. Qu'est-ce qu'on peut faire'? Au parti et au syndicat ils se contentent de bavarder, le gouvernement temporise. Le temps ne joue pas en notre faveur. On devrait faire quelque chose d'autre ». Les autres sont d'accord. L'idée d'une marche SUI' Bruxelles est accueillie avec enthousiasme. Mais qui l'organisera ? Les partis? Les synâicats ? Mais ils ne veulent pas d'une telle marche ; ou bien ils veulent s'en servir comme une soupape de sécurité. Qu'est-ce qu'on peut faire lors ? « On peut répandre l'idée de cette marche. On doit nous-mêmes contacter les gens dans d'autres villes. Personne ne le fera pour nous ». D'autres 1-'ratezzrs parlent sur le même ton. Le éortège retourne en ville et dépose une protestation à ['Hôtel de Ville (la seule chose qu'il puisse faire actuellement) .el se disperse. Une pluie dense se met à tomber. 8 heures du soir. Dans la voiture d'un camarade du PSB de Liége nous visitons plusieurs Maisons du Peuple aux environs de Liége. Elles ressemblent beaucoup ua: Workingmen's clubs en Angleterre. Ce sont les quartiers généraux de la, grève. C'est ici que les gréviste;; se présentent tous les jours ou tous les deux jours selon la région ou selon leur occupation. C'est ici que les allocations de_ gFève sont versées. Bien qu'elles varient avec les régions, elles sont en moyenne de trois mille francs français par semaine. Les fonds de solidarité qui arrivent de plus en plus de tout le pays et d'e la nourriture grntuite sont distribués ici aux familles· dans le besoin. Les « Poplaires » sont aussi des centres de distribution pour les jouPnaux de la classe travailleuse. C'est ici que l'On é-tablit la rotation des piquets et d'autres décisions locales importantes. Avant la grève les Maisons du Peuple avaient surtout une fonction récréative. Plusieurs projetaient régulièrement des films « socialistes ». Non loin de là, nous passons- sur un pont qui enjambe la ligne Bru:relles-Liége. Un soldat est assis seul sur le parapet, une mitraillette d'un côté et un thermos de l'autre.· Il converse avec trois cheminots qui viennent de lui apporter de la soupe fumante. Quand ils l'ont quitté je vais le voir et lui dit qui je suis. Il a l'air sympathique. Il me dit qu'il discute avec les gens d'ici tous les soirs. Il a été rappelé ,._ d'Allemagne il y a 3 jours. Non, il n'est pas un conscrit, il a fait son" service puis s'est rengagé. Son père est maçon à Namur. Que penset-il de. la grève ? Il n'y a pas moyen de faire autrement ! A-t-il entendu parler de l'appel dans le numéro· saisi de la Wallonie ? Bien sûr / Alors ? Il me regarde droit dans les 'yeux : « Je nè tirerai 1 jamais sur pareil à moi! » (en français dans le tete, N. du Tr.)• Liége, vendredi 30 _ ah. a.. 6 heures du matin. Avec le piquet de grève, à lettérieur dela gare' de Vuillemins. C'est un -des endroits importants: il y a au moins 80 hommes qui font le piquet. Ils sont de bonne humeur : les • événements d'hier matin ont réchauffé les cours. h. .II ne se passe rien de très important : il est trop tôtpour que « Messieurs les Gendarmes » fassent une apparition. _" Le piquet est composé d'éléments divers : des postiers, des cheminots, des mécaniciens, des employés de bureau, mineur; c'est à lui que j'adresse la ·parole : il travaille dans un petit puits d Milmott. Ce puits emploie 450 hommes de fond, 150 à la surface. Ils se sont mis en grève mercredi- 21 décembre, dès qu'ils ont appris que les employés nwnicipaux de Liège avaient' débrayé. « Rien n'cizzrait p11 nous u.Hêfer. · Cela faisait des semaines que l'on s'agitait contre la Lei Unique. Tous les hommes étaient prêts pour l'action. Les chefs syndicalistes temporisaient... Puis ce fut' comme une grande vaque, en quelques heures tous les mineurs avaient quitté leur travail. La décision officielle ne vint que 24 heures plus tard ! » , D'autres piquets nous fil'ent le même récit : solidarité spontanée et massive à· la base, puis décision officielle qui ne fait que ratifier le fait établi. Néanmoins une' fois que la machine. bureaucratique se fut mise en marche, cela donna une impulsion plus grande à la lutte. -- Liége, samedi 31 décembre. 10 heures du· matin. Théo Degace, le député communiste de Liége, Z.- tient un meeting en plein air sur la plaèe de la République française. y Il y a environ 600 auditeurs. ll y a trop peu de contact, dit-il, entre · les organisations officielles et les grévistes. Il avertit la foule de se méfier des agitateurs et des provocateurs. Pour lui, la tâche principale est d'empêcher que· 1a Loi Unique\'ioit votée à la session du Parlement du 3 janvier. Un tract officiel du parti communiste est distribué pendant le méeting. Il se termine ainsi : « Si, malgré la volonté populaire, la majorité réactionnaire du. Parlement devait continuer à supporter la Loi Unique, la llltte continuerait. Qzze le gouvernement n'ait aucun doute là-dessùs ! Un Parlement qui s'oppose de manière si fldgrante à l'opinion publiqlle devrait êfre dissous sans délai'! Les grévistes sont forts, Surtout pas d'actes irresponsables qui JJourraient nous affaiblir ». La foule écoute sans grand enthousiasme. Les étiquettes sont -".:' • , différentes mais· les remèdes sont les mêmes. 10 heures du matin. Une manifestatin de deuil pour la mort d'un peintre à Bruxelles a été al'J'angée à la hâte par l'Action 'Commune. On manifestera en silence. Pas de banderolles. Seuls des drapeaux rouges bordés de noir seront alllorisés. « C'e_st le ciel qui leur envoie cette occasion· » me dit un jeune employé de banque. « Ca leur permettra de contenir le mouvement un peu plus longtemps. Sans l'excuse d'un défilé en silence il y aurait eu vraiment de la bagarre aujourd'hui ». Le cortège commence, à 6 000 (lnviron. Pendant la première demiheure on ne crie ni ne chante. Les yens se racontent leurs epériences et commentent les événements des dernières journées. Le cortège a maintenant traversé le fleuve. Les premiers incidents se produisent alors que nous passons devant un grand magasin qui n'a pas obéi à l'ordre de la FGTB de fermer. Un grollpe de manifestants entrent, l'air menaçant. Le service d'ordre intervient à la hâte. C'est eux qui vont parler au directeur. Les manifestants sortent, mécontents, mais attendant dehors. Après quelques minutes, les volets sont baissés. Le directeur a décidé de participer au deuil ! Un peu plus loin nous passons une pancarte de « l'Union de la Classe Moyenne » qui dit « LIBERTE D'ABORD ». Ce qui doit signifier la libÙté pour les jaunes de travailler et pozzr le Gouvernement d'utiliser tous les moyens de briser, la grève. Le propriétaire de la 1auc11e. us ne se font aucune illusi es partis et des syndicats. Mais ils contin lutions peuvent être apportées au sein des s. L'idée qu'ils devraient s'unir et tirer un sectarisme. Ernest Mandel, éditer de La Gauche, écrit da éciale du 24 décembre : « Les ouvriers craignent qu présent gouvernement le Parti Socialiste n'entre dans « afin d'éviter que lé pays ne devienne ingouvernable majorité des grévistes ne tolérera un tel renversement de (parlementaires) quesi : a) le nouveau gouvernement abandonne ~la Loi Uniquè. on seulement les mesures d'austérité, mais aussi l'augmeI · pôts indirects. b) que le nouveau programme ministériel retienne l'es réformes de structure ». Si ces deux conditions ne sont pa n doit s'opposer absolument à toute participation soci vernement dont le but serait de terminer la grève ». Mandel croit que de tels objectifs peuvent être atteints s députés bourgeois. Sozzs le titre « Moments décisif's Une nouvelle majorité parlementaire réalisée sur le re oi Unique et le vote d'une réforme fiscale et des « r ructure » pourrait bien émerger. Il suffirait que les émocrates écoutent les voix, de leurs électeurs et, sous la grève, se rangent au opinions de ceux qu'ils repré 3 heures de l'après-midi. Nous revenons à Bruxell etite Citroën. D'autres souvenirs affluent à ma mémoir thie à l'égard des grévistes de la part des petits bouti bistrots ; les fermiers fournissant des légumes gratis cm Peuple ; des hommes, des femmes, des enfants, n'ayan depuis plusieurs jours, aua piquets, comme agents de li" cipant à des meetings, des marches, des manifestation décidés à e,rprimer lellr yolonté, sentant bien pour un u'ils font, ce qu'ils. pensent a vraiment de l'importanc e l'anonymat de leur vie de tous les jours et confront e leur nombre, de leur cohésion, de leur force... La. solidarité fut immense daris cette grève. Au débu le ministre de l'Intérieur avait demandé à tous les bou signaler tous les fonctionnaires absents de leur'travail. L mestres socialistes ont décidé de ne: tenir aucun compt du ministre et proclamé leur entière solidarité tvec le Liége. Il en fut de même d Verviers, Nivelles, Charler dans le Borinage. w Le pouvoir est sans force, l'initiative est au mai1 travailleuse. Je me rappelle une conversalion avec de Liége. « Les dirigeants nous disent de- faire ceci,_ ons plus. C'est à nous, les ouvriers, de décider. C'est ns descendre, c'est nous qu'on fout en taule. Nou ..._ di 2 janvier. du matin. Le personnel de l'aùoport se onnes visibles. On plonge dans une ville morte. nneaux : « En raison des événements, les trai t supprimés ». Je note le mot. En Algérie aussi o ements ». Partout où leur suprématie est conles 'o sent pas appeler les -choses par leur nom. Fina « train de prestige » que le gouvernement fait cir quelques jaunes, toujours sur le même itinéraire, (des grévistes citeront le cas d'un train de marchan t vide qui fit six fois l'aller et retour entre Nam -, ng du trajet, des trains immobilisés, des usines déser ureau éclairés. Le directeur est à son ire tous les 100 mètres. Près des ponts plus nombreua. es, l'aspect change. La circulation est presque normale, s circulent, les magasins sont ouverts. Une certaine urtant sensible. La police ou l'armée garde les édifices armureries. Pourtant le service d'ordre reste très faible. rces sont concentrées dans- la « zone neutre », c'est-à-dire al et le Parlement. Le Gouvernement a organisé là un eresse. La circulation y est contrôlée. Des chars sont e Maison du Peuple. s aussitôt à la Maison du Peuple, guidé , e .,-grévistes qui vont aux nouvelles. En approchant, l e font plus nombreux, _on s'interpelle, les discussions s'an us posent la même question, et les bourgeois qui regarde1 fenêtres aussi : « Le mouvement reprendra-t-il, après e Noël et du Nouvel An ? ». Chacun est décidé, mais ch de l'attitude des autres, et surtout de l'attitude des" ndicau. Car la lutte· est commencée depuis deux semai sent qzz.e les jours suivants seront décisifs. rue j'arrive, la rituelle, réunion d'information touche a lle est houleuse. Il y a environ 1 200 grévistes. Au br · vient d'annoncer une concentration dans Bruxelles 7. , mardi 3 janvier à 10 heures, parle de la nécessit s la dignité, d'éviter les provocations qui se « ret , et dénonce les « irresponsables ». La salle arche sur Bruzelles », « Grève général au brassard rouge, tentent de ramener n entonne l'Internationale, reprise par le eu par la salle. Un commissaire qui uestionne: Il m'expli« Pour ne pas essouffler vous comprenez ». - - « Tu parles si je comprends Ma réponse a l:__air dé -,e vexer. Je' le plaque. En surfant, les commentaires vont,bon trcr:n : « C'est pas comme ça qu'on obtiendra quelque chose », « la dign-(té, je l'emmerde ». Mais même les plus combatifs I et les plus conscients se raccrochent à· la manifestation du lendemain que chacun· vbudrait décisive. Pendant toute la durée de la grève, cette attitude a persisté : « Demain, çt pètera; demain, il faudra bien qu'ils fassent quelque chose ». Chacun espère une relance politique et ne voit d'autre moyen pour rompre l'immobilisme des organisations que des manifestations violentes. Beaucoup espèrent que les grévistes du Borinage viendront à Bru.elles malgré les dirigeants. - / Chez les Jeunes Gardes Socialistes ( 3). Au local des Jeunes Gardes Socialistes, l'attitude est lamême, mais l'ambiance est toute différente. Elle regroupe dans une certaine confusion idéologique des éléments très combatifs. Sur le Congo, l'Algérie, ils sont les seuls en Belgique, avec l'équipe du journal La Gauche, à avoir pris des positions révolutionnaires. ' Depuis le début des grèves, ils déploient ui1e activité extraordi-- naire, au point que le Parti Socialiste a fait planer la menace de provoquer leur dissolution. L'accueil est méfiant, on craint. les indicateurs. Heureusement j'ai de quoi prouver qui je suis. Aussitôt rassurés, les jeunes Gardes font preuve d'un sens de la solidarité internationale vraiment eatraordinaire. Malgré leur activité débordante, ils feront leur possible - pour m'aider. Pendant tout mon séjour je serai admis, et je me considérerai, comme l'un des leurs. - Tout en peignant zzn calicot pour la manifestation du lendemain, nous discutons de la situation. Les répercussions en France et en Europe, la signification de cette lutte pour le mouvement ouvrier. Ce qui est possible, ce qui ne l'est pas. Tous font une critique extrêmement violente de l'attitude des parlementaires socialistes et des bonzes syndicaux : « Ce sont des cons, des lâches, ils ne comprennent rien, ils défendent leur fromage ». « La grève bouscule leurs habitudes autant que celles des bourgeois ». « Ils ne font pas confiance a.1.1x ouvriers ». Je suis stupéfait de la violence des c1·itiques, d'autant plus qzze pour la plupart, cette prise de conscience est très récente. Elle\ s'est faite à la faveur des multiples conflits qui sont nés au cors de la lutte. Pourquoi se faisait-on traiter de provocateurs dans les concentrations, par les commissaires ? Pourquoi ce-ci lançaient-ils le lamentable « Eyskens boiten » (4) pour couvrir les_slogans des JGS: « Marche szzr Bnzxelles. Grève générale. Les usinçs aitx ouvriers » ? Pourquoi était-il soudain si difficile d'obtenir du papier pour les tracts ? Peu à peu, la prise de conscience s'approfondit. Certains font état de la rage des ouvriers qui ne comprennent pas que 15 jours après. le déclenchement de la lutte, la grève générale ne soit même -, pas décidée· à Bruxelles, et qu'on leur ordonne de reprendre le travail, de le quitter, de le reprendre encore ... Peu à peu on se rend compte que ce n'est pas seulement une question de personnes ou de tactique, mais que les objectifs ne sont pas les mêmes : « le travail quotidien d'un bureaucrate politique ou syndical n'a aucun rapporl avec les .tâches à remplir en période de lzztte ». Tous se rendaient compte d'une part, que pozzr obtenir la victoire, > (3) Jeunes Gardes Socialistes Socialiste Belge, très à gauche et PSB. (4) « A bas Eyskens ». ouvrier belge. En 1950 elle e Léopold. Mais surtout, à Anvers, à Gand, à Bruges e d'autres endroits, les ouvriers flamands sont aussi comb les ouvriers wallons, mais sont écrasés par une société payst léricalisée.. De plus, contrairement au régiments wallons, les r ts flamands obéissent inconditionnellement au governem le· la solidarité de travailleurs wallons et flain_ands peut ass victoire. '- Mais comment organiser cette solidarité ? Commentfaire e les wallons, qui resseri.tent aussi_ ce besoin, brisent l'opposition leaders ? Faute de moyens, les JGS espèrent que des incidents lents à Bruxelles le lendemain obligeront les bureaucrates à agir. Le soir même, je profite de la voiture d'un gréviste pour aller à Mons. Là-bas tou{ est calme. La grève est totale.-Les grévistes fraternisent avec la police, et avec les quelques militaires du contingent qui sont- là, les .autres n'osent pas bouger, de peur de provoquer des incidents. Vers Charleroi, pour empêcher les mouvements de troupes, des arbres coupés sur la route, des barrages de pavés, des clous, et même une grue. de 70 tonnes, couchée sur la chaussée. Dans la grande salle de café, qui est aussi le- local syndical, une cinquantaine de grévistes. Les conversations sont animées: Dans la salle, derrière, on fait des paquets de sandwiches pour les piquets, ainsi que de la soupe et du café. Continuellement, des voitures partent ravitailler les piquets, ou pour les relayer. Tous ceux qui sont présents participent à l'organisation. Je suis. tout de suite invité à une table. Ils sont contents qu'un camarade français s'intéresse au mouvement. « Quelles sont les répercussions en France >) ? On voudrait bien que les syndicats français empêchent réellement la livraison d'électricité à la Belgique. Tls savent que tout dépend de la situation à Bruxelle.s et en Flandre, mais ils sont décidés à tenir jusqu'au bout. « La Loi Unique, c'est important, mais les causes sont beaucoup plus profondes ». « On en a marre, tù comprends ». « Ils se foulent de nous » ! « Même si on n'obtenait rien, on leur a quand même montré qu'on les emmerde », « ils ont la frousse ». Un vieux cheminot : « J'ai jamais connu une ambiance comme-ça, tn n'a jamais été aussi he1,1reux ». Ils sont tous très fiers que le mouvement soit de la base. « Le syndicat, y croyait pas qu'on en serait capable, mais ça peut durer encore un mois, 911 leur en a bouché un coin ». Tous ont les yeua tournés vers les Flandres : « T'as vu à Anvers el à Gand ». A cette date, aucun orgueil wallon, au contraire, on admire les camarades flamands qui sont clans des conditions plus difficiles. On regrette presque que la situation soit si calme ici. Je leur parle cle la. « marche $Ur Bruxelles ». ·- « Ah l Si on la fait, ça pétera ! mais il faut attendre que les syndicats la décident, on peut pas l'organiser comme ça ». Mais leur victoire est si totale en Wallonie qu'ils sont presque "" sûrs du succès. « Bien sûr, si le gouvernement gagnait en Flandre, le fécléralisme serait la seule solution ». « Il faudrait lui faire payer cher ». Cinq jours plus tard, après l'échec politique des concentrations de Brux:.ellei, mardi et mercredi, malgré le nombre des participants, et après les tentatives de compromis des parlementaires sccialistes, on assistera au réveil d'un « nationalisme wallon » encouragé par ,.: l'appareil syndical. Des mensonges purs et simples et des arguments -à racistescommencent même à circuler. , Une dernière question : l'abandon de P'outil. « Ca c'est grave, 26 f organisation . de jeunes du Parti en opposition' avec la direction du 27ns e est commence€ U[> 0 .JOU>. nés vers Bruzelles. Ces journées seront décisi ore possible, mais si le mouvement ne s'amplifie pas en Flandre, si les ol'gantsalions qui ont très vite repris mouvement se figent dans l'immobilisme, l'échec fina ble, le séparatisme wallon ne peut constituer qu'une amour-propre, et un moyen pour l'appareil syndical de eubles. 10 heures. Plus de dix mille perscnnes devant I uple. Je viens de rentrer de Mons avec des Borains q battre à Bruxelles, Tout le monde est décidé et an~ieux : fin se passer quélque chose ». Les commissaires sont très no1 rangs en tête, et tout le long du cortège, en serre-file. P • fois les grévistes vont défiler pendant des heures dans Bru a police reste passive. Les gendarmes surveillent de loin. S es slogans dès JGS (Marche sur Bruxelles -- grève ~générale 1sines azu; otlvrieJ"s) couvrent les slogans officiels (Loi Unique Eyskens boiten). Devant les banques la foule scande : « les ba doivent payer » ! Les vitrines volent en éclats. Les commissai précipitent pour maitriser les « provocateurs », mais la fozzle leur défense et la pluie de boulons redouble. Pourtant une vi plus ou de moins, tout le monde s'en fout. Tous attendent le n qui doit clôturer le défilé. Oi·, arrivés place Rodgers, les comm.i. et les calicots, en tête, se dispersent dans 4 ou 5 directions diffé suivis par des groupes compacts. La concenil'ation est disl Quand la foule s'en rend compte, il est trop tard, malgré les es JGS et des étudiants qui s'assoient par terre. Finalen ··oupes de manifestants sont dispersés. Quand les gendarmes nt leur apparition, il reste à peine 1 000 manifestants . Les i iolents qui suivront ne font · que traduire la rage d'avoir is de plus trahis. La foule attaque les gendarmes et les ans uné rue adjacente mu; cris d' « Assassins ! » et en lan oulons et des billes pour arrêter les chm·ges de cavalerie. 3 ndarmes nous chargent sabre au clair. D'un camion un ozzs menace de son revolver. Un incident mortel est possi ourquoi ? De loin, cette combativité sans objectif peut szzrde ... En rentrant un JGS me dit : « Heureusement qu'il faut que les wallons sachent qu'on se bat à· Bruxelles i 4 janvier. scénario, mais les positions sont plus tranchées. rdre est décidé à ne pas se laisser déborder, et lès- m. veulent_ pas une fois de plus perdre leur temps. P monte. De nombreua incidents éclatent entre mmissaires, et entre les manifestants. Les ou ·quer des petits-bourgeois sociau-démocr ouvriers crient : « Pas de bourge encent à res ui av généra ». Un 'ils ne font rien, ils l'auront sur ». La combativité est èxtrême, mais fafre. Soudain les étudiants-socialistes « Au Parlement ». Etant donné les forces surde. Tout le monde- en est conscient, les Je tre sont consternés. Cet objectif visiblement· i ation et sans « une marche sur Bruzelles >) d les plus combatif.§. Plu; de 2 000 personnes s'y es incidents seront là encore très violents. Deu t s, la gendarmerie, puis la police nous chargenttits qroupes de grévistes manifestent tard dans ·ier, devant l'immeuble de la SABENA, en fuyant gendarmes : « Qu'est-ce que tu vemt.: qu'un fass flics ? Ces salauds-là n'organisent rien d'effic « blousons noirs » : n journal : « Çe genre de manifestation cateurs étrangers à la grève, de blousons, noirs + yvous les éléments étrangers, les perturbateurs ifestations dignes et pàcifiqfies, de vos prou e c'est nous. Tou.jours en tête. Tu peux dire ons les cortèges. ez les cortèges ? a • nous qui animons les manifestations de rue. autres nous su-ivent ! Simplement, ils sont u modérés, ils ont besoin que les jeunes les seco avez-vous donc" ? 17 à 20 ans, mais il y en a aussi u social vous venez ? ..-· zilieux : apprentis, ouvriers, manutentzo1 coliers. les JGS qui se sont trouvés réqu llS ? s JGS ont joué et joue la foule et laLa grève qui l'ont faite A Liége,, par C. Le 2 jaiwie1·/ 300 -grévi-stes . environ, conduits par des jeunes organisent une manifestation spontanée dans les rues de Liége, ils cassent les vitrines· à coups de brique et hurlent : « A l'aètion, à l'action ». La police liégeoise intervient mais après de violentes bagarres rue Saint-Gilles, les manifestants continuent victorieusement leur roude jusqu'à la gare des Guille.mins où ils crient bravo aux cheminots. · . 'Le 3 janvier on apprend qu'un homme a été tué à Bruxellçs, des grévistes exaspérés par l'immobilisme des dirigeants syndicaux tentent une nouve1le fois de prendre la maison .syndicale d'assaut, ils sont repoussés par les fanatiques des « Jeunesses syndicales » et à ce moment-là surviennent des communistes qui· portent un calicot : « un mort, 10 blessés à Bruxelles ». Une manifestation spontanée s'àrgwiise de nouveau, ce sont essentiellement des jeunes. Les policiers encadrent la manifestatioh mais ils n'interviennent pas. Le_s manifestants se rendent à Outremeuse (le 'qitartier le plus populaire de Lige) et à PH6tel de Ville (la mairie). Quatre jeunes vont en . délégation auprès du bourgmestre (libéral) afin de protester contre le fait d'un gréviste tué à Bruxelles. Le bourgmestre répond qu'il a été tué par une balle perdue. Les manifestants découragés rentrent chez eux. Le 4 janvier, le Syndicat' organise 4 gra'ndes concentrations tlans la région liégeoise. Des milliers de grévistes sont rassemblés. Les jeunes gardes socialistes tentent de lancer le mot d'ordre « marche ~,:: ,. sur Bruxelles. », mais ils ne sont guère suivis. André Renard, leader «3}±? ·syndicaliste liégeois, préside le meeting. Il dit en substance : nous .>-,~ irons jusqu'au retrait pur et simple de la loi unique, nous n'accepterons aucun compromis et comme arme ultime nous employerons l'abandon de l'outil.. ; il rejette l'idée de la Marche sur Bfuxelles. il est follement applaudi par les manifestants. . .. . Le 4, à 19 h. 30 a lieu un grand co_ngrès d'action comimrne à la Populaire (Action Commune : union des 4 formes du parti socialiste : syndicats, mut-uelles, coopératives et organisatins politiques). Le député J.-J. Merlat vient annoncer que tous les mandataires sociaiistes vont démissionner en bloc. Renard annonce l'imminence de l'abandon de l'olltil. Les congressistes les acclament follement. La manifestation du 6 janvier à Liége, par B. Que s'est-il passé à Liége, le 6 janvier ? Quelles leçons les ouvriers retireront-ils de -cette bataille de rues où le âynamisme -d'une minorité, ino1·ganisée, a failli mettre en péril le déploiement sans précédent de la répression ? s_. z Les faits sont éloquents. La manifestation devant le syndicat avait ..:: ·,, rassemblé quelques 40 000 participants· g-révistes, accourus de toute la banlieue. Après la harangue bonhomme de Renard, sa me.nace - ' répétée « d'abandon de l'outil », plusieurs sinon la majorité- attendaient, au moins, un défilé en ville. Les dirigeants syndicau, ; apeurés de l'ampleur de la manifestation, lancèrent un seul « mot +· md'o arndir feest»at:ion« Dseispsecrisnedza-voeuns pdlaunss ieulres catrlomneço!ns», C le'sestunasins rei gqaugneanlat..zs? , leur qanlieue, d'autres, plus dynamiques, organisant à l'improviste, as.< i un défilé sur les boulevards du centre. Un autre groupe, remontant gç;8 s #iéâ 'idée d'occuper certnS PU> I - ' Immédiatement, les cordons de police cédèrent, étant dom nuation de ce corps municipal et, faut-il le dire, le peu d'empre t des agents à s'opposer au grévistes. Par contre, aussit ~e, la gendarmerie arriva en jeeps, armée jusqu'au dents la les quelques 2 000 grévistes. C'est lors que la bagarre s ncha avec l'âpreté qu'on sait et, dans l'affaire, les forces d re eurent le dessous. Leurs auto-pompes inondaient -bien l ifeslants, mais· ceux-ci, encapuchonnés _dans de longs impermé ne prêtaient aucune attention à ces jets d'eau, pour le moin us couper le souffle. En un clin d'œil,~ les_ v'itres des halls volère clats, le mobilier du buffet de la qare s'abattit srles jeeps d ores. Refoulés, pied à pied, tout le· long de la rue des Guillemir nifestants formèrent alors une masse de~manœuvre et une sor e-garde, destinée à tenir « les forces de l'ordre » en aler boulevards.· La masse de manœzwre, encadrée· marades, s'en revint vers le centre. fallait un nouvel objectif à _cette masse. Le défilé en lui-même ait rien signifié. L'un des camarades eut l'idée de lancer les tes à l'assaut. du journal La Meuse, le plus réactionnaire de la a et objet de la haine de tous. C'est ici que l'improvisati"•'!... ... . ... ' ,,ait à cire _Wallonie et à séparer les tr a vs. Comment les dockers anvers r énergie dans une revendication qui ne Les travailleurs flamands parce qu'ils sont n leur communauté la Flandre est beauco strialisée que la Wallonie sont handicapés . Le fait qu'il y avait derrière eux près d'un m availleurs wallons en lutte aurait pu changer le ra orce en Flandre en faveur des ouvriers flamand 'étaient plus seuls, ils pouvaient s'appuyer sur e leurs camarades wallons. Cette situation modi quilibre des forces antérieures. Elle devait être e naximum. Ensuite, parce que c'est une orientation réac Dans le monde actuel où de plus en plus l'éc politique se concentrent, où les capitalistesre rationalisent leur industrie, où les barrières des sent, où les concepts nationaux s'effacent, J'objecti lement, de la sépai·ation de la Wallonie est réaction tionnaire du point de vue capitaliste, réactionnair de vue du prolétariat. La concentration du capita fication de F'industrie à une échelle constamment é les objectifs du capitalisme moderne.•A cela les n'ont pas' à répondre : « Pas de concentration, pa fication ; fédéralisme, séparatisme, etc. ». Les. loivent répondre : « C'est nous qui voulons concen er, unifier, supprimer les préjugés nationaux, inguistiques. Cest nous qui voulons le {aire rofit, tandis que vous, capitalistes, le faites a Enfin, c'était clair dès le départ que l'oh alisme était irréalisable. Les stratèges s'avérè es à moins qu'ils ne fussent tout simpleme Voilà le réalisme de la bureaucratie. _ a en Belgique aussi bon nombre l y a des Algériens. Ces travailleur t que les Belges, ils vivent au milieu -on pas tout faire pour que ces travail .tte des objectifs qu'ils puissent part . · lus forte raison l nt, attendaient des or rtaient faire sauter une voie d ruire une ·barricade ou bien encore rentr ragés. Tout ce potentiel devait être utilisé. ire qu'il fallait donner des mots d'ordre à c t des mots d'ordre. Il fallait inviter les tra ..11ettre leurs idées au service de la grève, il fal · les idées des travailleurs pour conduire le mouve rquoi leur demander des idées ? Pour deux rai les qui ont toujours fait la supériorité des mouveme S. sonCles travailleurs qui élaborent leur tactique, q ent les stratèges de la grève, ils élaborent nécessair e stratégie supérieure à celle des ennemis, c'est-à-di du Gouvernement et de la police. La stratégie qui s iers de têtes, l'élaboration d'une tactique qui est le iers d'intelligences animées du même id.éa1'-de vaincr efficace que celle du Préfet de Police ou du Premi , animés tous deux de l'idéal de ne -pas être renvoyé at élaboré démocratiquement par ceux qui doive est infiniment plus. efficace que celui élaboré pa font· se battre les autres. La tactique définie par ceux aissent concrètement le terrain de la bataille est t -supérieure à celle que décident des officiers ou des crates éloignés. Les stratèges militaires d'aujourd'hui t arrivés eux aussi à des conclusions identiques en cons- 1'efficacité des armées révohitionnaires aussi bie1 ses qu'algériennés. ans ce combat la bureaucratie a agit comme un génér ire au moment même où les généraux des· armées ca - ,sai_ent de copier les stratèges des armées populaire rait donc fallu utiliser la créativité des travailleu leur intelligence à la tête du mouvement. La dire icale la ignorée. De plus, quand les travailleu A Bruxelles », elle a dit : « Non ». aison pour laquelle la stratégie élaborée efficace c'est que les travail ·un le plan I/ --. Il fallait utiliser des moyens de l'immense étendue du mouvement. .... --1 - . ....... Il ne fallait pas rester sans rien faire. Les meetings que direction syndicale donnait en pâture aux travailleurs ne pouvaient pas être· considérés comme une action. La force des travailleurs était considérable. Le Borinage et Je Liégeois complètement paralysés, des mouvements- de grève 'à Bruxelles, des grèves en Flandre, à-Anvers et à Gand. Toute une armée de travailleurs disponibles. Une armée décidée, qui n'avait pas attendu les mots d'ordre pour se grève, qui construisait des barricades, crevait les automobilistes, empêchait les jaunes de travailler. Quels étaient les besoins de cette armée de travailleurs ? Des discours pour lui faire comprendre les causes pour lesquelles elle luttait ? Certainement pas. Elle était la mieux informée sur la question ; à moins que l'on considère que les travailleurs qui la constituaient agissaient dans un état d'inconscience totale. Pourtant la direction du mouvement n'avait que des discours à proposer aux manifestants. Pour préparer une lutte il faut faire des meetings, il faut manifester dans la rue, faire le plus de. bruit possible pour ameuter la population, pour l'entraîn~r .dans le combat. Mais une fois la lutte engagée il faut passer à une autre étape du combat. On ne peut répéter indéfiniment· des exhortations. Cette étape n'a jamais été franchie par les chefs du mouvement.- Il y avait les travailleurs, il y avait la combativité, mais il manquait le courage et la détermination de leurs chefs; et cette combativité qui restait inutilisée s'est retournée souvent vers des actes de désespoir : le sabotage et la bagarre avec la police. L'ABANDON DE L'OUTIL. La bureaucratie s'était opposée à la marche sur Bruxelles; en compensation elle proposa l'abandon de l'outil. Si la situation n'avait pas été aussi tragique, l'histoire de cette menace ferait à elle seule le sujet d'une galéjade marseillaise. Tandis que Eyskens affirme qu'il ne transigera pas, Renard. dans un meeting s'écrie : <« Si le Gouvernement ne veut pas céder, nous durcirons notre position et envisagerons l'abandon de l'outil ». Puis les jours se succèdent, le Gouvernement ne cède pas et la menace de l'abandon de l'outil figure dans tous les discours de Renard. Le principe en 'est approuvé par le Comité National de la FGTB, mais entre le principe et la réalisation il y a un abîme qui ne sera jamais franchi, Il est dit dans la résolution du Comité National que les syndicats wallons décideront quand doit être appliquée cette décision. Ils ne le décideront jamais et cela Renard le sait très bien. Il a voulu gagner du temps. Désormais la lutte larvée de la bureaucratie contre les travailleurs se situe sur ce terrain : gagner du temps le l out1, . vre sans plus, car elle s t pas tellement enthousiastes pour étein rneaux. Mais, indépendamment de tout cela, que vaut cette lutte ? ' L'extinction des hauts fourneaux est· une forme de lutte désespérée. CG'est une initiative qui peut se comprendre quand les travailleurs n'ont plus l'espoir de vaincre par d'autres moyens. Mais lorsqu'un million de travailleurs est en grève la situation n'est désespérée que pour les patrons et non pour les travailleurs. L'abandon de l'outil c'était la dernière cartouche que les travailleurs auraient pu utiliser au besoin, mais il fallait d'abord utiliser toutes les autres. De plus l'extinction des hauts fourneaux, si elle lèse ~~: incontestablement les capitalistes qui perdent pendant une longue période le bénéfice de l'exploitation de la sidérurgie, n'en lèse pas moins les travailleurs employés dans ces industries. Si les hauts fourneaux s'étaient éteints, les métallurgistes auraient été les seuls à en subir les conséquences. Pourquoi faire porter tout le poids d'un mouvement unanime sur une partie seulement des travailleurs ? Dans un mouvement le rôle de. l'avant-garde et des militants les plus conscients est de sauvegarder l'unité de la lutte. Dissocier les moyens de la. grève risquait de créer aussitôt une division entre les corporations. Les métallurgistes se seraient sentis seuls à porter le poids principal de la lutte et la propagande gouvernementale n'aurait pas manqué de se servir de cet argument pour diviser le mouvement et convaincre les moins solides. La recherche systématique du combat avec la police était aussi une forme de lutte désespérée, car ce combat n'avait la plupart du temps aucun objectif précis. Les travailleurs doivent être avares de leurs forces et le combat avec la police doit avoir des objectifs : la défense d'un bâtiment ou la prise d'un édifice, la prise d'otages, etc. - Avec un million de travailleurs en lutte qui sont prêts à tout moment à se mobiliser et à descendre dans la rue, il v a autre chose à proposer ; il y a des initiatives à prendre: La marche sur Bruxelles en était une, elle aurait. dans sa dynamique changé le climat. Mais la bureaucratie s'est constamment· refusée à cette marche ; elle a mis en avant l'abandon de l'outil comme. arme de substitution, mais sans l'intention de l'utiliser. Ainsi, à partir d'un certain moment, le mouvement de grève a commencé à piétiner, parce que aucune nouvelle initiative n'était prise, aucun moyen de lutte, aucun objectif précisn'étaient 38 39et remettre en marche la productio tion ouvrière ; refuser de reconnaître t ue celle de leurs propres Comités ; confier à ces réorganisation de la vie des localités et de la elarer propriété collective toutes les richesses de la ; inviter les travailleurs du monde entier à les so Une telle initiative n'aurait pas seulement sorti le nt de l'impasse dans laquelle il se trouvait à parti rtaine étape ; elle aurait eu également une immen 1ssion internationale chez les travailleurs des autr elle aurait été une action exemplaire. Personne évi ne peut dire quel aurait pu être le sort final · d'1 initiative. Mais ce que l'on peut affirmer, c'est qu'e cas les résultats n'auraient pu être pires que la déf, et simple, le dégoût et la démoralisation auxquels on· les travailleurs les méthodes de la bureaucratie. ..._. CRITIQUE DE' LA BUREAUCRATIE 1 LA BUREAUCRATIE SYNDICALE. A l'échelon de la bureaucratie il n'y a eu ni· corn créativité, ni initiative. Il y a eu carence, disent rahison disent les autres. Nous disons, nous, qu'il y a eu incapacité, qui due aux caractéristiques personnelles des dirigean lécoule de leur situation de bureaucrates. Noùs diso ue la direction bureaucratique poursuit des objectifs ont propres et qui, dès qu'une, lutte prend de l'amp éparént radicalement des objectifs ouvriers. La bure e la FGTB et da PSB, dès que les grèves se sont s le pays, s'est trouvée prise dans cette contradi uvement n'aurait pu vaincre qu'en élargissant et 1 il utilisait et· les objectifs qu'il se donnait ; or 1 tie ne pouvait tolérer ni des moyens de lutte r objectifs qui mettraient en cause là struct société belge. Car -ce qu'elle cherche n'e tte société, mais de l' « aménager » , tonte l'éne ion des usines gaspill ie même de cette bureaucratie e cette créativité ouvrière. les journalistes interviewent Renard, e un stratège, et la seule stratégie qui ress e la bureaucratie, c'est la stratégie de la la bureaucratie. n'est plus un ouvrier, il vit comme un hou urtout les fonctionnaires d'Etat, les hommes d? listes. Quand on interviewe Renard if cite des arle de ce qu'il connaît, les hautes sphères d capitaliste ; il connaît les rnanœuvres de cou lités du Gouvernement, ses intentions. Mais en servi Renard ? Il connaissait beaucoup de chose qu'il connaissait aurait pu servir aux travailler ent il s'est tu devant les travailleurs. Il ne les a nés, il ne les a pas informés de ce qu'il savait, Il aent exhortés. Devant les travailleurs Renard e s se sont présentés comme les artistes, les chefs eTnernent et les reines se présentent. au peuple. ucratie syndicale se présente. aux travailleurs avec l'u oui de PLAIRE. r talent est de savoir faire du charme, mais ce ·t à rien dans là. lutte. ard savait que le Fédéralisme n'avait aucune chanc tard savait que le Gouvernement ferait voter la l ard savait que le Gouvernement belge ne capitulera nt la grève.' . e savait il devait le dire aux travailleurs pour q s durcissent leur mouvement et agissent en co ard ne le savait pas il était un mauvais diri servent les réunions avec. les patrons; à tes ses relations si Renard se trouve e norant de la situation que le dernier des ....,. .pour le mener, mais parce que la bureaucratie de par sa fonclion· ne peut avoir les qualités requises pour bien mener une action de classe. Notre critique de Henard va plus loin qùe l'iùdividu.; elle est la critique globale de la bureaucratie, plus que sa critique, sa condamnation ; car les dirigeants bureaucr.ates s'intègrent de plus en plus dans l'appareil d'Etat. Le syndicalisme du début du siècle s'est transformé. Un dirigeant syndicaliste était autrefois perpétuellement traqué, maudit par la bourgeoisie. Aujourd'hui les dirigeants syndicaux ont les honneurs. La bourgeoisie leur donne une parcelle des fonctions officielles ; des strapontins dans le Pouvoir, parfois même· des situations qui font crever d'envie des fils de famille. 'L'Etat bourgeois s'est transformé ; en son sein, il y a désormais une place pour- les syndicats. Ces places lem: sont accordées mais il faut une contre-partie de la - part des syndicats ; cette contre-partie c'est la reconnaissance de l'Etat bourgeois. ' LE PARTI SOCIALISTE BELGE. - . \ Depuis un demi-siècle les révolutionnaires après chaque mouvement ont crié à la trahison des partis réformistes. Ce fut en 1914 quand les soèialistes du inonde entier apportèrent leur concours à leurs Gouvernements respectifs pour la guerre mondiale. Ce fut en 1919 en Allemagne quand les dirigeants socia- - listes éctasèrent dans le sang· les révoltes ouvrières. Ce fut encore récemment en France quand les socialisteset les communistes votèrent les pouvoirs spéciaux au Gouvernement pour défendre en Algérie les privilèges des colons. · _ Mais nous, nous ne dirons pas que les partis réformistes (ou stal'iniens) « trahiss.ent ». Les .partis sociaux-démocrates ~-. ··-'-=--· ne ·sont pas des partis qui de temps à autre sont atteints par ;f une épidémie de trahison. Leur structure, leuts objectifs Jes ~ iamènènt naturellement, dans les conflits aigus, à prendre. parti contre les travailleurs. En Belgique ils n'ont pas pris ouvertement le parti des gendarmes ; ils ont attendu que ça se passe. Si le mouvement s'était amplifié et si les travailleurs avaient contesté leur politique et leur fonction· de dirigeants- de mouvement, ils se· " .- ' seraient solidarisés avec la ·police et le Gouvernement. ? Le parti socialiste belge n'a pas trahi les travailleurs son programme n'a jamais été de les défendre. Le PSB se propose pour objectif de gouverner lè pays avec des réformes de structure, avec une armée démocratisée: mais le PSB se propose de gouverner ce pays et cet Etat tels qu'ils sont, de mieux gérer les affaires de la bourgeoisie. Quand il met son programme en avant, il veut montrer à là bourgeoisie qu'il n'a pas l'intention de lutter contre elle. Si le PSB est contre la loi unique c'est parce qu'elle est rgeoisie pourn n brandit aux travailleurs dans I geois le PSB montre qu'ils ont intérêt listes pour gouverner, car, les socialistes on des tra_yailleurs. Aux travailleurs il montre qui t faire confiance à leur parti car lorsque ce dernier aur rtefeuilles ministériels il pourra changer la situation. es objectifs du PSB aussi bien que ceux de la directio FGTB ne sont pas des objectifs stupides. Ce sont de jectifs qui ne sont valables que pour la bureaucratie. Ce IL, at pas les objectifs de la classe ouvrière. Le PSB se présente ns l'arène politique comme un parti parmi les autres qui propose de gérer l'Etat ou simplement de participer à sa stion. · Toutes les questions sont traitées par le PSB 0 en fonction 1_ meil1eur foI).ctionnement de l'Etat capitaliste. Prenons le problème militaire ; les socialistes sont pour réduction des armements. D'après Le Peuple, organe du SB:' « Le congrès. proclame qu'il est temps de mettre fin aux incohérences et au caractère dispendieux de la politique militaire poursuivie· par le gouvernement actuel tant en matière de personnel que d'équipement et doutla conséquence est d'amener le pays à entretenir des forces a_rrnées d~nt l'efficacité• ri'est pas en rapport avec le budget qui leur est consacr~ ». _Pourquoi donc veulent-ils la réduction des armements ? . Non pas parce que l'armée est une armée au service de %, l'Etat, c'est-à-dire des capitalistes, mais parce que l'armée coÜtt'.1..' cher à l'Etat et qu'elle est de plus « ineTficace ». ' ~ (Georges Dujardin, au Congrès du PS!3.). Mais les masses populaires et surtout les jeunes travailleurs qui sont hostiles à l'armée, le sont pour des raisons tout autres et bien plu; profondes que le PSB. Les fravailleurs disent : « L'armée ne sert pas notre cause, mais défend la propriété des capitalistes, c'est pourquoi nous n'en voulons pas ». Les socialistes disent : << L'armée doit être réduite p_our qu'elle s'adapte aux nouvelles formes de combat. Une grande armée si elle n'a pas' d'engins nucléaires est une absurdité comme tout le monde peut le compr'endre ». Les travailleurs sont contre l'a_rmée d'un point de vue de classe. Lès socialistes sont pour la réduction de l'ani1ée du point de vue de l'intérêt 1 bien compris de leur bourgeoisie. , Quand Van Acker est à la Chambre il ne parle plus devant les travailleurs, aussi peut-il déclarer que s'il avait été Premier Ministre il aurait agit comme Eyskens. , _ La vie de ces députés, de ces anciens mini_stres, de ces dirigeants politiques n'a plus rien à voir avec la vie des travailleurs. Ils sont_-continuelfoment _en contact avec le Pou- 42ohérente. S DE L'ACTIVITË DES TRAVAILL belges ont compris dès le dép ection syndicale en qui ils avaient confiance ét nte. Tous les témoignages publiés plus haut sont sur ce fait. Mais l'opposition des travailleurs à la bureaucratique n'a pas été très loin. Bien sûr certains dirigeants ont été chahutés lui-mêmé a_-dû faire des: concessions ; mais à aucu à part dans des Comités de grève locaux, les travail contesté à leurs dirigeants syndicaux la direction deUs ont rouspété, mais ils se sont tout de même la Une 'des raisons principales de cette lacune vie que les travailleurs belges ont été mystifiés par la t -- Les luttes dans· la Wallonie reprennent les mê qu'elles avaient au début du mouvement ouvrier. ont conservé le même cérémonial, drapeaux, fa nce, etc., elles ont conservé aussi les coutumes ouvement ouvrier. Les dirigeants syndicaux ont été dans le passé uthentiques, et du fait qu'ils n'étaient pas enco ans l'appareil d'Etat; cès luttes en faisaient d ages au-delà de tout soupçon. Cette liaison entre les t les travailleurs a disparu aujourd'hui, maisles tu nt du mal à le réaliser. QueSpaak soit un iraît ui, ils l'admettent, mais Collard, c'est plus difficile. cker soit un politicien bourgeois bien sûr, mais -enard-èst aussi un politicard, c'est trop. Ils le di uand Renard paraît ils se taisent. Renard repré • tradition et le rejeter n'est-ce pas aussi foule rapeau· et l'Internationale ! Mais il y a plus. Ce qui fit la force du mouv sa faiblesse. Ce qui fit la force du m oignages nous le montrent, c'est la gra , ~- Dès qu'ils ont déclenché la gr' ntis libérés, les ra ., ' Gate sa combati,«. oup de travailleurs recherche core après la grève. e kermesse a baigné les trav Mais voyons, ne l'avait-on pas déjà r cru que cette fraternité qui se dégagea était la plusgrande assurance de la victoire les travailleurs ont été victimes de leurs illu 'ont pas voul1:1 crier contre leurs leaders parce ·nt pas rompre la grande fraternité. D'autres taire et attendre, quand ils voyaient les dirige et politiques les bafouer. Beaucoup n'ont pas eu 'affronter cette unité, de prendre la responsabil éger cette grande kermesse. Ils n'ont pas eu la fo re et c'est là, nous le savons bien, qu'il faut avoir courage. Se battre contre la police n'est rien à c ge qu'il faut pour affronter la bureaucratie quar nière a l'appui d'une partie de vos propres· cam rce là certains jeunes l'ont eu, parce que mom traditions et moins liés à la population. Mai vrière belge n'a pas pu, encore cette fois-ci, trouve ême la force et la conscience néc_essaires pour s la fois des bureaucrates « ouvriers » et des capi t CRITIQUE DE LA GAUCHE up de militants groupés autour du journal ans lès Jeunes Gardes Socialistes _ont eux au éthodes de la bureaucratie syndicale. Ils o vailleurs sur le principe de la grève généra et propagé l'idée de la marche sur Bruxell es manifestations, débordé les services d'or rmé les manifestations calmes et p 1s quasi-insurrectionnelles.· Ils es « durs » due les appareils et c rs syndicaux a été terriblementgênée par l qu'ils se font du rôle de ces organismes. es militants ont été gênés par deux obstacles. e premier : ils n'étaient pas -organisés de fàço orne, c'est-à-dire qu'ils appartenaient soif· au PSB · soit au JGS et que cette appartenance les a empêchés de radicalise leur position. Les révolutionnaires se sont trouvés dispersé sans pouvoir coor.donner leur ligne politique et leur tactique car ils n'avaient pas d'organisation qui correspondait à leurs objectifs. De ce fait ils ont perdu une grande partie de leu énergie· à 'combattre au sein même de leur organisation le tendances « molles » et opportunistes. Le second obstacle a été idéologique. Ces militants ont eu trop confiance en la bureaucratie : ils n'ont pas eu la force idéologique de rompre définitivement avec elle . La tactique pour ces militants honnêtes est de conquérir des postes de responsable dans l'appareil syndical ou politique, ou bien encore de pousser à la tête de ces appareils des militants courageux et incorruptibles. Ils canalisent leur énergie dans ce combat et la plupart du temps ils sont battus par les opportunistes et les mous de_ l'appareil. Mais pour mener ce combat, ils sont obligés de faire des concessions à l'appareil, concessions basées sur la discipline et l'o_rganisation. Ainsi les Jeunes Gardes ou militants de gauche s'interdisent-ils de dire au grand jour ce qu'ils pensent réellement · pour ne pas briser la discipline de leur organisation. Sous le prétexte de faire croire 'aux travailleurs que la direction du syndicat et du parti n'est pas divisée, ce sont toujours les éléments révolutionnaires qui doivent se taire. Le respect de cette discipline les amène de concession en concession et leur -_ interdit de dénoncer ouvertement la « trahison » de la direetion syndicale ou politique. Nôqs· le disons carrément : ces militants se trompent. Ils seront toujours battus et minoritaires et s'ils acceptent de continuer ainsi à se taire, ils participeront eux aussi sans le vouloir à la trahison. Ces organisations, que ce soit le parti ou le syndicat, ne sont pas des institutions démocratiques. Ce sont des organismes " qui tolèrent une certaine démocratie à condition que cette démocratie ne gêne pas la politique de la direction. L'_élection de Van Acker au dernier congrès du PSB est un exemple frappant. Elle _montre comment une majorité est trafiquée, falsifiée. Les principes de la démocratie au seindu parti ·sont les mêmes que dans la société capitaliste. C'est une démocratie pour les chefs du parti, pas pour la base. ' ' Quand M. Spaak démissionne de son poste de Secré- taire "Génér.al de rQTAN pour· se présenter en tête sur la liste des députés, cela se fait naturellement, sans que la basedu parti puisse l'en empêcher. Qu'y a-t-il de commun entre M. Spaak, qui dit que de Gaulle doitdiriger l'Europe, et les militants de- base dont- certains" aident le FLN ?Entre la direction et la base il y a un abime, et cet abime est la preuve même que la démocratie n'existe pas. Les militants de ., gau,che le savent et pourtant ils persistent à lutter au sein de ces organisations. Nous leur disons : vous perdez votre énergie et même plus, car la direction de votre parti se sert de cette énergie pour sa propre cause. Vos idées réussissent à entraîner des travailleurs. Ce sont sur vos idées que ces travailleurs viennent 1 •· - à l'organisation, mais ce ne sont pas vos 'idées que défend l'organisation. Vous n'aurez ni les micros, ni les colonnes de journaux, ni les responsabilités. Vous entraînez les jeunes et les travailleurs parce que vous êtes des militants honnêtes, les travailleurs vous font confiance, mais vous les entraînez à faire une politique qui n'est ni la vôtre, ni la leur. Vous faites 'la campagne électorale pour que M. Spaak défendé l'Europe gaulliste bien que vous ayez des idées totalement opposées au gaullisme. .,.A ~ Mais ce qu'il y a de plus grave c'est que, pendant que vous ,,_ ·< v9us acharnez à démolir un bureaucrate, à remplacer un mou par un dur, il y a le reste des problèmes que vous négligez. Par exemple quand les travailleurs belges étaient en grève la chose la plus importante à faire était de donner toutes les .,. chances à ce mouvement. Vous avez tenté de le faire. En prenant à votre compte la marche sur Bruxelles· vous aviez parfaitement raison. Mais que s'est-il passé ? La direction des syndicats et la direction du PSB vous ont interdit. d'utiliser les micros pour défendre cette thèse. Ils vous ont interdit les moyens d'expression. Ils vous ont empêché d'organiser réellement cette marche. Ils ont intrigué pour vous discréditer ; ils n'ont pas hésité à vous salir. Que fallait-il faire ? Rester disciplinés ? Qu'y avait-il de plus important ? La marche sur Bruxelles ou la discipline derrière Van Acker, Renard et les autres ? . - Vous avez choisi la deuxième 'solution. Vous avez capitulé. Vous n'avez pas été jusqu'à dénoncer votre propre direction. Ce pas, vous n'avez pas voulu le franchir publiquement, et pourtant vous savez très bien que les travailleurs les plus combatifs avaient fourni cette étape. Il fallait leur donner confiance. Il fallaitque ces travailleurs les plus dynamiques puissent retrouver chez vous l'expression de leur volonté. Vous avez enterré la marche sur Bruxelles et vous avez eu tort. Vous étiez conscients de la manoeuvre de la direction syndicale et du parti et vous vous êtes tus pour ne pas briser la discipline. Mais c'était le sort de fa grève qui se jouait. Vous deviez 471..ueurs, eue etait juste ; i ermer moment. - Il fallait combattre n ave~ · autant d'énergie que vous avez - co uvernement et la police. Demain quand vous serez dans les assemblées p r tel mou au profit de tel dur, vous allez vous trot vant un appareil de bureaucrates. Les travailleurs us ;ivec vous, ils seront repartis chez eux, ne croyan ces formes de lutte . Vous essayerez de les raccrocher, ur défaite leur aura enlevé un peu plus de leur con ns le parti et le syndicat, et les raisons qui vont les dét ces appareils sont positives, vous le savez. Ils auror nscience de leur trahison. Vous devez rester av éments les plus conscients et leur apporter votre, plutôt que de soutenir un appareil qui· a fait écho --,,.. mouvement. A l'intérieur vous serez seuls à lutter contre ces a, inamovibles, vous vous userez et vous aussi peut A rejoindre les dégoûtés dans la tristesse de l'isoleme Si nous pouvons vous le dire avec assurance, France les choses se sont· passées ainsi et que si ouvrière· ne veut plus se battre pour le moment c' n'a plus rien à quoi se raccrocher. Les militants q cent de recoller les organisations qui ont traîné les t de défaite en défaite n'arrivent plus à redonner c ouvriers, dont la méfiance est le résultat de plus de trahison et d'échecs. Nous le disons clairement : la bureaucratie ne 1 travailleurs qu'à la défaite.Vous vous taisez sur ie pour ne pas briser l' « unité ». Mais, va es travailleurs subissent .leur défaite dans lu ans la division ? Le problème est mal po essentiel est que les travailleurs pren réalité. Ce n'est que dans cet es de vaincre. Il faut d'abord prise de conscience amène e la classe ouvrière c' udra-t-il que des luttes ouvri ncues pour que les travailleurs pren nce, et du rôle de la bureaucratie ces luttes ne seront pas vaines si les les utiliser pour faire avancer la con les militants de gauche vous disent eh ap cratie syndicaletrahit les travailleurs, et de neetings à ces derniers de faire confiance à la s trompent eux aussi les tr-availleurs et ils se -mêlnes·. Aujourd'hui, précisément un des motifs t les travailleurs les plus conscients de radicali ion est celui de l'unité. des mouvements comme ceux de Belgique on tro s bien distincts : d'un côté 1a bourgeoisie avec police, et de l'autre les travailleurs. Mettre en qu ection du mouvement, critiquer les syndicats ou t-ce pas affaiblir le camp des travailleurs fac e? N'est-ce pas démoraliser certains éléments ier ? _La meilleure tactique n'est-elle pas de sou eurs dans un seul bloc ? té de la classe ouvrière est certainement s essentielles de sa force ; mais d'abord le princi : ne peut absolument pas être le prétexte à n'impo promis. On ne peut pas toujours sacrifier l'action quand la centrale chrétienne se refusait de pa 10uvement, les ''travailleurs belges devaient-ils 'unité s'interdire de faire grève connue les le rité de la FGTB le leur conseillaient'? t'es tr combatifs ont répondu non. Ils ont lan .- / eu ra1son. nité à tout prix ne sert en réa totale des ,travailleurs ne se r oujours dans tous les mouve bativité qui va du jpas ceux-là qui déterminent un mouvement, ils poids mort. s Si. les grévistes sont forts, cléèidés, les jaunes ne se reront pas; si au contraire lesgrévistes se montrent indécis, faibles, sans initiative, si les grévistes ne s'occupent pas de la grève, restent chez eux à attendre, le poids -mort des }aunes basculera vers les « forces de l'ordre .». Ils au~ont_ plus· peur des patrons que des grévistes et arriveront ainsi à faire échouer le mouvement. - · C'est donc toujours sur la partie la plus décidée du mouvement que reposent les chances de victoire; C'~st cette partie la plus combative qui est -capable par son dynamisme et son combat d'entr'aîner les moins combatifs. Par exemple, en France, lorsque tous les syndicats el partis de. gauche invitèrent à manifester lors du 27 mai co'ntre de Gaulle, cette manifestation qui rassemblait 500 000 personnes n'avai{ aucune signification, dans la mesure où ceux _qui-·étaient rassemblés étaient incapables de faire autre chose ' que de chanter la MarseiJlaise et de se disperser dès- que le t -: ·- service d'ordre le leur demandait. Les journaux avaient beau s~luer l'unité du peuplé parisien, ceci ne voulait rien d'ire. La preuve c'est qu'au même moment où 500_000 personnes clamaient : « de Gaulle ne passera pas », le Président de la -- République appelait ce dernier à l'Elysée. . _..,, On peut supposer que si à ce moment une minorité de dix à vingt mille personnes avait rompu le service d'ordreet avait lançé des mots d'ordre plus radicaux - qui _en fait auraient brisé l'unité elle ·aurait l aussi donné un autre sens à cette kermesse et aurait pu ·cristalliser un courant important. L'unité dans le calme, l'unité dans la passivité ne peut - servir que la bourgeoisi_e. Cette unité-là, nous nous y opposons de toutes, nos 'forces. · ,,.. Aujourd'hui en France la classe ouvrière, ne bouge pas,' èt: hien qu'elle soit unie dans sa passivité, nous n'en. tirons aucune gloire, · aucun avantage. ~ Il y ad'autre part Funité dans le combat. Quand une armée de grévistes décide de lutter pour ses objectifs: il n'y a que deux façons de réaliser l'ünité des combattants, c'est-à-dire des grévistes. La première, c'est la discipline aux mots d'ordre. la reconnaissance' inconditionnelle de toutes les directives de ceux qui dirigent le mouvement. C'est l'obéissance aux chefs y> ·· syndicaux, de la même nature que celle du gendarme à ses " supérieurs. C'est la réduction des grévistes au rôle de simples',} exécutants. Cette, unité là, nous lui dénions toute valeur par.èe ·: · · qu'elle- v_a à l'encontre du but que les travailleurs 'recherchent. Dans leur lutte les travailleurs résistent à l'oppression de la_ bourgeoisie et cette résistance à en elle-même un contenu libérateur. Les travailleurs ne, veulent plus être considérés commedes rouages dans un appareil d'exploitation, ils veulent - · . , après, qu'il n'a ete qu un les chefs syndicaux proposent dans .son combat contre cettesociété, s sens. Cette obéissance. correspond peut-être au logique- d'un gendarme, elle ne peut satisfaire un re en lutte. Cêtte unité n'est qu'une unité de façade e même contenu que l'unité de l'armée. L'unité del' xiste que p'ttrcy qu'il y a· la prison et le conseil de g L'unité ouvrière dans la lutte existe au départ parce qL travailleurs ont librement consenti le combat et qu'i cident de le mener. Ils doivent l'assumer ; nous en anivo si à la deuxième façon de réaliser l'unité ouvrière. C'est çon dont tous les mouvements populaires l'ont réalisé puis la Révolution française jusqu'à la Révolution hor ise en passant par la Commune. C'est l'unité basée sur ocratie des travailleurs. - Cette unité là est solide dans la mesure où elle est basé la détermination libre et consciente de leur lutte par l vailleurs eux-mêmes. Quand un mot d'orc.lré sera donné il sera l'expression des vailleurs, si non de tous, du moip.s de la majorité et cela mme nous l'avons déjà vu a une répercussion. sur le combat -même. Cette unité sur les décisions prises en commun nous vons la reconnaître comme valable, nous devons la cléfendré, is c'est la seule. 1 • ' Quand les syndicats dis·aient aux travailleurs : « Il faut attendre pour faire grève, bien la préparer, etc... » et que ces derniers rechignaient, les syndicats brandissaient, le mythe de 1'-11nité. Quand les syndicats voulaient des meetings pacifiques et ne voulaient pas que les travailleurs manifestent, ils, brandissaient le slogan de l'unité. Le prétexte d'unité a servi à tout. Il n'a servi en réalité qu'une cause, celle de la direction syndicale, celle des mous. Le principe de l'unité n'a été qu'un prétexte. Les ouvriers sont restés unis pendant un mois, ils sont restés unis derrière. leurs chefs. On peut affirmer que. cette unité n'a pas fait avancer les choses. Comme nous l'avons vu, pour les chefs syndicaux l'unité c'est l'unité derrière leurs mots d'ordre. Rien que cela. Ces -~ chefs, les· partisans les plus fervents de· l'unité trouv.aiént très naturel de pro_poser le Fédéralisme wallon. Le principe de - l'unité n'était qu'un piège. ·' L'unité de la classe ouvrière belge a· existé dans la lutte. Le mouvement belge a cristallisé toutes les bonnes volontés, cg a soudé les travailleurs entre eux. La communauté des travail- é;'é - E#- REVOLUT aucrates du PSB se ré pour lutter contre les durs ou po e décision, les révolutionnaires, eux, és.- rsque la direction syndicale organisait une n prenant ses dispositions pour qu'elle se ite, les révolutionnaïres se trouvaient éparpi e et en proie aux manœuvres du service d'or lice. Les directions syndicale et politique avaient istribuaient des tracts. Les révolutionnaires n'av as une ronéo pour exprimer leur opinion, et se ouvent de diffuser La Gauche, qui, elle-même, lans l'appareil politique du PSB. Le Gouvernement avait ses objectifs et s bureaucratie avait ses objectifs et satactique. L naires n'ont eu comme objectif et comme tac pousser le mouvement et d'appuyer les élém combatifs. C'était une attitude juste, mais abso ' 1 fisante étant donné l'ampleur du mouvement et i se posaient à lui. De ce fait, les révolutionn infériorité dans le mouvement ; ils n'ont pu reaucratie de conduire le mouvement à la défa Pourquoi ? En partie, parce que les révolutionnaires e nt fait trop longtemps- des illusions sur la bu En partie, parce qu'ils n'étaient pas organis En partie, enfin, p~rce qu'ils n'ont pas vu ssez clairement que l'objectif principal de le tre de propager l'idée que le mouvement d ·· r les Comités de grève des entreprises et des atiquem.ent élus et fédérés à l'échelle nat ouvement ne pouvait pas continuer à piétine vait passerà des formes d'action capable toire; qu'un mouvement.de cette ampleur limitér à demander le retrait de la· 1o: -: - < avers celui-ci, n'avaient ni une e, ni des méthodes d'action défi essité et l'urgence du regroupem ns une organisation et sur un ,i est aujourd'hui la conclusionla pl faut tirer de l'échec de la grève belge. availleurs ne pourront vaincre que s'ils son volutionaires, qui si ces derniers leur do nleur propre force en démasquant la bureau politique, les aident à prendre en mains inée en traçant· clairement devant eux une p reconstruction de ra société sur une nouvelle b organisation révolutionnaire peut accomplir avail. - la construction de cette organisation que les belges doivent travailler dès maintenant.La loi unique t, • ' réformes de structure " , ..- \ ,.;,..- $ . La grève- appartient aujourd'hui au passé. Cela signifie . pour une bonne partie qu'elle appartient à ceux qui ont le •'g moyen de donner au passé le visage qui leur convient. Il est· ,': ~ hors de doute que le seul aspect de la · grève que la bureaucratie « socialiste » et syndicalt est disposé à transmettre, le seul clont elle acceptera de parler, est celui qu'elle s'est efforcé de lui donner. Comme' il a été montré dans les textes qui • _\;~,,, précèdent, la bureaucratie n'a cessé de s'opposer à un élargis- ? sement des objectifs de la grève, ainsi ·qu'à celui des moyens ±5 de lutte : le seul mot d'ordre qu'elle ait accepté de ..diffuser- · , .. a été celui de lutte contre la loi unique et contre -Eyskens. En tant qu'elle dispose de moyens lui donnant accès- à la « mé- . moire » du prolétariat, la bureaucratie a la possibilité de faire accepter par les grévistes l'idée que'la grève n'a pas été autre chose qu'un moment de la lutte contre la loi unique, une phase de sa petite guerre parlementaire. - Il vaut donc, la' pèine d'examiner de plus près le mot d'ordre de lutte contre la loi unique, et pour cela la loi unique elle-même. . La, loi· unique comporte une série de mesures destinées, ureaucratie dans la structure de l'économie et de l'Etat, c'est pour une raison plus profonde : c'est qu'il n'existe aucun 'rapport entre ces- réformes et le socialisme. Par exèmpÎe la nationalisation, dans le_ langage des bureaucrates,~ _,,;·...~ est synonyme de socia_lismè : qu'en est-il véritablement ? ._, Quelle modification la· nationalisation entraîne-t-elle. dans · 1 • ' Fusine ou au bureau ? Les ouvriers de chez Renault, les rnineurs anglais et français, les employés communaux belges eux-mêmes ne la perç~ivent pas. La raison en est claire : la nationalisation ne signifie rien sur le plan des rapports entre les ouvriers ou les employés et leurs chefs, les dirigeants des usines et des administrations : ces rapports restent inchangés. h Elle n'intéresse que les rapports de deux entités_ avec lesqueller.. les travailleurs n'ont rien en commun l'Etat et les proprié- taires privés. La p_reuve' en est f_ournie d'ailleurs par les arguments d'un _ spécialiste des questions économiques dans le ,• journal La Gauche. Dans cet article" intitulé « Minimum » il est écrit: « Devant la carence de l'initiative privée belge les travailleur~ ,: • « revendiquent donc (lire : devraient revendiquer) à bon ? « droit la mise en oeuvre de l'initiative p.ubliq:q.e. Ils exigeht (lire : doivent exiger) que l'Etat fassece que la « ne fait pas » (3 décembre 1960).· Lestravailleursdoivent donc exiger que l'Etat rationalise et -pla'nifie son économie· et de ...plus qu'il crée une société d'investissements pour financer l'industrie privéê _ et pour l'empêcher d'être écrasée par les grands trusts ! Nous citerons encore ici un passage significatif car ce texte viept'de l'aile gauchiste du PSB et représente de ce fait l'idéàl qui rassemble une partie de l'avant-garde en Belgique : « Nous avons évoqué plus haut la position difficileusines même importantes lorsqu'elles sont indépendantes d'un grand trust. Les usines que construira 'la Société nationale des - 1 se· trouveront sembla,blement handicapées si pas pour -elles les trois services. (recherche ,. technologiqu.è, étude de marché, recherche · opérationnelle) 'dont toute usine a besoin. Mais pourquoi limiter ce service aux seules entreprises· publiques ? L'Etat distribue actuellement à l'industrie privée , d'énormes subventions sur le taux d'int-êrêt. Cette aide n'atteint .-. pas son but parce que le frein a l'initiative· industrielle n'est ' nullement dans· le manque de rentabilité des investissements niais dans l'impuissance des entreprises à faire ces investissements à cause de leuxs dimensions insuffisantes ou .de la .structure de leur branche. ,. Pour lancer une nouvelle fabrication il ne suffit pas en eflet de construire une usine et d'ache):er des machines. Il faut d'abord mettre au point des prototypes, sonder les marchés et tester le produit sur ces marchés. Ces études préalables sont longues et coûteuses. Elles exigent surtout une accumulation de données techniques, d'informations commérciales, de bre- "" vets dont seuls disposent aujourd'hui les bureaux d'études des h grands trusts mondiaux·.. > - Et plus loin : , « En attendant il y a dans la création d'un tel centre une occasion de servir l'industrie même privée de façon infiniment plus profitable pour elle et pour tous que l'actuelle distribution des subventions à la ronde ». On voit dope que, de l'aveu même de leurs partisans, les « réformes de structure » visent à renforcer le rôle- économique de l'Etat capi·t..aliste, ou à aider les capitalistes privés, ou - en fait - les deux à la fois. Et c'est pour cet objectif que .. •. - devraient se battre les travailleurs ! "i''• Sous leur forme la plus timide, qui est celle qué leur _ ··donnént les socialistes belges, les réformes réclamées par l_a bureaucratie ne sont que des réformettes, le vin léger avec lequel $- le capitalisme se désaltère. Dans leur aspect le plus systéma- ' -~-' : tique-ces réformes entraînent d'importantes modifications du I' \ capitalisme : mais, ainsi que nous venons de le dire à propos des nationalisations, ce qui se trouve modifié c'est seulement le rapport existant entre l'Etat et les capitalistes privés, l'Etat' J Iexploitation. en effet, pour certains « socialist cture » se justifieraient parce qu'elles odernisation du capitalisme belge. La pourquoi la classe ouvrière devrait-elle odernisation du capitalisme ? Est-ce que .p, comme telle, améliôre sa situation ? Là Téponse est : absolument pas, Que le rnisé ou pas, la situation de la classe o sa combativité, de son rapport de fore italiste et son'·-Etat. Même sous le capitali ·éâu de vie de la classe ouyrière n'augmeIJ uement :; il n'augmente que si les ouvriers nt prêts à appuyer leurs revendications .par l gmentation du niveau de vie est rachetée tion infernale du travail dans les entrep discipline » constamment renforcée aù sein d Est-ce que la modernisation du capitalisme ~essaire >> qui nous rapproche du socialism s, il n'y a pas d'étapes nécessaires de ce ge ion prolétarienne ne· le détruit pas, le capita autres « étapes » :; après ce que nous app capitalisme moderne, il y aurait dans ce i serait toujours une société ' basée su ppression des travailleurs. La seule ehos e du socialisme, c'est la lutte ouvrière volution. Les transformations du capital ,,, ne le rapprochent pas du socialisme, ntraire de retrouver chaque fois un ure jusqu'à la prochaine crise. r de ces crises pour re doit l'aider ~ en avo ·6le des militants de contribuer à r ication dont- celui-ci s'est débarr t etre d'appuyer les objectifs écono 1a bureaùcratie : « modernisation », sâtion, programmation. Il doit clai tants à exprimer et à organiser ce· qui es e enjanvier : l'opposition totale du prol . capitaliste, lhodernisée ou archaïque, ée, programmée ou-traditionnelle, peu in -ACHEVÉ D'IMPRIMER SUR LES PRESSES DE L'IMPRIMERIE ROUENNAISE (S.-M.) DÉPOT LÉGAL Te TRIMESTRE 196I